L'ambiance à l'heure du repas est glauque. Chacun jette des coups d'œil autour de lui, comme si une traque à grande échelle venait d'être lancée. Effectivement, bien qu'ils aient tourné ça d'une autre façon, la délation vient d'être autorisée de manière très subtile et beaucoup auront à y gagner. J'imagine que les enfants de la Perle se feront une joie de mener à bien la mission de l'AGFA, renforçant un peu plus encore la fierté familiale. Mais pour l'heure, je suis bien loin de m'inquiéter des enfants de la Perle... Est-ce que j'y gagnerais si j'allais voir les autorités ? Après tout ils parlaient d'un nouveau quartier et si c'est vrai alors ça ne ferait que me donner mon indépendance plus tôt que prévu, c'est bien moins désagréable que d'être exilée à l'Iceberg.
Mais ces questions je me les poserai plus tard, car pour l'instant je dois faire mine de manger pour ne pas donner l'air d'être suspecte. À côté de moi, Michael est passé à autre chose, ne se sentant absolument pas concerné par le projet de l'AGFA. Lui ce qui l'effraie, ce sont les examens sportifs des Tertiaires qui débuteront demain. Comme nous nous devons d'avoir la moyenne à toutes les épreuves pour réussir notre examen final, le sport ne doit pas être négligé.
«- Je vais encore me faire battre par toute la classe si il y a de la lutte – Désespère Michael- Même contre les filles je serais capable de perdre.
-Ca veut dire quoi ce « même contre les filles » ? –Répond Vénus- Tu penses qu'une fille n'est pas capable de battre un garçon ?
-Si bien-sûr, mais en règle générale, les garçons ont plus tendance à...
-Et que fais-tu de Pandore ? –Insiste-t'elle alors que Michael devient rouge vif et que je ne peux réprimer un petit sourire satisfait- Je te rappelle qu'elle a presque battu Luke l'année dernière, alors surveille ton langage.
-Quelque chose ne va pas Vénus ? –Demande Billy alors que Michael se ratatine sur son siège-
-Si ça va, je suis juste un peu révoltée par tout ce qui se passe en ce moment, désolée. »
Je l'observe du coin de l'œil qui vire au rouge, mal à l'aise, puis d'un geste elle prend son plateau et quitte le réfectoire sans nous dire un mot. Au moment de passer les portes, j'aperçois quelque chose au sol l'espace d'une micro seconde et l'instant d'après, Vénus est à terre dans un fracas qui fait se tourner toutes les têtes. Humiliée par les rires de la tablée des Tertiaires de la Perle, elle tente de se redresser et bientôt d'autres rires se font entendre, un peu partout. Beaucoup se moquent de son physique, certains du fait qu'elle soit tombée devant tout le monde et d'autres ne savent tout simplement pas pourquoi ils rigolent, mais comme ça semble amuser tout le monde, jusqu'à un des Gardiens dans le fond du réfectoire, alors c'est sûr que ça ne peut être que quelque chose d'hilarant.
Je ne sais pas ce qui nourrit cette colère en moi, si c'est le fait de voir Hemmings rigoler à gorge déployée d'une fille de son Quartier ou bien de voir qu'un Gardien préfère ricaner devant la situation plutôt que d'intervenir.
Quand je suis à hauteur de leur table, je prends sur moi pour ne pas étriper Hemmings ou Diane, lesquels rigolent encore plus fort. J'imagine que si j'en arrive-là, le Gardien serait bien obligé d'intervenir et je ne veux pas prendre le risque de me faire remarquer, encore moins maintenant. Pourtant je craque lorsque je dépose mon plateau et que j'entends Diane se moquer de mon physique de garçon manqué, ne se privant pas d'ajouter certains détails qu'elle aura pu distinguer dans les vestiaires des filles comme ma pilosité au niveau des jambes quand je n'ai pas le temps de m'épiler. Je deviens rouge et bien que quelques filles à sa table admettent oublier parfois de s'épiler, Nicole, sa meilleure amie, se met à jouer le jeu en disant « que même un garçon n'a pas autant de poils et en plus ils sont roux ! ».

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Hunters
FanfictieAnnée 2110. Après une longue Guerre à l'arme chimique qui a conduit la Terre à sa perte, les rares survivants francophones et anglophones du Canada ont trouvé refuge sous l'eau grâce à des technologies avancées. 200 ans plus tard, la surpopulation...