Fighter

1.

Les paroles de mes parents ne cessent de résonner dans ma tête alors que je dépose ma valise sur le parquet de cette chambre qui me paraît minuscule. Excepté le bruit du vent qui souffle contre la fenêtre, tout est silencieux autour de moi. Je détaille la pièce de long en large : le parquet craque et la peinture sur les murs s'effrite. Une armoire en bois trône au fond de la pièce et fait face au lit qui grince lorsque je m'assois dessus.

Je ne devrais pas être là... Mes parents ne comprennent pas. Ils sont persuadés que je dois me faire soigner mais je vais bien. Non, tu ne vas pas bien, hurle ma conscience. Je suis coincée dans cet asile pour je ne sais combien de temps, mais je ne suis pas comme les gens qui se trouvent ici. Je ne suis pas folle !

- Bonjour.

Je me retourne au son de la voix et aperçois un jeune homme blond à peine plus vieux que moi. Il se tient dans l'embrasure de la porte et me regarde en souriant. Je reste de marbre et ne lui répond pas. Je ne sais absolument pas qui il est, ni ce qu'il me veut.

- Je m'appelle Niall Horan et je suis psychologue, dit-il en s'avançant vers moi. Mais tu peux m'appeler Niall, je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi. Tu as 17 ans, c'est ça ?

Voyant que je ne lui réponds toujours pas, il attrape la plaque accrochée sur le devant de mon lit et la détaille rapidement. Je ne sais même pas ce qu'il y a d'écrit dessus ; sûrement un tas de sottises concernant ma vie privée et mon état. Il repose la plaque à sa place et relève la tête dans ma direction.

- Alors, je viendrais te voir tous les deux jours à 14h pour que l'on discute un peu et que l'on trouve une solution à ton problème. Mon travail est de faire en sorte que tu ailles mieux et si possible, que ton séjour ici soit raccourci. Mais pour ça, il va falloir que tu coopères et que tu me fasses confiance.

Un séjour ? Je crois que nous n'avons pas la même définition du mot "séjour". D'autre part, il est hors de question que je parle avec ce gars. Je vais bien, je ne vois pas ce que je peux dire de plus. C'est faux, ajoute ma conscience. Si seulement elle pouvait se taire celle-là. Suite à mon silence, ledit Niall se gratte la nuque mal à l'aise et se poste en face de moi.

- Écoute, je comprends ce que tu vis. Oh non, j'en doute fort. Mais je suis là pour t'aider à aller mieux. C'est possible Quinn, il ne faut pas que tu baisses les bras.

J'étais en train de me demander d'où il connaissait mon prénom, mais je me suis souvenue de la plaque accrochée à mon lit. Il ne me lâche pas du regard, en attente d'une quelconque réponse, mais je reste à le dévisager sans jamais rien lui dire. Il finit par abandonner lorsqu'il constate que je ne lui répondrais pas.

- Bon... Et bien, je vais te laisser t'installer. On se voit dans deux jours.

Sur ces mots, il quitte la pièce en prenant soin de bien refermer la porte derrière lui. Je ne prends pas la peine de défaire ma valise et je m'allonge de tout mon long sur le lit. Comment vais-je faire pour sortir de cet enfer ? Je n'ai absolument pas ma place dans cet endroit ! Ils sont censés soigner les personnes atteintes de maladies mentales, or ce n'est pas mon cas. C'est ce que tu crois Quinn. Ce ne sont pas une petite crise ou deux qui vont m'empêcher de vivre ma vie normalement ! Je vais bien, je sais que je vais bien !

Je ne me suis même pas rendue compte que je hurlais lorsque deux infirmières se précipitent vers moi et m'enfoncent une aiguille dans le bras. Il ne faut que quelques secondes pour me calmer et sombrer dans un sommeil profond.