Chapitre 4 🔫

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Carl a proposé de nous installer dans une cellule. Sans un mot, il a laissé son ami en plan, ce dernier n'ayant pas ouvert la bouche une seule fois. Pendant un instant, j'ai cru que Carl voulait prenait notre arrivée comme une bénédiction, une excuse pour s'éclipser de son travail. Mais après réflexion, j'ai conclut qu'il fuyait uniquement le garçon.

Si un jour ce sujet venait à être mis carte sur table, je ne lui en tiendrai pas rigueur. Je suis certaine que ce n'est pas personnel, que ce garçon s'est juste retrouvé au mauvais endroit, auprès de la mauvaise personne, tout simplement. Carl n'a sans doute pas eu le courage de lui dire de lui foutre la paix. Il est solitaire, pas sans cœur. C'est également pour cela que je doute qu'entre lui et moi, la fabuleuse alchimie puisse régner un jour.

Mais le changement fait parti de notre quotidien, après tout.

Physiquement c'est évident. Il a laissé pousser ses cheveux bruns. Comme son père, il détient encore de splendides yeux bleus avec leur propre étincelle. Il a grandi, son visage a durcit. Lorsqu'il nous fait la visite de la prison, je ne peux m'empêcher d'admirer ses joues. Celles qui ont flotté dans un océan de larmes ensanglantées. Celles qui se sont fait martyrisées par son tic de se mordre l'intérieur d'une joue quand il a trop peur ou quand il doit se retenir de faire quelque chose. Une chose certainement affreuse. Et ses mains... Si je lui demandais combien d'êtres humains il a tué, combien de zombies, il ne ferait que me montrer ses mains. Car elles soutiennent tout le sang coulé, toutes les larmes égarées, toutes la culpabilité que son inconscient utilise pour le torturer lorsque le ciel s'assombrit.

Ça, c'est Carl.

Une première image qui en dit long sur son passé tumultueux en compagnie de monstres.

Après avoir traversé les différents blocs, nous parvenons jusqu'au C. Notre guide nous a dit que Rick et lui y séjournaient et qu'il y avait bien au minimum deux lits de libres. Par conséquent, on se coltinerait le mini-shérif et son père en permanence. Cela ne me dérange pas le moins du monde. Au moins, si j'ai un soucis, je peux toujours me diriger vers Rick vu qu'il n'est pas très loin. Ce qui m'irrite, par contre, c'est la présence de Carl que je devrais supporter. Je suis pas capable de faire semblant encore longtemps que ça me fait ni chaud ni froid d'être non-loin de lui. Et lui, arrivera-t-il à supporter la mienne, étant donné nos antécédents ?

Carl s'arrête devant une cellule. Celle-ci comporte un bureau de petite taille, deux lits métalliques superposés. La fenêtre est protégée par des barreaux augmentant la phobie de claustrophobie pour quiconque ne la détiendrait qu'un soupçon. Cela me rappelle l'épisode de la voiture bondée par les quatre jeunes gens, Sam et moi. Des livres jonchent le sol, ainsi que le lit du dessus. Ah non, ce sont des BD. J'en déduits qu'elle est déjà occupée. Et je ne mets que quelques secondes à assimiler cette lecture à Carl. Des vêtements semblent s'être joints à la fête organisée au sol. Bordélique un jour, bordélique toujours.

- C'est ma chambre...

« Sans déconner. »

- ... et le lit du dessous est libre. Donc si l'un de vous deux...

Il me regarde. Pourquoi il me regarde ?

Sam interrompt brusquement Carl en sautant sur le matelas du bas. Il s'y étale comme une étoile de mer et glisse ses bras et ses jambes de haut en bas pour imiter un ange de Noël dans la neige. Ses fines lèvres s'étirent en un sourire angélique. Et alors que je pensais qu'il allait nous rabattre les oreilles avec sa furieuse envie de partager sa chambre avec son héros, ses paupières se ferment délicatement. Ses faibles ronflements nous indiquent qu'il n'a pas attendu notre avis pour s'endormir comme un bébé.

Carl, I'm Afraid || TWD    [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant