Scarlett surveillait la cour de récréation où chahutaient des dizaines d'enfants. On avait sorti les trottinettes en bois, les cordes à sauter, les billes pour les occuper. Certains bambins se trouvaient sur l'aire de jeux et descendaient en riant un toboggan, d'autres ramassaient les feuilles de platane et s'amusaient à jouer à la marchande, une simple feuille se transformant en un produit commercial dans l'esprit imaginatif des enfants.
— Tu ne devrais pas te laisser aller ainsi. Tu es toute pâlotte, l'informa Mélanie en venant se placer à ses côtés.
C'était une de ses collègues dont elle se sentait la plus proche. A peine plus âgée que Scarlett, cette jeune institutrice s'occupait d'une autre classe de primaire. Souvent, elles avaient à réaliser ensemble des projets comme celui de l'année dernière qui avait été de mettre en place une chorale pour tous les jeunes volontaires de l'école. C'était, suite à cette expérience qu'elles avaient tissé des liens solides. Elles se voyaient rarement en dehors du travail mais leur relation tenait plus de l'amitié qu'autre chose. Quelquefois, elles se rendaient à des conférences éducatives pour apprendre de nouvelles méthodes de travail, à la bibliothèque pour emprunter le dernier livre d'un célèbre pédopsychiatre mais jamais on ne les avait vu faire leurs courses ensemble. Elles se connaissaient bien, assez pour que Scarlett lui parle de sa maladie. Cette dernière avait confiance en Mélanie, cette jeune femme pétillante de vie et toujours prête à rire. Cette abondance de positivisme était toujours la bienvenue.
— Tu manges au moins ? Scarlett ne se rendait pas compte de ce qu'elle devenait.
Elle avait pourtant l'impression d'avoir surmonté le pire, elle était capable de ne plus pleurer le soir, elle avait pris son premier rendez-vous pour la chimiothérapie hier soir et, plus important, elle ne niait pas sa maladie. Alors pourquoi aux yeux de son amie, donnait-elle l'impression d'aller si mal ? Mince, elle se sentait aussi bien qu'elle pouvait se permettre de l'être dans une telle situation ! Elle avait conscience de tous les efforts qu'elle faisait chaque jour.
— Bien sûr que oui, cette affirmation lui valut un regard sceptique de la part de Mélanie. La tasse fumante de café qu'elle tenait dans ses mains l'aidait un peu à oublier la vague de froid de la mi-septembre. Elle avait pour la première fois de l'année sortie les bottines et l'écharpe épaisse qui dissimulait la moitié de ses cheveux bruns.
Mélanie aurait poursuivi son examen si la sonnerie, signifiant la fin de la pause, n'avait pas retenti. Un coup d'œil lui apprit qu'elle ne la croyait qu'à moitié et reprendrait cette conversation à la première occasion.
— On se voit à la cantine ? Demanda-t-elle et Scarlett sentit la question piège. Si elle avait répondu par la négative, elle aurait contredit ses propos. Décidément, Mélanie était plus coriace qu'elle ne le pensait.
— A plus tard, fut sa réponse.
*
Le rire des enfants remplissait la pièce et se mélangeait au bruit des couverts contre l'assiette et des chariots poussés par les cantiniers. On ne pouvait s'entendre parler ou penser. Et cela était parfait pour Scarlett qui n'avait aucune envie de se questionner sur le futur. Ici, les pensées se perdaient dans le brouhaha. Et puis, elle était trop occupée à montrer aux élèves comment couper la viande comparable à une semelle ! Son temps était totalement accordé à ses élèves.
— Maîtresse ! Entonna une voix claire.
— Oui, Justine ?
— Rémi refuse de manger ses légumes ! Lui rapporta la petite fille, heureuse d'avoir pu rendre la monnaie de la pièce au garçon qui lui avait gâché son dessin.
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Promis, demain je te quitterai
RomanceScarlett, jeune enseignante dans une école primaire de la ville de Lyon, apprend qu'elle souffre d'une maladie grave, curable dans 40% des cas. Et si elle faisait partie de ces 60%, si elle était condamnée ? Sa mission ? Faire le moins de dégâts...