Chapitre 2

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  Le lendemain matin, les filles de ma classe avait cessé de parler des deux acrobates et tout était revenu à la normale. Pour ma part, Lucas et Erwan envahissaient encore mes pensées et même dans mon sommeil j'avais rêvé d'eux. Je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à les oublier comme les autres. Peut-être était-ce parce que j'avais été un peu plus proche d'eux que les autres ? Après tout, Erwan m'avait terrifié et Lucas avait été très gentil avec moi, deux choses marquantes.

- James, sérieusement, tu es toujours dans la lune, c'est pénible ! » Me lança Katerine en me bousculant gentiment. Je revins à la réalité avec difficulté, toujours hantée par les deux garçons.
- Je suis désolée. » M'excusais-je sincèrement.
- Toi, j'ai comme l'impression que tu es triste, est-ce que Lucas te manquerait ?! » Me taquina mon amie sans se rendre compte qu'elle avait un peu raison. Je secouai la tête sans répondre mais elle prit ça pour un non et continua :
- Avec les filles, on pensait aller faire un tour au bord de la mer ce soir, tu serais partante ?
- Oui, pourquoi pas. » Répondis-je sans même réfléchir.

Le soir, je les suivis docilement, comme j'en avais l'habitude. Elles criaient, riaient, pendant que je restais silencieuse. On marcha jusqu'à la mer, toute proche puisque l'on vivait à Miami. Mes amies s'arrêtèrent sur une petite terrasse qui surplombait la mer et s'accoudèrent à la barrière tout en continuant de discuter. Puis, au bout de quelques minutes, Katerine, qui était toujours au centre des conversations se tut, les yeux exorbités, dirigés vers la mer. Je suivis son regard et vis comme elle une vague énorme nous arriver dessus. Ce n'était pas une vague qui allait juste un peu nous éclabousser, non, celle-là était si haute qu'elle allait tous nous noyer.
- Qu'est-ce que c'est ?! » Hurlais-je à mon amie, soudain paniquée. Katerine connaissait la mer par cœur et c'est pour ça que je mettais tourner vers elle. Elle vivait dessus tous les jours car son père était marin et que la seule habitation qu'ils avaient était son bateau.
- Un tsunami ... UN TSUNAMI, FUYEZ !!! » Hurla t-elle soudain. Les gens autour de nous sursautèrent et se tournèrent vers la mer. Tout le monde se mit à hurler pendant que la vague de plus de quinze mètres de haut nous arrivait dessus. Les gens se mirent à courir, se poussant les uns les autres. Katerine poussa nos amies puis, voyant que je ne bougeais pas, paralysée, elle m'attrapa le bras et m'entraîna avec elle.

Tout ce qu'il se passa ensuite fut très flou. La vague nous rattrapa et nous porta avec une telle violence et une telle vitesse que je perdis de vu Katerine. L'eau m'engloutit alors totalement et j'étais incapable de remonter à la surface, d'ailleurs, je ne savais même pas où elle se trouvait. J'étais emportée dans tous les sens, tourbillonnant. La puissance de l'eau était telle que j'avais l'impression qu'on m'arrachait les membres, qu'on me broyait le cerveau. Je ne pouvais plus respirer mais étrangement c'était le dernier de mes soucis tant j'étais paralysée par la terreur et la douleur. J'étais incapable de fermer les yeux, malgré que l'eau me les irritait. Je vis passer plusieurs corps devant moi, les cris des gens se répandaient deux fois plus vite dans l'eau et me brisaient les tympans. Tout cela me semblait irréel, mon cœur battait trop vite et ma respiration se faisait maintenant bien trop rare pour que j'ignore mon manque d'air. Je sentis que la vague s'écrasait sur la ville et je vis des voitures être englouties par l'eau. Se fut la dernière chose que je vis car, quelque chose ou quelqu'un vint me frapper la tête et m'assomma.

* * * *

Je sentis que ma gorge était coincée et j'ouvris la bouche presque instinctivement. Immédiatement, une tonne d'eau en sortit et je me mis à cracher et à tousser. Je n'arrivais plus à respirer et je me remis à paniquer. Mais, heureusement, dès que j'arrêtai de cracher de l'eau, mes poumons furent dégager et je pris une grande bouffer d'air. Une fois ma respiration retrouvée, tous les événements me revirent en mémoire. La grosse vague, le tsunami, la chose qui m'avait assommée. Je me frottai les yeux et regardai autour de moi. J'étais trempée de la tête aux pieds et je tremblais comme une feuille sous le vent qui s'était levé. J'étais encore couché sur le sol, de l'eau rougit par le sang jusqu'aux oreilles et lorsque je tentai de me relever mon corps me fit tellement souffrir que j'abandonnai. Il n'y avait pas un bruit autour de moi à part celui de l'eau qui coule tranquillement, tout était terriblement calme et s'en était terrifiant. Alors que je me décidais à tenter une nouvelle fois de me lever, ma tête me fit souffrir au point qu'un hurlement m'échappa. En jetant des coups d'œil à l'eau autour de moi je vis qu'elle s'emplissait de sang, était-ce le mien ? Rien que cette idée me fit tourner la tête et je m'évanouis de nouveau.

A mon second réveil, rien n'avait changé à part le fait que j'avais un peu moins mal. Mon corps avait eu le temps de se reposer et me permit de me relever. Je faillis pourtant retomber dans l'eau en découvrant l'horreur que m'offrait le paysage. L'eau qui m'entourait avait des reflets rouges, elle était gorgée de sang et de corps qui flottaient de partout, inertes. Les maisons étaient toutes détruites, il y avait des débris de partout. Les voitures étaient renversés et barraient les routes. Mais surtout, il n'y avait pas un survivant à côté de moi. Pourquoi avais-je été la seule à survivre ? Mes émotions, toutes confondus, prirent le dessus et je me mis à pleurer et à hurler à plein poumons même s'ils me brûlaient à chaque respiration que je prenais. Je me mis à marcher dans l'eau, trébuchant à chaque pas, je n'avais qu'une envie, m'éloigner de la mer et de ce désastre. Alors, la peur, la panique prit le dessus et je me mis à courir, la vue brouillée par mes larmes. Je courus sans m'arrêter jusqu'au soir. Lorsque la nuit tomba, ma peur monta d'un cran. Je ne voyais plus rien, je ne savais pas où j'étais et il n'y avait que des morts de partout et pas un seul survivants. Mes parents étaient-ils morts eux aussi ? Et Katerine ? De nouveau, je fus incapable de contenir mes émotions. Je me laissai tomber dans l'eau, en larme et au bout de quelques heures je m'endormis, recroquevillée sur moi-même.

Tout était allé si vite. Hier matin à peine, ( car je me doutais que j'avais dus rester évanouis toute la nuit la veille ) j'étais avec mes amies, en train de discuter. Et puis l'on avait décidé d'aller à la mer le soir et tout s'était enchaîné bien trop vite, comme dans un rêve. Que devais-je faire ? Qu'allais-je devenir, seule, perdue au milieu de centaines de morts ? En fait, j'aurai préféré mourir ...  

CatastropheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant