Chapitre 5

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  A la fin du repas, Sacha nous laissa. Elle faisait partie des nombreuses femmes qui s'occupaient de coucher les plus petits. Lucas lui, retrouva Jane pour la questionner encore sur le fonctionnement du camps de survivants. Très vite, je me retrouvai seule avec Erwan. Je n'aimais pas beaucoup sa présence. Il était froid, odieux et à mes yeux terrifiants. Mais j'avais encore moins envie de me retrouver seule

- On s'éloigne de tout ce bruit ? » Me proposa t-il à mon plus grand étonnement. Son visage était encore dur et indéchiffrable mais sa voix était étonnement douce. Je hochai la tête car le bruit incessant de la cafétéria me donnait la nausée. Je n'avais plus l'habitude d'entendre autant de bruit et ça me perturbais.

Erwan se leva vivement et sans même se préoccuper de moi, il se dirigea vers les escaliers. Je le suivis docilement et en silence. On monta des centaines de marches qui m'épuisèrent et bientôt Erwan ouvrit une porte. Lorsque je vis où il nous avait emmené j'eus un instant de panique. Nous étions sur le toit de l'hôpital, à des mètres de hauteur et ... j'avais le vertige ...

- Qu'est-ce qu'il y a ? » Questionna t-il en soupirant lorsqu'il vit que je ne passais pas la porte.
- J'ai le vertige ... » Couinais-je comme une enfant. Erwan leva les yeux au ciel et fit un pas vers moi. Je faillis reculer, et il le vit, mais il attrapa mon bras avant que je ne fasse quoique ce soit et me tira sur le toit.
- Erwan ! » M'écriais-je, sans pouvoir retenir ma peur. Il s'arrêta, sans pour autant lâcher mon bras, et plongea ses yeux dans les miens.
- Tu as vécu des choses bien plus terrifiantes que de monter sur un toit la rouquine alors arrête ton caprice ! » Me balança t-il presque avec haine. Il lâcha mon bras et je vacillai. Je n'étais pas habituée à la violence et Erwan me terrifiait bien plus qu'il ne le croyait. Sur le moment, je n'avais qu'une envie, voir Lucas débarquer et me sortir de là. Mais il ne vint pas ... Erwan m'oublia avec une facilité déconcertante et sortit une cigarette de sa poche. Il marcha jusqu'au bord du toit et regarda l'horizon tout en fumant.
- Ça me dépasse que tu ne puisse pas surmonter ton vertige alors que tu as réussis à survivre seule en plein chaos pendant toute une semaine. » S'exclama soudain Erwan, me faisant sursauter. Il se tourna vers moi et cela me fit un choc. Il n'avait plus son masque froid et impénétrable. Il avait un visage doux, des yeux légèrement moqueur et plein d'amour, qui ne me donnait qu'une envie, me jeter dans ses bras.
- Peut-être que ... combattre mon vertige ne dépend pas de ma survie ... » Bafouillais-je. Il me sourit. Je ne l'avais encore jamais vu sourire.
- Tu n'en sais rien. Peut-être qu'un jour, pour survivre, il faudra que tu passe au dessus du vide. Comment tu feras alors ? » Là, il marquait un point, je devais bien l'avouer. Alors, lentement, je me rapprochait de lui et donc du vide.
- Apprends-moi. » Murmurais-je, me surprenant. Il me regarda avec des yeux ronds, visiblement, il ne s'attendait pas à ça lui non plus. Une fois remit de son étonnement, il jeta sa cigarette dans le vide et me tendit la main.
- Très bien, approche encore. » Me chuchota t-il, un léger sourire sur le visage.

Mon visage s'empourpra bien malgré moi et mon cœur se mit à battre bien trop vite. Je pris sa main et il me tira doucement jusqu'à lui. Une fois que mon corps fut coller au sien, il lâcha mes mains pour plaquer les siennes sur mes hanches.

- Tu te sens prête à monter sur le rebord ? » Me questionna t-il. Mes yeux s'agrandirent d'effrois.
- Quoi ?! » Bégayais-je, terrifiée de nouveau.
- Je serais derrière toi, je te tiendrais, je te promet de ne pas te lâcher, est-ce que tu as confiance en moi ? » Je hochais lentement la tête. Il me fixa un instant puis baissa la tête comme pour cacher son visage. Il soupira bruyamment sans que je sache pourquoi puis releva la tête et me lança un faible sourire.
- Allons-y ! » Il passa derrière moi, attrapa mes hanches puis me porta doucement jusqu'à ce que mes pieds soit sur le rebord. Il ne me lâcha pas une seule fois, même pas une petite seconde et me laissa contempler le vide.
- C'est ... terrifiant ! » Bredouillais-je en me retournant vivement vers lui. Sans même m'en rendre compte je sautai dans les bras Erwan pour qu'il me repose sur le sol. Il ria légèrement et me porta de nouveau pour me faire regagner le sol.

Au même moment, quelqu'un me tira violemment en arrière pour me faire quitter les bras de Erwan. Ce dernier reprit immédiatement son masque froid qui me terrifiait tant pendant que je finissais dans les bras de quelqu'un d'autre. En relevant la tête, je me rendis compte que c'était Lucas et je fus légèrement rassurer. Seulement, sa colère finit par me terrifier tout autant que Erwan.
- Vous n'allez pas bien tous les deux ! Vous jouez avec la mort ou quoi ?! James, qu'est-ce qui t'a prit de faire ça ?! Tu aurais pus tomber et mourir ! Erwan, arrête de la manipuler tu veux ! En fait, je t'interdis même de l'approcher ! » S'écria Lucas. La réplique de Erwan fut tout aussi violente.
- Et pourquoi je n'aurai pas le droit de l'approcher hein Lucas ?! Parce que tu veux la garder pour toi ?! Tu ne pense même pas à elle là, tu es égoïste, tu ne pense qu'à toi ! Elle n'est pas morte OK ? Et elle a même été très courageuse ! Alors arrête de faire ton ange Gabriel OK ?!
- Je pense à elle, à sa survie et en restant avec toi elle va droit à la mort ! » La réplique de Lucas sembla atteindre Erwan plus qu'il ne l'aurait pensé. Erwan baissa les yeux, serra les poings et fonça sur Lucas sans prévenir. Lucas eu juste le temps de me pousser sur le côté avant que Erwan ne lui rentre dedans.
- Erwan ! » M'écriais-je en m'élançant vers eux. Lucas était coucher sur le dos et Erwan se tenait au dessus de lui, menaçant. Il leva le poing au dessus du visage de Lucas mais j'eus tout juste le temps de le lui attraper.
- Arrêtez ... » Je pleurais, c'était plus fort que moi. J'avais vécu beaucoup trop de choses la semaine dernière, j'avais vu beaucoup trop de violence, beaucoup trop de sang, pour accepter qu'il y en ai ici aussi, à l'endroit même où j'avais retrouvé un semblant de paix. Erwan me fixa avec une certaine tristesse dans les yeux pendant que Lucas soupirait en se frottant le visage, conscient qu'il s'était laissé emporter et qu'il n'aurait pas du. Avant qu'ils ne puissent faire quoique ce soit, je partie en courant dans les escaliers pour regagner ma chambre.  

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