Après avoir emprunté le nécessaire à Beth et m'avoir indiqué les douches, je m'y rends immédiatement. Je m'enferme dans une cabine de douche et me déshabille. D'un coup sec, je tire le levier qui laisse couler l'eau chaude le long de mon corps. Je ressens soudainement la chaleur m'envelopper telle une bulle protectrice. Je sens la crasse qui s'était accumulée se laisser bousculer par les vagues et se détacher de moi.
Des grilles, de la nourriture, un matelas, l'eau courante... Que demander de plus ? À chaque fois qu'on tombait sur une maison, il y avait toujours un problème. Une plomberie déficiente, de l'eau imprégnée de déchets, l'eau à petites gouttes seulement... On ne comptait plus les mauvaises blagues qu'on a eu toutes les fois où on a cru pouvoir se rafraîchir sous de l'eau. Résultat, on se retrouvait à se nettoyer à l'évier, dans un lac, une piscine - ce qui était plus rare. -
Malheureusement, la pluie, on en a pas souvent par ici. Alors on doit se débrouiller avec les moyens du bord.
Je sens mes muscles se détendre enfin. Toute la pression que je contenais en moi s'évapore comme la vapeur produite par la chaleur. Machinalement, je relâche mes bras le salissant pendre dans le vide et longer mon corps. Je penche légèrement la tête en arrière. Et je ne bouge plus. Je reste statique, dans cette position, à expirer la sensation de soulagement et à inspirer le bonheur que l'eau m'offre à l'instant même. Je pourrais y passer la journée, m'éterniser à la mort dans cette cabine, comme si je fuyais mes problèmes. Mais mes membres se remettent à bouger. Je ne voudrais pas gaspiller l'eau et priver les autres d'une douche après une longue journée. Mes cheveux se font chouchouter, ainsi que mon corps pendant une dizaine de minutes. Avant que je ne coupe l'eau pour de bon.
Je me sèche, m'habille des vêtements prêtés par Beth et sors de la cabine de douche. Lorsque je rebrousse chemin vers ma cellule, je n'y trouve personne. La jeune blonde a dû retourner au travail. Je laisse mes affaires là-bas et me rends vers le sortie. En traversant les couloirs, je rencontre seulement quelques personnes. L'endroit semble désert.
Je me stoppe devant la porte. C'est vrai, tout le monde bosse en ce moment, la journée n'est pas encore terminée. Et ceux qui sont en pauses se rafraîchissent sûrement à l'extérieur, dans le coin "pique-nique". Quant aux enfants, ils doivent probablement être aux ateliers proposés dans la prison comme la lecture, ce dont nous avait parlé Glenn dans la voiture de retour.
Je plains les adultes qui bossent sous un soleil radieux, certes, mais aussi étouffant. Le travail devait, au départ, déjà bien les épuisés, et l'addition des rayons de soleil chauffants à la note augmente la difficulté d'obtention d'un travail parfait. Au potager, je vois des hommes et des femmes se fatiguer à bêcher, à courber leur dos sans arrêt tout en essuyant régulièrement leur front d'un revers de mains. Ce serait tellement génial qu'il se mette à pleuvoir, juste pour rassurer les gens, pour les réhydrater en moins de deux. Ça les soulagerait. Et on économiserait un bon paquet d'eau. Malheureusement, le soleil de Géorgie ne permet pas souvent à la pluie de prendre sa place nous contraignant donc à subir l'incontournable chaleur dévastatrice.
J'avance sur le sentier vu aussi comme une route. Les bras croisés contre ma poitrine, j'observe les alentours. Plus que je n'avais déjà pu remarquer. C'est d'ailleurs en le retournant vers les bâtiments de la prison que j'y découvre un nom gravé : West Georgia Correctional Facility. Sympa le nom... Un frisson me parcourt le corps. La simple idée que je vais vivre dans un endroit principalement occupé par des prisonniers fût un temps ne me rassure pas des masses. Certes, il n'y en a plus, mais j'ai passé tellement de temps à éviter la prison, à ne pas finir comme mon connard d'oncle, à toujours jouer la petite fille modèle, à ne jamais entrer dans les combines insouciantes de mes anciens camarades, et me voilà forcée de dormir, de manger, de travailler et de respirer dans ce pénible endroit. Le sort se fout littéralement de ma gueule. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre. Je pourrais être encore dehors, à ne pas oser perdre Sam du regard ne serait-ce qu'une demi seconde. Alors je fais avec.
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Carl, I'm Afraid || TWD [PAUSE]
FanfictionQuand Dove tombe sur un groupe de survivants qui acceptent de les accueillir, elle et son frère, la sécurité devient son nouvel ami. Mais tout ce qu'elle a vécu jusqu'ici n'était que le début. L'avenir ne lui réserve pas une vie tranquille, à l'abri...