Chapitre 27

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- Abi, murmurais-je tendrement, Abi regarde-moi. Je t'aime. » Les survivants avaient déserté la cantine pour nous laisser partir et accomplir notre dernière mission.
- Moi aussi je t'aime, pleurnicha Abigaëlle en serrant ses bras autour de mon cou pendant que je la portais, je veux que tu restes.
- Je le voudrais aussi, mais il faut sauver le monde Abi. On est des supers héros, c'est notre devoir. Je dois te sauver la vie, ma puce. » Ajoutais-je pendant qu'elle enfouissait son visage dans le creux de mon épaule. J'entendis ses sanglots redoubler d'intensité et je dus vraiment prendre sur moi pour ne pas pleurer moi aussi. Je ne devais pas lui montrer que j'étais terrifiée à l'idée de courir à ma propre mort, désintégrée par une bombe. Je n'étais pas réellement une super héros. J'étais seulement moi, James, la fille naïve et peureuse qui a toujours besoin d'être protégée. J'avais quitté ce rôle sous la colère mais maintenant je le regrettais amèrement. Qu'est-ce que j'aimerai être encore cette fille, incapable de prendre des initiatives et sans courage !
- Aller Abi, dit au revoir aux autres. » Murmurais-je en la reposant sur le sol.


Abigaëlle fonça dans les bras de Sacha qui la serra contre elle de toutes ses forces. Sacha elle, pleurait, c'était plus fort qu'elle. Elle avait fait preuve de courage en suivant les personnes qu'elle aimait dans la mort, mais ce n'était qu'une fille normale et intelligente qui aimait l'informatique et la science. Une fille amoureuse qui n'arrivait pas à croire qu'elle allait mourir au moment où elle avait tout ce dont elle rêvait.
Ensuite, Abi se jeta dans les bras de Lucas qui la serra contre lui avec un petit sourire. Il lui murmura que tout irait bien pour elle, que nous allions nous en assurer dans quelques heures. Il ajouta ensuite que nous veillerons toujours sur elle et qu'elle était une petite fille intelligente, capable de grandes choses. Il embrassa la chevelure brune de l'enfant, puis son front, et la poussa gentiment vers Erick.
Ce dernier était un militaire. Il n'avait jamais cessé de mettre sa vie en danger et n'avait pas peur de la mort. On sentait tout de même que, depuis qu'il avait apprit que Sacha l'aimait, il s'était attendri et tenait davantage à la vie. Mais c'était trop tard, nous allions mourir tous les quatre.
Erick serra l'enfant contre lui un instant puis l'emmena doucement jusqu'aux bras de Jane. Cette dernière nous embrassa un par un puis on quitta l'hôpital pour regagner la voiture militaire que nous avions volé à la base quelques jours plus tôt. Des hommes avaient installé de nouveau la bombe dans la remorque du véhicule pendant que nous faisions nos adieux.

- Bon, et puis je pense que cette fois, c'est le moment. » Murmurais-je en tentant de retrouver mon courage. Lucas me sourit, ce qui me détendit, puis m'embrassa d'abord tendrement puis avec plus de fougue. Je savais que c'était une sorte d'adieu mais je fis mon maximum pour l'oublier et me concentrer entièrement sur Lucas. De leur côté, Sacha et Erick firent de même puis on monta en voiture direction, la base des Purificateurs.

Le trajet parut beaucoup plus court que les autres fois. Cependant, nous avions tous eu le temps de retrouver notre courage et notre haine envers les Purificateurs. Nous étions prêts à faire exploser cette bombe pour sauver le monde, quitte à mourir !

Nous devions faire vite, car notre véhicule n'allait pas passé inaperçu. Lorsque le bâtiment des Purificateurs fut en vue, Sacha et Lucas commencèrent à préparer la bombe. Erick était au volant et moi j'avais une arme à feu dans le main, histoire de refroidir ceux qui tenteraient de nous arrêter.

- Bombe enclenchée ! » S'écrièrent alors Lucas et Sacha en cœur.
- On arrive à destination ! » Hurla à son tour Erick en fonçant droit sur la grande porte du bâtiment.

Celle-ci était fermée mais on comptait bien la forcer. Tout le monde s'accrocha et l'instant d'après, dans un grand fracas, nous nous retrouvions dans le hall du bâtiment. Sacha et Lucas avaient abandonné la bombe et s'étaient munis d'armes pour la protéger. Dès que le véhicule s'arrêta en plein milieu du hall, après avoir écrasé deux Purificateurs, Erick sortit lui aussi une arme et commença à tirer sur tout ce qui bougeait. Nous n'avions aucun mal à décimer les Purificateurs et à protéger notre bombe. Au bout de quelques minutes, le hall était vide de vie, son sol jonché de corps ensanglantés que je faisais mon maximum pour ne pas regarder.

- Il reste trois minutes ! » Nous indiqua Erick dans un cri après avoir regarder la bombe. On retint tous notre souffle, surveillant les entrées avec attention pour ne pas paniquer face à notre mort imminente. Soudain, quelqu'un apparut au début d'un des couloirs. Il avait les mains en l'air, comme pour se rendre et s'approchait lentement, avec précaution.
- Ne tirez pas, s'il vous plaît. » Demanda-t-il d'une voix forte.
Lorsqu'il sortit de l'ombre, je reconnus Erwan. Il me regarda avec une tendresse qui fit chavirer mon cœur et grogner Lucas. Ce dernier tendit son arme sur le nouveau venu, l'air plus en colère que jamais.
- Erwan. » Grinça-t-il entre ses dents.
- Lucas. » Répondit simplement Erwan en fixant son ancien ami avec défi. Il fut cependant le premier à détourner le regard pour fixer son attention sur la bombe. Tout d'un coup, ses yeux s'écarquillèrent.
- Qu'est-ce que ... » Bégaya-t-il, paniqué.
- Une bombe, déclara Erick avec froideur, pour tous vous exterminer dans les minutes qui arrivent !
- Mais vous allez mourir aussi ! » S'écria t-il en fixant son regard fou sur moi. Je compris qu'il ne voulait pas que je meurs, qu'il avait peur que je meurs. C'était plutôt ironique puisqu'il allait bien finir par me tuer un jour, pour la planète.
- Vous vous sacrifiez ... » Comprit-il dans un murmure. Il ne me quittait pas du regard et soudain, il se redressa, les yeux pétillants.
- Je peux vous sauver ! Je vous en prie, faites-moi confiance et suivez-moi ! On a un bunker qui pourrait vous protéger de l'explosion ! » S'écria-t-il en sautillant sur place.
- Et pourquoi tu n'y mets pas tes hommes ?! » Questionna froidement Lucas.
Erwan se calma et le fixa d'un air triste.
- Parce qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps et que je dois faire un choix entre mes hommes et mes amis. J'aime James et je ne veux pas qu'elle meurt, je ne peux pas m'y résoudre comme je ne peux pas me résoudre que toi tu meurs aussi, Lucas. Si j'avais vraiment voulu votre mort à tous les deux, je vous aurais fais tuer avec les autres dès le début ! »
Il marquait un point. Je fus la première à lui faire confiance. De toute façon qu'est-ce qu'on craignait de pire que la mort ?
- Venez ! » Hurlais-je en sautant de la remorque du véhicule militaire.

Lucas voulut me retenir mais n'y parvint pas alors il descendit à son tour pour me rejoindre et rester auprès de moi. Sacha et Erick le suivirent et bientôt on se retrouva à courir derrière Erwan pour rejoindre son bunker. Dans les couloirs, on croisait des hommes affolés qui tentaient de regagner une sortie pour s'enfuir. On les laissa faire car on savait qu'ils ne pourraient jamais assez s'éloigner de la bombe.

- Une minute ! » Hurla Erick en regardant sa montre.

Erwan accéléra le pas et nous fit entrer dans une pièce vide en apparence. Lorsqu'il referma la porte derrière nous, le brouhaha des hommes en panique cessa immédiatement. Erwan s'empressa de pousser un lourd tapis, aider contre toute attente par Lucas puis ils soulevèrent ensemble une grande trappe d'acier. Lucas prit le temps de vérifier que c'était bien un bunker et non un piège puis l'on s'engouffra tous à l'intérieur. Je fus la dernière à entrée et je pris soin de tirer Erwan avec nous. C'était notre ami, je le savais maintenant, j'en étais sûre, parce qu'il nous avait peut-être sauvé la vie. Rien n'était sûr, mais il avait tout de même tenté de nous sauver, je ne pouvais donc pas me résoudre à le laisser mourir avec les autres, c'était plus fort que moi.

On se regroupa tous dans le fond du bunker, le cœur battant et Erick regarda sa montre tout en comptant à haute voix :
- 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 ... »

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