Carl, I'm Afraid || TWD [PAUSE]

Chapitre 12 🔫

𝔻 𝕆 𝕍 𝔼

- Elle parcourut la pièce du regard dans l'espoir de voir jaillir son ami d'un coin obscur. Mais personne ne répondit présent lorsqu'elle répéta plusieurs fois son nom dans le vent.

Les histoires que Carol lit aux enfants me semblent contenir un vocabulaire qui pourrait sans aucun doute leurs échapper, mais ils ont pourtant tous l'air captivés par ce conte. Leurs mirettes sont focalisées sur la femme aux cheveux grisâtres, leur ouïe est brouillée par l'histoire racontée. C'est comme s'ils oubliaient le temps de quelques heures ce qu'il se passait dehors. Mais, après réflexion, savent-ils réellement ce que nous traversons ? Ou croient-ils que ce n'est que le Pays des Merveilles qui nous joue des tours...

À l'écart des mômes, adossée à une bibliothèque, j'observe le club de lecture se dérouler sans encombre depuis une demi heure. Je n'y assiste pas par plaisir, loin de là. J'exerce seulement la tâche que m'a confié Maggie : depuis qu'elle est partie, je joue au garde du corps pour une gamine qui tente le diable à chaque fois qu'elle s'approche des grilles. Je la surveille du coin de l'œil, veillant à sa sécurité. De plus, dans cet atelier, je peux également voir Sam qui semble se plaire. Il ne parle pas beaucoup, ne va pas souvent vers les autres, excepté ma protégée, Francesca. Je les ai vu courir dans la plaine tout à l'heure, rigoler, jouer, tomber et s'aider à se relever l'un l'autre. Ils ont l'air de bien s'entendre, mais au lieu de me réjouir du bonheur de mon petit frère, je ne peux que tressaillir à l'idée qu'elle puisse entraîner Sam dans ces combines farfelues qui sont : entretenir des liens avec les rôdeurs.

Francesca est gentille, timide et douce. C'est incompréhensible. Je me demande depuis quand elle agit ainsi, si c'est la mort de ses parents qui a créé le mauvais déclic. J'ai de la peine pour cette petite, vraiment. Sam a de la chance, il m'a encore. Il a Rick et Carl qui sont comme une famille d'adoption. Il a son père aussi, même s'il n'en est pas encore au courant. En bref, il a de la famille qui ferait n'importe quoi pour lui. Le sort de Francesca appartient au Conseil et ils ne peuvent pas se relayer chacun à leur tour pour surveiller ses moindres faits et gestes.

C'est la fermeture du bouquin de Carol qui me fait soudainement revenir sur terre. Elle pose quelques questions aux enfants, pour savoir s'ils ont aimés, qu'est-ce qu'ils voudraient pour la prochaine fois, ect... Rien de bien palpitant, quoi. La femme convie les petits à sortir de la bibliothèque pour aller manger le repas du soir. C'est en sautillant joyeusement que les bambins filent vers leurs réfectoires respectifs. Je ne prends pas la peine de suivre Francesca, elle ne va faire que manger. Pour l'instant, je peux m'accorder une pause.

Je n'aurais jamais pensé que faire une filature sur une gamine de six ans serait si éprouvante. À chaque fois que je la perds de vue, même cinq secondes, je tremble comme une feuille. Je crains d'avoir laissé cette fillette faire la pire connerie de sa vie, jusqu'à ce que je la retrouve à faire un truc complètement insignifiant. J'ai l'impression de revivre exactement les années passées avec Sam. Ne jamais le lâcher du regard, porter mon attention toute entière sur lui, sur ses paroles, sur ses mouvements. Je croyais pourtant que ce temps là était aboli. Apparemment, je me suis trompé.

Je sors du bâtiment pour prendre l'air. Il commence à faire noir, et bientôt, ma filature consistera à avoir un œil de lynx dans un paysage noirci sans lampe torche ni autre. Je déambule dans la cour avant de la prison. Quelques rôdeurs sont à l'affût, près des grillages, mais rien d'alarmant.

Dans une tour de garde, la même où je me trouvais quelques jours auparavant, je remarque Sasha, l'œil aux aguets, son fusil de chasse bien entre ses mains. Elle ne lâche pas le paysage extérieur du regard, décidée à ne laisser aucun mouvement ou bruit suspect lui échapper. Je crois que c'est l'absence d'une partie du Conseil - et notamment celle de Rick - qui la met dans cet état, qui la rend aussi carré dans chacun de ses gestes. Je pense qu'elle a besoin de compagnie, je m'approche donc de la tour et l'appelle. Après une hésitation, elle baisse la tête et sans dire quoique ce soit de plus, elle hoche la tête.