Recueil D'OS Harry Potter

Dramione: Rencontre Nocturne

Pour le Concours de Z-Smiley

Des cernes mangeaient le bas de ses yeux. Son teint pâle et cireux s'effaçait sous la lueur terne et fatigué de son regard. Sa chemise froissée et sa jupe droite constellée de taches de café brunâtres témoignaient un ras le bol évident.

Toutefois, ses mains tremblantes refermaient un dossier sur lequel elle avait travaillé durant des jours avec un acharnement peu commun. Elle rassembla ses cheveux secs et raides en un chignon mal fait et regarda la montre qui brillait à son poignet. Il était une heure passée. Elle soupira. Elle avait promis à son mari de rentrer tôt ce soir là. Elle réprima un bâillement et se releva, les jambes tremblantes.

Elle sortit et profita de l'air pur de la nuit. La lune brillait au dessus de son crâne, faisant luire sa chevelure brune et indisciplinée de ses filaments argentés. Elle marchait d'un pas vif, pressée de rentrer chez elle et d'enfin dormir après toutes les nuits blanches qu'elle avait passées sur l'affaire des cuillères volantes ensorcelées par un sorcier anonyme pour terroriser de pauvres Moldus. Elle soupçonnait Diggle d'être mêlé de près ou de loin à cette histoire sordide sans pouvoir apposer de preuves.

Ses talons hauts claquaient sur l'asphalte froid tandis ce qu'elle pressait le pas en direction de l'appartement londonien qui abritait son mari et sa petite fille.

Elle sentait si lasse. Elle ne savait même plus pourquoi elle s'acharnait autant. Peut être parce qu'elle avait fournit tant d'efforts qu'elle ne voulait pas gâcher ce travail de géant.

Épuisée, elle se laissa tomber sur un banc. Après tout, elle avait bien le droit de prendre quelques secondes de repos avant de reprendre sa route. Ron ne lui en voudrais pas. Elle sera ses mains entre ses cuisses pour tenter de les réchauffer. L'automne s'installait doucement et remplaçait peu à peu l'air chaud de l'été par son vent glacé.

Elle enfoui son menton dans le col de son manteau pour tenter de tromper le froid. Elle entendit des éclats de rire et tourna la tête. Elle resta un instant ébahie devant le visage qui se découpait dans la nuit. Des cheveux blonds platine qu'elle n'avait jamais vraiment oubliés, un visage au teint pâle éclairé par les lampadaires, une bouche fine aux traits sévères, et surtout... Oh surtout, des prunelles d'un bleu tirant sur le gris, des iris dans lequel elle avait plongé ses yeux amourachés des milliers de fois et qu'elle n'avait jamais réussi à enfouir au fond de sa mémoire.

Des prunelles qui la hantaient les soirs où elle restait tard dans son petit bureau. Des soirs où, fourbue de fatigue, ses vieux souvenirs refaisaient surface sans qu'elle n'aient le courage de les refouler, remplis de douleurs et de culpabilité.

La silhouette altière de celui qui fut son premier amour véridique se découpait dans l'obscurité, faisant refluer des sentiments qu'elle aurait préféré oublier. Les battements de son coeur s'accélérèrent, sa bouche se dessécha, un espoir cruel naquit dans son esprit (à moins qu'il ne l'ai jamais vraiment quittée), ses joues prirent une teinte écarlate et ses gestes se firent fébriles.

Et puis elle remarqua le petit garçon qu'il tenait dans ses bras. Il devait à peu près avoir l'âge de Rose. Il riait aux éclats dans les bras de son père qui le faisait tournoyer en souriant. Il avait les mêmes cheveux que lui. Il avait le même rire que lui. Il avait les mêmes yeux que lui.

Elle pressa ses paupières pour retenir une larme. Elle ne devait pas penser à ça. Elle était mariée maintenant. Elle avait Rose.

Toutefois, lorsqu'il passa à sa hauteur, elle ne pu s'empêcher de l'appeler, à voix basse, comme une prière.