Fighter

18.

Allongée contre son torse, Niall caresse mon dos en murmurant des mots doux qui ne cessent de me faire rougir. Je ne me suis jamais sentie aussi bien et apaisée. J'ai l'impression que rien n'y personne ne pourrait rompre ce moment. Malheureusement, la chance est rarement de mon côté et nous sursautons tous les deux lorsque des coups sur la porte d'entrée font trembler les murs de la maison. On se lève rapidement pour enfiler nos vêtements alors que de nouveaux coups encore plus violents retentissent. Je commence à avoir peur et je sens que Niall est inquiet. Et si c'était la police ?

- Ouvrez cette porte tout de suite où je l'enfonce !!

Mon sang se glace à la seconde où j'entends cette voix. Non, ce n'est pas possible, pas lui, par pitié ! Je savais qu'il viendrait me chercher, il a l'air tellement en colère. Niall tourne la tête dans ma direction et lorsqu'il voit mon regard apeuré, je pense qu'il devine qui se trouve derrière la porte. Je sens les larmes monter mais Niall se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras.

- Il ne te fera rien, je te le promet. Tu es en sécurité avec moi.

Il se dirige d'un pas rapide en direction de du hall d'entrée et je m'agrippe à son bras tout en restant derrière lui. Les coups se font de plus en plus forts et Niall est sur le point d'exploser. Il ouvre la porte d'un seul coup et hurle :

- Non mais ça va pas la tête, vous êtes malades ?!!
- Et vous alors ?! Vous croyez que vous pouvez emmener ma fille et la trimbaler comme bon vous semble ! Elle n'était pas censée quitter le centre !

Ma main sert le t-shirt de Niall. Je baisse la tête et essaye de contenir mes larmes. J'ai réellement peur... Mon père obtient toujours ce qu'il veut. Il ne s'arrêtera pas là, je le connais. Il fera tout pour me récupérer même si c'est pour me pourrir la vie derrière ; et j'ai terriblement peur qu'il fasse renvoyer Niall. Comme s'il lisait dans mes pensées, ce dernier passe un bras devant moi pour me forcer à rester derrière lui. Je sais qu'il ne m'abandonnera pas. Mon père, quant à lui, est rouge de colère.

- Vous allez me rendre ma fille immédiatement ! Je ne repartirai pas sans elle !
- Vous allez rester là un moment alors, car elle n'ira nulle part avec vous !
- Je vous préviens je ne me répéterai pas deux fois !

Mon père tourne son regard furieux vers moi et fait un pas en avant mais Niall s'interpose entre nous deux.

- Quinn, tu vas arrêter ce cinéma et tu vas venir avec moi !
- Non, elle reste ici ! s'énerve Niall. Je ne vous laisserai pas l'emmener !

Mon père essaye de se rapprocher un peu plus mais Niall me lâche pour bloquer la porte et l'empêcher de passer. Pitié, faites que tout ça s'arrête.

- Ne me forcez pas à en venir aux mains...
- J'allais vous dire la même chose, répond Niall, sur un ton dur.

Ils se foudroient du regard mutuellement et je commence à avoir de plus en plus peur. Et si mon père venait à lui faire du mal ? Je ne me le pardonnerais jamais. C'est de ma faute tout ça ! Je n'aurais jamais dû tenter de me suicider et Niall n'aurait jamais risqué de perdre son travail. Tout ceci ne serait jamais arrivé et mon père ne serait pas en train de le menacer. Néanmoins, il recule de quelques pas et, le regard remplit de haine, il montre Niall du doigt.

- Vous allez me le payer, croyez-moi ! Je vous ferai arrêter !
- C'est ça, essayez pour voir...

Mon père se dirige d'un pas ferme en direction de sa voiture. Niall attend de la voir quitter l'allée avant de claquer la porte et de la refermer à clé. Je ne retiens plus mes larmes et je me mets à sangloter. Il se précipite alors vers moi pour me prendre dans ses bras.

- Non, Quinn, ne pleure pas... dit-il en me caressant les cheveux. Viens avec moi.

Il m'attrape la main et se dirige d'un pas décidé vers sa chambre. Il me lâche et ouvre son armoire pour en sortir une valise. Je fronce les sourcils ; qu'est-ce qu'il fait ? Il pose la valise sur le lit et, sans dire un mot, il l'a remplit de vêtements et d'une trousse de toilette. Il a l'air vraiment perplexe et j'ai l'impression d'avoir un robot en face de moi. Il ferme la valise et l'attrape avant de quitter la chambre pour se diriger dans la mienne. Je le suit sans réfléchir mais quand je le vois remettre mes affaires en place dans ma propre valise, je commence à paniquer.

- Niall, qu'est-ce que tu fais ?

Il ne répond rien et quitte la chambre, nos deux valises à la main. Je ne le lâche pas d'une semelle et je commence sérieusement à m'inquiéter. D'autant plus, qu'il ne m'a toujours pas répondu.

- Niall, s'il-te-plaît, je veux savoir ce que tu fais, dis-je paniquée.
- Tu me fais confiance ? me répond-il, sérieux.
- Oui...

Il pose les deux valises dans l'entrée de la maison et sort son téléphone de sa poche. Qui est-ce qu'il appelle ? Louis ? L'interlocuteur ne met pas longtemps à répondre.

- Oui, c'est moi... Pas terrible... J'ai besoin de toi... Tu serais d'accord pour que je vienne passer quelques jours chez toi... Oui... Je serais avec une amie, ça ne te dérange pas... Super, merci... Je t'appelle quand on arrive... Salut...

Une "amie"... Je m'en doutais un peu mais c'est toujours difficile de l'entendre de vive voix. Niall raccroche et se rapproche de moi. Il agrippe mon visage entre ses mains et je me perds dans le bleu de ses yeux. Il a vraiment pour me déstabiliser. Comment est-ce qu'il fait ça ?

- Ton anniversaire est dans deux semaines, c'est bien ça ?
- Oui, dis-je, sans comprendre où il veut en venir.
- Bon, j'ai une idée mais il faut que tu me fasses confiance. Ton père va porter plainte contre moi, j'en suis persuadé, mais il ne pourra plus rien faire quand tu auras atteint ta majorité. Il marque une pause. J'ai un ami qui habite près de Manchester et il est d'accord pour nous héberger jusqu'à ton anniversaire. Je sais que c'est risqué mais ils ne pourront plus rien faire une fois que tu auras 18 ans.
- Mais tu risques tout de même ton travail ?! dis-je, paniquée.
- Ne t'en fait pas pour ça, dis-moi seulement si tu es d'accord ?

Je met un moment avant de répondre... C'est vraiment risqué et ça me fait peur, mais dans un sens, je ne veux pas que Niall se fasse arrêter à cause de mon père. Il ne mérite pas ça alors que tout ce qu'il a fait depuis le début c'est de m'aider ; il est même d'ailleurs le seul à l'avoir fait.

- C'est d'accord.
- Bien, alors en route, dit-il en souriant.