Sortilège 1

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Sortilège 1.

La guerre qui avait forcé Draco Malfoy à s'exiler au seul endroit où – pensait-il – on ne le retrouverait jamais, l'avait transformé. Lui qui, auparavant, avait été si fier et arrogant, avait dû apprendre à travailler et mettre son ego de côté. Le monde des moldus n'était pas facile pour un aristocrate comme lui, qui n'avait, jamais de sa vie, mit la main à la pâte.

Il n'avait aucun contact ni aucun recours. Aussi dangereux soit-il, il avait accepté le premier travail qui était venu à lui. Ainsi, il s'était mis à effectuer des transports de drogues pour des gangs de rue locales. À chaque nuit, il risquait sa vie. On l'avait déjà passé à tabac trois fois dans la même semaine. La première fois, il s'agissait de son initiation. La seconde, c'était quand les gars à qui il devait livrer la came n'avait pas voulu payer leurs marchandises et, la troisième, c'était quand il avait dû expliquer à son patron pourquoi il n'avait pas l'argent.

Il aurait pu facilement utiliser la magie pour se défendre ou pour s'offrir une meilleure qualité de vie, mais s'il le faisait, ce serait comme allumer une grosse lumière rouge et clignotante qui le localiserait immédiatement. Il n'était pas suicidaire. Cela faisait plus de trois ans qu'il échappait au ministère de la magie, il comptait continuer à le faire.

Ce soir, il revenait d'une transaction un peu brutale, la lèvre écorchée. Mains dans les poches de sa veste, capuchon sur sa tête baissée afin de masquer son identité, il venait de tourner dans une ruelle assombrie par la non-présence de lampadaires. Le silence était si pesant qu'il pouvait entendre les rats fouiner les ordures aussi bien que les battements de son propre cœur. Ce n'était pas le genre d'endroit rassurant.

La première fois qu'il était venue ici, ça lui avait toute suite rappelé cette satanée forêt maudite qui entourait l'école de magie et il s'était presque attendu à trouver un cadavre de licorne entre deux sacs à vidanges. Il n'avait pas trouvé de licorne, mais plutôt un corps humain à la peau blême et dévorée par les vers. Il avait rapidement compris pourquoi le minuscule taudis qu'il avait loué là ne lui avait presque rien coûté...

Ce soir-là, seulement, une drôle de sensation planait dans l'air. C'était trop calme. Presque comme si un sort de silence avait été déposé sur la ruelle. Par réflexe, il plongea sa main dans la poche de sa veste pour sentir le bois de sa baguette sous ses doigts, juste au cas où il n'aurait plus le choix. Habituellement, personne ne s'aventurait ici, mais il n'était pas fou; il avait entendu des pas. Il s'arrêta. Pas les siens. Alarmé, mais faisant des efforts pour garder son sang-froid, il se tourna lentement pour voir si quelqu'un le suivait. Aussitôt, il se retrouva confronté à un regard vert perçant même dans l'obscurité. Il le reconnut. Son souffle s'arrêta dans sa poitrine. Le pli de sa bouche se crispa et ses sourcils se froncèrent.

—Potty, prononça-t-il, dédaigneux.

L'autre lui offrit un sourire forcé qui s'évanouit presque aussitôt.

—Malfoy.

Le bout de la baguette de Potter se mit à luire d'une lumière bleutée, les éclairant. Draco retint sa respiration : l'homme qu'il avait devant lui n'était plus le Harry qu'il avait connu adolescent. Celui-là était grand – plus grand que lui –, plus large aussi. Il portait toujours des lunettes, mais il en possédait un nouveau modèle qui lui seyait mieux. Néanmoins, ce qui frappa le plus Draco, ce fut son visage. Les traits du Golden boy étaient durs, sévères et sombres. Harry avait changé, la guerre l'avait changé.

L'auror de nos vies (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant