Carl, I'm Afraid || TWD [PAUSE]

Chapitre 13 🔫

- Longue nuit ?

Michonne me dévisage. Je me racle la gorge et me redresse légèrement.

- Ou courte, la contredis-je. Ça dépend du point de vue.

Il est vrai que ma nuit avait été un véritable calvaire. Je suis restée figée contre le mur pendant de longues minutes, qui ont finit par se transformer en heures interminables. Ce n'est que quand l'aube d'une nouvelle journée s'est levée que je me suis à mon tour endormie. C'est Francesca qui m'a tenu éveillée, me torturant l'esprit à cause d'une simple phrase pour elle mais qui paraissait pas tant anodin à mes yeux.

- Ça se voit tant que ça ?

La samouraï arcque un sourcil, l'air de dire que je me fous d'elle.

- C'est limite si c'est pas écrit sur ton front.

- D'accord, marmonné-je, je comprends mieux pourquoi les gens m'ont dévisagé, ce matin. Ça fait toujours plaisir de se sentir unique.

Michonne hausse les épaules.

- On est tous dépassé, tu sais. Et puis, avec Glenn qui a disparu, Rick qui est absent, on se pose beaucoup de questions. Mais bon, ils ont l'habitude, alors je ne m'inquiète pas trop.

Je me tourne vers elle, dépitée. Je me mets à la dévisager, jusqu'à ce que je me souvienne qu'elle connaît le Rick de l'apocalypse depuis plus longtemps que moi. Je n'ai encore jamais vu cet homme en dehors de sa prison barricadée. Je ne sais pas comment il fonctionne. Alors évidemment que j'ai peur pour lui, pour Carl et pour les autres, même si je ne les connais que très peu. Mais si Michonne affirme que tout ira bien, je ne peux que la croire et croiser les doigts.

La jeune femme et moi restons au milieu du jardin, debout, à observer l'horizon. Le soleil est plus clément, aujourd'hui. Et l'air frais semble tournoyer plus que les jours précédents nous rafraîchissant plus souvent. Un peu plus loin, Francesca gambade paisiblement dans l'herbe. Sam l'accompagne dans cette activité passionnante à leurs yeux. À les voir comme ça, on se croirait dans un téléfilm du dimanche, où l'histoire se termine toujours bien, où une gentille famille vit une aventure des plus extraordinaire. Mais nous revenons vite à la réalité quand l'enfant ne sourit plus.

Je devine que les pensées de l'instant de Michonne ressemblent aux miennes. Elle aussi regardait les deux enfants jouer, avec un regard que je n'aurais pu déchiffrer certes, mais elle les regardait bien. Et il a suffit que Francesca tombe par terre pour que notre idéal ne s'effondre en une fraction de seconde. Elle a automatiquement baissé la tête, a reniflé et a relevé la tête comme si de rien était. Je ne le lui ferais pas remarquer car je me doute qu'elle a eu une mauvaise expérience, avec un enfant cela ne fait aucun doute. Et j'avoue être curieuse d'en savoir plus.

Mais c'est impoli de lui poser une telle question, alors je me tais. Je retourne à ma contemplation des gamins. Francesca s'est relevée sans égratignure et ils poursuivent leur jeu.

Je me demande si Michonne sait quelque chose que Maggie ne m'aurait pas dit, à propos de la fillette.

- Qu'est-ce que tu sais d'elle ? lui demandé-je, sans quitter ma protégée des yeux.

Elle suit mon regard, et inspire un bon coup.

- Pas grand chose. Rick et Daryl l'ont trouvé au bord de la route, affalée sur le corps de ses parents.

- Ils étaient déjà morts, alors ?

- À priori. Mais pas depuis longtemps. On s'est même demandé s'ils n'étaient pas morts quelques minutes avant qu'ils arrivent.

- Parce qu'ils n'étaient pas encore revenus à la vie ?

Elle hoche lentement la tête. Je perçois un voile transparant recouvrir ses pupilles. Je pense que ce voile n'est autre qu'une mer de larmes qui menace de se dévoiler. Ça me fait de la peine de la voir comme ça. J'aimerais l'aider mais je ne vois pas comment.