Chapitre 8 🔫

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𝔻 𝕆 𝕍 𝔼

Mon cœur se serre lorsque je pose les yeux sur le ciel quelque peu étoilé. Des éclats luminescents apparaissent par-ci et par-là créant un splendide océan d'étoiles. Mais il est synonyme d'ancienneté, du contraire de renouveau. Ce ciel me rappelle les murs de la chambre de Sam, peints en bleu nuit et recouverts d'étoiles aux quelques variétés de tailles. Leur particularité était de s'illuminer dans le noir. Ainsi, elles procuraient à Sam le soulagement de ne plus se sentir opprimé par le silence et la sombre nuit qui s'annonçait. Il s'endormait en comptant, non pas les moutons, mais les étoiles collées au plafond. Il ne s'en lassait jamais, tout comme je ne me lassais jamais de l'admirer la bouche grande ouverte et des paillettes ornant ses yeux bruns en regardant simplement son plafond, à croire qu'il le re-découvrait chaque nuit. C'était lui, mon spectacle du soir.

Ce qu'il n'a jamais su, c'est que cette chambre m'appartenait autrefois. Avant sa naissance, c'était moi qui dormait dans ce petit lit, les yeux éblouis par mon obsession pour l'étoile du soir. L'étoile du soir... Combien de fois n'ai-je pa prié à la fenêtre de ma nouvelle chambre ? Combien de fois n'ai-je pas supplié cette boule de gaz lumineuse de le rendre ma vie d'avant ? Combien de fois n'ai-je pas sangloté au bord de cette maudite fenêtre ? Comme beaucoup d'autres enfants, j'ai cru à ses absurdités. Et comme eux, je me suis faite avoir en beauté.

Je ne voulais pas que mon frère ait une chambre ordinaire, sans grand intérêt. Elle était beige, avec quelques taches aux coins des murs. Cela ne faisait pas du tout l'affaire pour un petit garçon qui aurait besoin d'illumination dans sa vie. Il était tellement mieux dans la bleue, celle où il ne cessait de créer de nouvelles histoires chaque jour, passant d'un pirate tel jour à un super-héros le lendemain. Il n'y avait aucune logique, et parfois même il recommençait les mêmes histoires, mais j'aimais tout ça. J'avais droit à la place au premier rang pour assister aux petits spectacles qu'il organisait. Pestacle, disait-il, ce qui me faisait exploser de rire à chaque fois qu'il ecorchait ce pauvre mot.

Mais maintenant, il n'y a plus d'étoile au plafond. Il n'y a plus d'histoire à imaginer. Il n'y a plus de chambre.

Aujourd'hui, j'ai demandé à Maggie s'il était possible que je prenne son tour de garde du soir-même. J'ai eu du mal à la convaincre, à lui montrer que j'avais vraiment envie de faire ce boulot. Elle avait été intriguée par cette surprenante demande, j'ai dû lui donner mes raisons qui n'étaient autres que la paix, la tranquillité et le besoin de changer de zone. Je suis tout le temps dans la prison, à tourner en rond, passer d'un bloc à l'autre.

- Il est temps que je vois les choses sous un autre angle, lui ai-je répondu, et pourquoi pas depuis une tour de garde.

Elle a finit par accepter en me promettant d'être prudente. Mais je n'ai pas peur. La nuit, par ici, il ne se passe absolument rien. Si nous faisons des relais, c'est uniquement pour rassurer les gens.

Je dois avouer que tenir le fusil de chasse du haut d'une tour surplombant un paysage imprenable me donne l'impression d'avoir tous les pouvoirs et d'en faire ce que je veux. J'ai déjà eu un fusil entre les mains, ce n'est pas ça qui change. Non. C'est plutôt la taille du fusil, sa visière permettant d'avoir l'œil sur une longue distance tout en parvenant à appuyer sur la gâchette au moindre soucis. J'aime beaucoup cette arme, je ne sais pas trop pourquoi.

Cela fait six jours que Sam et moi sommes arrivés dans la prison. J'ai fait la connaissance de quelques personnes, dont certaines qui font parties du Conseil. Ce système mit en place dans l'unique but de maintenir une entente convenable entre les habitants de cet endroit et une sécurité primordial si l'on veut qu'il reste encore des gens à rencontrer. Rick, qui fait bien sûr parti du Conseil, m'a donné comme travail de m'occuper des jardins. Ça n'a pas changé depuis le premier jour. Quand au soir de ce dernier, je me suis rendue compte que je m'étais endormie comme une masse en plein milieu de la cour principale, je me suis sentie idiote. La gêne m'était montée au visage donnant à mes joues la teinte rouge écarlate. Je n'ai donc pas voulu contredire Rick après cet incident.

Carl, I'm Afraid || TWD    [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant