Chapitre 14

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  Nous étions tous sous le choc. Jane nous avait fait promettre d'être discrets puis nous avait renvoyé dans nos chambres. Lucas était monté avec Sacha et moi jusqu'à notre chambre où nous devions retrouver Abigaëlle. Cette dernière posa quelques questions mais Sacha fut très inventive et trouva une explication quelconque. L'enfant oublia très vite tout ça et nous quitta pour aller jouer avec des copains.

- C'est trop fou cette histoire ! » Soupira Sacha en se laissant tomber sur son lit.
- Ouais ... » Murmurais-je, encore sous le choc. Lucas secoua sa tête, l'air déprimé.
- Quelle histoire ?! » Demanda soudain une voix de la porte. On se retourna tous en même temps, mal à l'aise. Erwan nous fixait avec curiosité, les bras croisés sur son torse.
- On parlait de ce qu'il s'est passé hier soir, s'exclama soudain Sacha avec une facilité déconcertante, c'est quand même fou que la soirée ait été gâchée pour de l'alcool.
- Oui, confirma Erwan avec un sourire, j'aurai peut-être dû me taire ! » Ajouta t-il pendant que son sourire s'agrandissait. Lucas soupira et plongea son regard dans le mien. Je savais à quoi il pensait. Aux catastrophes et à la fameuse personne qui était derrière tout ça. Mais je ne pouvais tout simplement pas me dire que c'était Erwan.

Plusieurs jours passèrent, durant lesquels il ne se passa rien d'extraordinaire. Erwan et Lucas continuaient de sortir avec le groupe qui s'occupait du ravitaillement de l'hôpital, Sacha continuait à s'occuper des enfants, dont Abigaëlle, et moi je l'aidais parfois. A d'autres moments, je tenais compagnie à Jane, je l'aidais à gérer l'hôpital, ce genre de choses. Malgré cela, je m'ennuyai. J'avais besoin de sortir de cet hôpital, d'aller voir ce qu'il se passait dehors, dans quel état était Fort Lauderdale. Je voulais faire partie du groupe de sortie. Mais malheureusement, j'avais remarqué qu'il n'y avait aucune femme dans ce groupe, alors je n'avais pas osé le rejoindre.

Pourtant, après une semaine passée à faire les mêmes gestes et à ne pouvoir sortir que rarement et seulement en montant sur le toit, j'avais fini par me décider à rejoindre le groupe de sortie, que ça plaise ou non.
Une fois décidée, j'avais entrepris de trouver des vêtements plus recouvrants et des bottines à grosses semelles pour pouvoir marcher convenablement, même à travers des gravats. Et une fois prête, je m'étais rendue devant Erick, qui soit dit en passant, s'entendait très bien avec Sacha.

- Erick ! » Appelais-je en arrivant dans le hall d'entrée. Il était sur le point de partir avec son équipe. Lucas et Erwan, qui faisaient partie de cette équipe, se tournèrent vers moi avec étonnement.
- James ? Qu'est-ce que tu fais ? » Me chuchota Lucas alors que je passai à côté de lui. Je lui lançai un sourire rassurant puis me plaçai face à Erick.
- Je voudrais sortir avec vous aujourd'hui. » Annonçais-je fièrement. J'entendis certains hommes rirent mais je n'y prêtai pas attention, attendant le verdict de Erick.
- Arrête tes conneries James ! » S'exclama soudain Erwan en m'attrapant violemment par le bras.
- Erwan, laisse-moi. » Ordonnais-je calmement. Mais mon ami semblait terrifié et ne m'écouta pas.
- Va t'occuper des enfants !
- Erwan, laisse-la, si elle veut venir ! » Intervint alors Erick, me faisant sursauter. Je lui fis mon plus beau sourire pour le remercier mais Erwan ne voulait rien lâcher.
- Non, pas aujourd'hui James, s'il te plaît ! » Insista t-il en me poussant loin du groupe. Je vis Lucas froncer les sourcils et il s'approcha de moi, l'air soucieux.
- Peut-être pas aujourd'hui James ... » Me murmura-t-il sans me regarder. Il fixait Erwan avec une expression que je n'arrivais pas à déchiffrer pendant que Erwan lui, grimaçait comme un coupable qui venait de se faire démasquer.
- Allons les garçons ! Laissez-la ! Si elle a envie de venir alors elle vient ! » Termina Erick d'une voix ferme. Les deux garçons grimacèrent. Ils n'étaient pas contents du dénouement, mais tant pis. Je voulais sortir, j'en avais besoin et j'allais sortir.
- Merci... » Murmurais-je à l'attention de Erick. Ce dernier me fit un sourire puis commença à se diriger vers la porte. C'est alors que Jane débarqua dans le hall, l'air affolée. Elle essayait de le cacher mais j'avais fini par la connaître avec le temps et je voyais bien qu'elle était paniquée.
- Erick, appela t-elle, vous ne ferez pas partie du groupe aujourd'hui, j'ai besoin de vous ici et maintenant. Le groupe peut tout de même sortir.
- Vous avez besoin de moi ? » Demandais-je, inquiète. Mais Jane secoua la tête et disparue avec Erick.
- Bien, on y va ! » Annonça l'un des hommes du groupe, qui n'avait sûrement pas compris que Jane était très inquiète et qu'il fallait donc s'inquiéter nous aussi.
- James, reste-là, ce n'est pas une bonne idée ! » Insista Erwan. Son air soucieux et paniqué me fit hésiter un instant. Mais quand l'un des hommes ouvrit la porte et qu'une légère brise vint faire voler mes cheveux roux, mon hésitation disparut.
- Ce n'est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas sortir Erwan ! Allez viens ! » Je l'entraînai avec moi dehors sans lui demander son avis. A mon plus grand étonnement, une fois que l'on fut dehors, il me prit la main et la serra avec force, comme s'il avait peur de me perdre, comme si c'était la dernière fois qu'il pouvait me toucher. Je vis Lucas regarder nos mains entrelacées avec un regard noir puis détourner les yeux et passer devant.

On marcha durant une heure. On s'arrêtait souvent pour fouiller des décombres. Je vis avec horreur que le groupe avait déjà fouillé énormément de maisons et de magasins dans le mois et que très bientôt, nous n'aurions plus rien pour survivre ou tout du moins, plus rien à Fort Lauderdale. Pour l'instant, je fus soulagée de trouver quelques boîtes de conserves et quelques bouteilles d'eau potable.
Il n'y avait personne dans les rues, ou plutôt ce qu'il restait des anciennes rues et routes maintenant complètement détruites et encombrées. De ce fait, l'étonnement fut général lorsque l'on entendit des bruits de pas.

- Vous pensez qu'il y a des survivants ? » Demandais-je avec espoir. Les hommes ne me répondirent pas et partirent en direction du bruit. Lucas se rapprocha de moi, inquiet, même si Erwan me tenait toujours la main et était par conséquent assez près pour me protéger en cas de danger.

Les hommes se précipitèrent vers les bruits de pas et s'arrêtèrent bientôt dans le jardin d'une maison, totalement cernée par des débris qui formaient comme une muraille, haute d'au moins trois mètres.
- Il y a quelqu'un ? » Hurla un homme pendant que le silence reprenait sa place dans la ville. Tous attendirent longuement, puis soudain, une dizaine d'hommes apparurent en haut des gravats, armés et en armure. Les nouveaux venus nous visèrent immédiatement, prêt à tirer. En voyant ça, Erwan me tira derrière lui ainsi que Lucas et écarta ses bras pour nous protéger tout en hurlant.
- Ne touchez pas à eux ! » Je vis que Lucas était étonné qu'il nous protège et qu'il soit prêt à donner sa vie pour nous. Moi, pas le moins du monde.

Les hommes jetèrent un regard en direction de Erwan puis, dans un bel ensemble, tirèrent sur les hommes qui nous entouraient. Je ne pus m'empêcher de hurler, lorsque je vis les hommes tomber un par un, en sang. Les larmes coulèrent sur mes joues, pendant que mes jambes tremblaient au point que je sentais qu'elles allaient bientôt me lâcher. Lucas m'attrapa par la taille et me serra contre lui, tout autant choqué que moi. Erwan se tenait toujours devant nous, droit comme un I. Il n'avait pas sursauté lorsque les hommes avaient tiré, il n'avait pas tressailli, ni accordé un seul regard aux corps de nos amis.
- Qu'est-ce que l'on fait d'eux, chef ? » Demanda l'un des hommes en regardant dans notre direction. Je sentis Lucas se figer et tournai la tête vers lui. Ses yeux étaient écarquillés et il fixait Erwan qui se tournait lentement vers nous. Ce dernier plongea son regard dans celui de Lucas. Il semblait sur le point de pleurer car ses yeux étaient humides. Moi, je ne comprenais plus rien et je fus deux fois plus perdue lorsque Lucas me tira derrière lui pour m'éloigner de Erwan.
- Mais ... » Bégayais-je. Je ne pus continuer car l'un des hommes qui avait tiré éleva la voix pour répéter sa question, à quelques détails près ...
- Erwan, qu'est-ce qu'on fait d'eux ? »  

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