Chapitre 26

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  Je m'était réfugiée dans le hall pour réfléchir et me calmer. Je voulais être un peu seule et loin des problèmes que causent des relations. Mais ma tranquillité fut de courte durée. Sacha débarqua en courant et s'élança dans ma direction dès qu'elle me vit. Elle pleurait toujours, son visage était pâle et mouillé de larmes, ses cheveux ébouriffés à force que les garçons passent leurs mains dedans pour la calmer et elle tremblait comme une feuille au vent.

- James, je t'en prie, écoute-moi ! On a rien fait avec Lucas ! Tu sais qu'il ne m'aime pas comme ça et moi non plus ! Tu as toujours su que j'aimais Erick ! » S'exclama t-elle sans réfléchir alors que le concerné l'avait suivit et se tenait juste à côté d'elle.
Erick tressailli à l'annonce et me fixa avec des yeux ronds pendant qu'un sourire en coin se dessinait sur son visage.
- Je sais tout ça Sacha, lui murmurais-je gentiment en lui attrapant les mains, je ne t'en veux pas à to,i ni même à Erick, mais seulement à Lucas.
- Mais pourquoi ? » S'étonna mon amie en serrant mes mains.
- Quand je lui ai révélé notre « mission suicide » il m'a repoussée et ça m'a fait du mal. Et quand je suis sortie, il te serrait contre lui alors que toi aussi tu lui avais caché tout ça, toi aussi tu vas mourir ! » Expliquais-je, les larmes aux yeux.
Erick fit la grimace. Il avait visiblement compris ce que je ressentais. Sacha, elle, était perdue.
- Mais c'est différent ! » Fit-elle remarquer en haussant la voix.
Je fronçai les sourcils.
- Qu'est-ce qui est différent ?
- Premièrement au début, Lucas nous a repoussé mais on l'a obligé à rester avec nous et on a parler avec lui. Deuxièmement, il ne t'aime pas de la même façon que nous. Nous, nous sommes simplement ses amis, toi, tu es celle qu'il aime. Ça lui a simplement fait un choc de découvrir que celle dont il est amoureux va mourir.
- C'est pour ça qu'il a décidé de venir avec nous. » Ajouta vivement Erick en plongeant son regard dans le mien.

Mes yeux s'agrandirent d'effroi. Non ! Non, il ne devait pas venir, il ne devait pas mourir ! Je partis en courant, à la recherche de Lucas. Je devais le dissuader de mourir, il devait vivre, il le méritait après ce qu'il avait traversé, après ce que nous avait fait subir Erwan.
Je dus monter jusqu'au deuxième étage et frapper à sa porte avant de me retrouver enfin face à lui. Lorsqu'il ouvrit sa porte de chambre, il semblait étonné de me voir là. Il avait le visage pâle et les traits tirés. Il semblait épuisé et je vis lorsqu'il ouvrit la porte que son bras, entouré de bandages, lui faisait encore mal.

- James ! » S'étonna-t-il. Il était planté devant sa porte, comme paralysé, et ne se déplaça même pas pour me laisser entrer.
- Ne viens pas avec nous Lucas... » Murmurais-je seulement, consciente que j'allais l'énerver.
- Dis-moi pourquoi toi tu aurais le droit de mourir et pas moi ? Hein ? Parce que tu laisses Sacha mourir avec toi et Erick aussi mais moi tu me mets à l'écart ! Je croyais compter pour toi mais visiblement ce n'est pas le cas puisque tu ne veux même pas mourir à mes côtés ...
- Parce que je t'aime !! » M'écriais-je sans réfléchir. J'avais les larmes au bord des yeux, j'étais épuisée car je n'avais pas encore eu l'occasion de me reposer depuis notre retour de la seconde mission et j'étais terrifiée à l'idée de mourir et de tuer Erwan, un ami, en plus de tuer près de cinq-cent personnes.
- Moi aussi je t'aime James, finit-il par dire après un silence, et c'est pour ça que je veux mourir avec toi. Soit je vis avec toi, soit je meurs avec toi, mais je veux être avec toi James. » M'expliqua-t-il d'une voix douce.

Mon corps se mit à trembler sous l'émotion et Lucas s'avança vers moi pour me prendre dans ses bras. Il m'aimait ! Moi qui croyais qu'il ne ressentait que de l'amitié à mon égard ! Il serra ma taille, puis caressa mes cheveux et mon visage pour enfin planter son regard dans le mien et coller ses lèvres contre les miennes dans un baiser doux et passionné.

- Enfin ! » S'exclama alors une voix dans le couloir. Lucas s'éloigna légèrement de moi sans pour autant me lâcher et se tourna vers la nouvelle venue. Jane nous regardait tendrement, puis soupira.
- Essayez de vous en sortir ... Je sais que vous n'avez pas beaucoup de chance, mais tentez tout de même de fuir, de vous éloigner, on ne sait jamais. Vous êtes si plein de vie et d'amour ... si jeunes. » Murmura-t-elle, le regard voilé de tristesse.
Elle s'approcha de nous et nous serra contre elle puis elle nous informa avec un sourire que Sacha et Erick s'étaient eux aussi embrassés et elle finit par repartir vaquer à ses occupations.

Notre dernière journée passa vite. Je passai la moitié de l'après-midi dans le lit de Lucas, à me reposer – quoique pas toujours – puis le soir, on allait manger sur le toit avec Sacha, Erick et Abigaëlle. Cette dernière avait beaucoup pleuré en apprenant que Lucas allait aussi partir, aussi mourir, mais je ne m'inquiétais pas pour elle. C'était une enfant, une fois cette histoire finit on allait s'occuper d'elle et une fois le monde remit sur pieds, elle aurait encore toute la vie devant elle.

Le soir, Sacha dormit avec Erick et moi je dormis avec Lucas et Abigaëlle dans la chambre de cette dernière. Je refusai de la laisser tant que je pouvais encore l'avoir un peu auprès de moi.
Malheureusement, le lendemain matin arriva bien trop vite. Dans la chambre, je fus la première levée. Je pris donc le temps de prendre une bonne douche, de me coiffer et de m'habiller tranquillement. Mon reflet dans la glace me faisait presque peur parce que je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que cette fille que je voyais n'existerai bientôt plus.

Une fois prête, je rejoignis Lucas et Abigaëlle dans la chambre. Cette dernière était morose ce matin, loin de sa bonne humeur et de son énergie habituelles. Mon cœur se serra. Même si je savais qu'elle s'en sortirait très bien sans nous, elle n'allait pas moins me manquer. Lucas chassa mes idées noires d'un baiser puis on se rendit à la cantine. On réussit à déjeuner dans un semblant de bonne humeur puis les choses sérieuses commencèrent et je dus quitter Abi, à mon plus grand malheur, pour la laisser avec Jane.

Erick nous conduisit au sous-sol, là où la bombe était stockée pour le moment et prit une bonne heure pour nous expliquer comment elle marchait, ce que nous devions faire et comment allait exactement se dérouler notre mission. Une fois les détails mis au clair, on retourna dans la cantine où Jane avait rassemblé tous les survivants, pour un au revoir déchirant.

Lorsque l'on se retrouva face à tous ces visages mi tristes mi joyeux, on ne sut pas quoi dire. Abigaëlle était collée contre ma jambe et me serrait de toutes ses forces d'enfant. Jane avait prit ma main et celle de Sacha, avec émotion. Il ne restait plus qu'une chose à faire.

- Au revoir. » Murmurais-je, la gorge serrée, à l'attention des survivants. Ils murmurèrent tous un au revoir à leur tour, certains dirent merci, d'autres prièrent pour nous. C'était touchant mais malheureusement, ça n'allait rien changer à notre situation. Dans quelques heures, on serait morts.  

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