Fighter

7.

Quinn

Je n'arrive pas à oublier leurs paroles. Ça fait tellement mal d'entendre ce genre de chose sortir de la bouche de ses propres parents. Je ne suis qu'une déception pour eux, un bouc émissaire sur lequel ils peuvent cracher leur venin. Les larmes coulent sur mes joues alors que je plaque ma tête contre le mur froid de la salle de bain. Toutes les personnes qui comptaient pour moi m'ont fait du mal.

J'en ai assez de souffrir. J'en ai assez que tout le monde pense que je suis folle, que je suis malade. Je n'ai jamais rien fait pour mériter ça. Je n'en peux plus, je suis complètement à bout. J'ai envie de hurler ma colère mais qui entendrait ? Qui me comprendrait ? Je resserre la lame qui se trouve dans ma main et inspire un bon coup. Je ne manquerais à personne... Ils n'en ont rien à faire de moi. La preuve, je fais honte à tout le monde. J'ai l'impression de leur rendre un grand service...

Niall

J'arrive au centre légèrement en retard. Je me dépêche d'entrer et marche rapidement vers mon bureau. Une fois à l'intérieur, je dépose mes affaires, range mon bloc-notes dans la poche arrière de mon jeans et quitte la pièce. Je passe voir quelques patients qui quittent le centre aujourd'hui et me dirige vers sa chambre. Je n'ai pas pu la voir depuis deux jours car j'étais aux urgences pour aider des parents qui venaient de perdre leur enfant. Je m'en veux un peu de ne pas avoir pu la voir. Je sais qu'elle ne fait confiance qu'à moi ici, et j'espère vraiment que les infirmières n'ont pas été désagréables avec elle.

Quinn est une jeune fille brisée. Je ne sais presque rien de sa vie, mais je vois qu'elle a souffert ; il y a des regards qui ne trompent pas. Elle est atteinte de bipolarité aiguë. Aucune fille de son âge ne peut être atteinte de cette maladie sans avoir subi des choses dans le passé. Lorsqu'il s'agit d'un adulte, il est parfois difficile d'en déterminer la cause mais lorsque ça concerne un adolescent, dans 95% des cas, les troubles de l'humeur viennent de facteurs environnementaux. Je n'ai jamais eu de patients atteint à ce point, c'est pour ça que j'essaye de prendre mon temps avec elle. Je ne veux pas la brusquer et je veux qu'elle ait pleinement confiance en moi.

J'arrive devant sa porte et frappe un coup pour la prévenir de mon arrivée. J'ouvre avec délicatesse au cas où elle dormirait, mais il n'y a personne dans la pièce.

- Quinn ?

Aucune réponse. Je m'avance jusqu'à la salle de bain et frappe.

- Quinn, tu es là ?

Toujours rien. Je commence à m'inquiéter, elle ne quitte pas sa chambre d'habitude. Je clenche la porte de la salle de bain mais elle est verrouillée. Elle est à l'intérieur.

- Quinn, ouvre moi s'il-te-plaît.

Elle ne me répond toujours pas. Je fouille dans mes poches arrière et sors mon trousseau de clé. Il me semble en avoir une qui ouvre toutes les portes des chambres. Je ne suis pas sûre qu'elle entre dans celle de la salle de bain mais ça ne coûte rien d'essayer. Je glisse la clé dans la fente et tourne. La porte s'ouvre. Si j'avais su ce qui m'attendrait en la poussant, j'aurais sûrement moins pris mon temps.

Le corps de Quinn est allongé sur le sol, inerte et baignant dans une mare de sang. Je me jette sur elle et prend son pouls pour vérifier qu'elle respire encore. Je le sens mais il est très faible, elle est en train de perdre une quantité importante de sang. J'attrape deux serviettes et fait pression sur ses bras tailladés pour empêcher le sang de couler.

- Venez m'aider ! Je hurle. Allez Quinn, reste avec moi s'il-te-plaît. Il ne faut pas que tu abandonnes, tu peux t'en sortir j'en suis sûr.

J'entends des pas arriver rapidement jusqu'à la chambre et j'aperçois mon collègue paniqué devant la porte.

- Niall, qu'est-ce qui s'est passé ?!
- Je ne sais pas ! Je l'ai trouvé comme ça, je ne sais pas ce qui lui a pris. Elle allait bien il y a deux jours !
- Ses parents sont venus hier et je crois que ça ne s'est pas bien passé, dit-il en m'aidant à la soulever.
- Comment ça, ça ne s'est pas bien passé ? dis-je, paniqué.
- J'en sais rien, ce n'est pas ma patiente, c'est ce que les infirmières m'ont dit !
- Et elles n'ont rien fait ?!
- Apparemment non.

Je la serre contre moi alors que mon collègue presse les serviettes contre ses bras. Il faut que je trouve une solution rapidement avant que son cas ne s'aggrave.

- Louis, j'ai besoin que tu m'aides à la mettre dans la voiture, dis-je à l'intention de mon collègue.
- Quoi ?!
- Fais ce que je te dis s'il-te-plaît !

C'est de la folie mais je dois essayer...