Carl, I'm Afraid || TWD [PAUSE]

Chapitre 14 🔫

Francesca est morte.

Ça fait trois jours. Je reste silencieuse à ce sujet lorsque quelqu'un vient me voir pour en parler parce que, soi-disant ça me ferait du bien. Mais je n'en ai aucune envie. Jamais. Je préfère me taire et laisser le souvenir de Francesca reposer en paix dans mon esprit.

Je passe une partie de mes journées à glander, à rester dans ma cellule et à me morfondre. Je me repasse en boucle cet événement tragique. Je revois son visage taché de sang, sa main tremblante, ses yeux suppliant, son corps s'affaiblir au fur et à mesure que son cœur ralentissait. Je le voyais à sa poitrine ne gonflait plus, à ses lèvres qui ne tentaient plus d'aspirer de l'air, à ses paupières qui se sont fermées une dernière fois. Ma pire vision restera son bras déchiqueté. Ce pourquoi elle est morte. La cause de tous mes tracas, de ma négligence.

Ce matin, je n'ai pas eu la force d'aller travailler. C'est égoïste, car tout le monde se tue à la tâche et moi je reste là, assise sur mon lit, à penser à Francesca et sur un sujet que je n'ai pas encore eu le temps de traiter. On va dire que ça m'a pris de court. Depuis quelques jours, il est vrai que j'ai ressenti quelques moments de faiblesses en degueulant mon déjeuner ou mon repas. Mais je pensais que c'était juste dû à une intoxication alimentaire. Et puis, après maintes réflexions, il m'a semblé évident que c'était bien autre chose.

Je ne suis sortie que cinq minutes de ma cellule, tout à l'heure, pour remettre ma commande personnelle à Glenn, afin d'en avoir la certitude. Il m'a regardé bizarrement, se demandant sûrement si c'était une blague. Mais au vu de ma mine dépitée, il n'a pas eu d'autres choix que de me croire. Il a accepté et est parti vers une voiture avant de s'en aller pour un ravitaillement avec Zach et le nouveau.

Maintenant, j'attends patiemment son retour. Et mon colis. Pourvu que...

- Hey, m'interrompt soudainement Carl.

Je me relève, une boule dans le ventre, et le salue en retour.

Depuis qu'il revenu de la mission, nous avons eu très peu de moment à nous. Principalement parce que je ne voulais voir personne une bonne partie du temps. Je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé là-bas, si tout s'est passé comme prévu. Aucun d'eux n'a voulu en parler. À leur retour, j'ai bien vu qu'ils arboraient des mines de déterrés. Après les avoir examinés chacun à leur tour, je me suis rendue compte qu'il manquait l'un d'eux. Et à mon plus grand étonnement, une personne inconnue était présente.

Les événements se sont succédés rapidement : on a enterré la petite Francesca. On a rendu hommage au disparu dans la mission périlleuse. Rick est resté cloîtré dans la prison pendant ces trois jours sans jamais en sortir, alors que les ravitaillements avaient pourtant encore lieu. Carl restait muet, je ne le forçais pas à m'en parler. Mais j'étais intimement soulagée qu'il soit rentré sain et sauf. Lui, par contre, gardait toujours une expression de choc, comme s'il ne se remettait pas de quelque chose, et ce n'était certainement pas par rapport à la mort du jeune homme.

- Mon père veut nous parler, m'annonce-t-il.

- D'accord, j'arrive.

Il hoche lentement la tête avant de s'éclipser. Je le suis jusqu'à une table au centre de notre Bloc.

Rick est debout et fait les cents pas. Il semble bouleversé, encore plus qu'il y a trois jours. C'est de plus en plus inquiétant. Carl s'assied d'un côté et moi de l'autre, ainsi nous nous faisons face. Rick ne prend pas la peine de s'asseoir, il se positionne juste au bout de la table, les bras croisés.