Chapitre 17

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  Lucas marchait péniblement derrière moi. Il n'avait pas dit un mot depuis que nous avions arrêté de courir. Il se contentait de trébucher à chaque pas et d'avancer avec détermination vers Fort Lauderdale. Je savais qu'il était blessé par toutes ces découvertes sur Erwan. Je l'étais aussi. Seulement moi, je ne m'empêchais pas de pleurer, de montrer ma peine, ma douleur, ma colère aussi. Lucas lui, serrait la mâchoire et les poings, refusant pertinemment de montrer la moindre faille, la moindre faiblesse.

- James ! » M'appela t-il soudain. Le son de sa voix me fit sursauter car je ne m'attendais pas à ce qu'il parle.
- Quoi ? » Questionnais-je bêtement tout en levant la tête.
Je compris vite pourquoi il m'avait interpellé. L'hôpital se dressait, inchangé, devant nous.

Je fus bien sûr la plus rapide. Je m'élançai jusqu'à la porte d'entrée qui donnait sur le hall et entrait avec soulagement. Je fus étonnée lorsque je vis Sacha, assise à même le sol, fixant dans ma direction d'un air désespéré, Abigaëlle à ses côtés. Les deux filles se redressèrent vivement en me voyant entrer. Sacha ouvrit la bouche, soudain paralysée. Abi elle, s'élança à toute vitesse pour me sauter dans les bras. J'eus tout juste le temps de voir qu'elle pleurait avant de n'avoir plus qu'une masse de cheveux brun devant le visage.

- Tu es là ! Tu es revenue ! Je leur avais dis, moi, que tu reviendrais ! Tu ne pouvais pas me laisser ! Tu me l'avais promis ! » S'écria t-elle en pleurant. Je vis Lucas apparaître dans mon champs de vision. Il me regarda avec tendresse malgré la tristesse que je devinais au fond de ses yeux.
- Je suis là, tout va bien Abi ... » Murmurais-je en lui caressant les cheveux. Pendant ce temps, Sacha qui s'était reprise, examina immédiatement le bras de Lucas en grimaçant. Elle finit par demander à deux hommes d'accompagner notre ami dans l'une des salles dédiées aux soins. Ensuite, elle s'élança elle aussi vers moi pour me serrer contre elle.
- James ! Je suis tellement soulagée de te voir ! Que s'est-il passé ?! » Me questionna t-elle avec inquiétude. Je lançai un regard vers Abi, qui me fixait avec attention. Je n'avais pas envie de raconter tout cela devant elle. De plus, j'étais épuisée et maintenant que j'étais en sécurité et que mon corps était détendu, je me rendais compte que j'avais mal de partout.
- Si ça ne te dérange pas, je te raconterai tout plus tard, je suis vraiment fatiguée et j'ai mal de partout. Je rêve d'une douche et d'un lit en vitesse ! » M'exclamais-je en soupirant de bonheur en pensant à une douche.
- Bien sûr ! » Acquiesça immédiatement Sacha en m'aidant à monter à l'étage.

Elle fut aux petits soins avec moi, jusqu'à ce que je m'endorme. A mon réveil, elle était encore auprès de moi, un livre dans les mains. Elle le posa immédiatement lorsqu'elle vit que j'étais éveillée et me questionna de nouveau sur les derniers événements. C'est alors que, tout ce que j'avais momentanément oublié, me revint en mémoire. Je me mis à pleurer, sans pouvoir retenir mon chagrin que j'avais pourtant déjà laissé éclater plusieurs fois. Je vis que Sacha se sentait mal, coupable et je fis donc mon possible pour calmer mes sanglots. Une fois prête, je racontai tout ce que je savais à Sacha. Mon amie m'écouta avec attention, puis me demanda de l'excuser un instant et quitta la chambre. Quelques secondes plus tard, je l'entendis hurler des insultes dans le couloir, contre Erwan mais aussi contre elle-même. Une fois sa colère passée, elle rentra de nouveau dans la chambre, comme si de rien n'était, un grand sourire sur le visage.

- Il faut parler de tout ça à Jane, ça te dérange si je te laisse ? » Me demanda t-elle tendrement. Je fis non de la tête avant d'ajouter :
- Avant ça, est-ce que tu peux me conduire jusqu'à Lucas ? Je voudrais m'assurer qu'il va bien. » Sacha me lança son plus beau sourire avant de me tendre son bras droit pour que je m'y accroche.

Elle me conduisit jusqu'à l'étage au dessus du notre et m'arrêta devant la grande porte blanche doubles battants qui fermait l'infirmerie. Elle me regarda entrer timidement avant de tourner les talons pour partir à la recherche de Jane.
A l'entrée une femme m'accueillit avec un grande sourire puis m'aida à trouver Lucas. Lorsqu'elle m'arrêta devant des rideaux, j'hésitai à entrer. Je ne savais pas si Lucas voulait me voir où s'il préférait être tranquille. La femme vit mon hésitation et avec un sourire malicieux ouvrit le rideau sur Lucas qui me regarda avec des yeux ronds.

- James, tu es venue ! » S'exclama t-il l'air ravi.
- Bien sûr ! Tu es étonné ?! » Questionnais-je en voyant qu'il était toujours bouche bée.
- Non, mentit-il avec un sourire, entre, approche. »

J'obéis et la femme referma le rideau derrière moi. Lucas tendit les mains vers moi pour que je m'approche davantage. J'avançai donc jusqu'à son lit, le laissant prendre mes mains dans les siennes. Il m'attira vers lui et je vis ses lèvres s'approcher lentement des miennes. Mon cœur se mit à battre la chamade alors que je réalisais à peine ce qu'il était en train de m'arriver. Allait-il m'embrasser ? Je n'eus pas plus le temps de réfléchir. Ses lèvres vinrent se coller contre mon front et je me mis à rougir immédiatement, gênée. Comment avais-je pu croire qu'il m'aimait au-delà de notre amitié et qu'il allait m'embrasser ? Je m'éloignai précipitamment de lui, sans réfléchir et je vis qu'il était troublé par ma réaction. Je laissai alors mes cheveux cacher mon visage et surtout le rouge de mes joues.

- Tu as l'air d'aller bien ... » Murmurais-je sans oser le regarder.
- J'ai peut-être été incorrect envers toi ... » S'inquiéta Lucas tout en cherchant à se lever pour m'obliger à lui faire face. Je l'entendis grimacer en cherchant à s'appuyer sur ses bras pour se relever. Immédiatement, je tendis le bras pour le pousser gentiment afin qu'il retombe sur son lit.
- Si tu es encore couché, c'est qu'il y a une raison Lucas. » Dis-je fermement.
Lucas me fixa un instant, mais je baissai de nouveau la tête, de plus en plus gênée.
- Comme tu voudras. » Finit-il par s'exclamer tout en se remettant en place.
Je lui fis un petit sourire, pour lui montrer que ce qu'il faisait me plaisait puis baissai encore une fois la tête.
- Pourquoi tu évites mon regard James ? C'est à cause de ce petit baiser ?
- QUOI, m'exclamais-je plus fort que je l'aurai voulu, quel baiser ?
- Sur le front, à l'instant. » Me rappela Lucas en riant. Son rire était si communicatif que je me mis à rire de moi-même. J'étais vraiment stupide en sa présence. Il tira sur mon bras, me prenant par surprise, et je n'eus pas d'autre choix que de m'asseoir sur le bord de son lit.
- Je suis content que tu sois venue me voir. » Murmura t-il en plongeant ses beaux yeux bleus dans les miens.
- Et moi je suis contente que tu ailles bien. » Répliquais-je gentiment en lui prenant la main. Il sourit de plus belle puis, d'un coup, se rembrunit, comme s'il avait pensé à quelque chose de désagréable.
- Je suis désolé ... » Murmura t-il en lâchant ma main.
- De quoi ? » M'étonnais-je en toute innocence.
- On est là à rire alors que Erwan ... je sais que tu es très blessée et que tu as beaucoup pleuré.
- Moi je sais que je ne suis pas la seule. » Rétorquais-je presque violemment, énervée qu'il me fasse passer pour la petite fille pleurnicharde tout en restant lui, un homme fort et courageux qui ne pleure pas.
- Seulement moi, je m'y attendais ! » Répliqua t-il sur la défensive. Le pire, c'est qu'il n'avait pas tort. Lui, il se doutait que Erwan tramait quelque chose. Moi, j'étais tellement naïve que je l'avais toujours défendu et toujours cru innocent. Quelle conne ! Une subite envie de pleurer revint à la charge et je fus incapable de rester. Sans réfléchir, je me précipitai hors de l'infirmerie, les larmes aux yeux et les poings serrés.

Une fois dans le couloir, le sanglot que je retenais éclata. Je m'adossai au mur derrière moi tout en couvrant mon visage de mes mains. Soudain, deux mains d'homme, fortes, agrippèrent mes bras et je me surpris à espérer que ce soit Erwan et que rien de tout cela ne soit réel. Mais lorsqu'on me tira par le bras pour me remettre droite et sur pieds, je vis avec tristesse qu'il ne s'agissait que de Erick.

- James, murmura t-il d'un air désolé, tu devrais retourner dans ta chambre, avec Sacha.
- Non, je préfère aller prendre l'air. » Déclarais-je d'une voix tremblante en me dégageant de son étreinte. Il me laissa faire et me regarda me diriger lentement vers le toit. En me retournant, je vis qu'il me regardait avec encore plus d'inquiétude dans les yeux. Bah oui, bien sûr, il pensait sûrement que j'allais me suicider, comme la sœur de Abi ! Mais je n'allai pas faire ce plaisir à Erwan, tout du moins, pas avant de mettre vengée !  

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