NINA

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-    Où est-il ?

-    Je... commencé-je avant qu'il ne place un doigt sur mes lèvres fendues.

-    Je ne vais pas te poser la question indéfiniment : Où, est, mon, couteau ? Répète-il, tout en coupant chacun de ses mots.

Mais la peur qui me consume est telle, que sans réfléchir, je sors le couteau de derrière mon dos, et le lui enfonce dans la cuisse.

-    P'tite conne ! Crie-t-il, les dents serrées, et le regard assassin.

Le temps qu'il supporte la douleur, j'attrape son trousseau de clés, et tente d'enlever mes chaînes au niveau des pieds. Mais quand je m'en libère enfin, j'entends le bruit du métal tomber sur le sol, et je sens des mains s'écraser sur mon cou, me projetant contre le mur.

-    Je t'avais prévenu pourtant : on ne part pas d'ici.

Je me réveille en sueur, les cheveux collants mes joues pleines de larmes, et des marques d'ongles dans mes paumes. J'y ai cru. J'ai cru que j'étais encore là-bas, prise dans ses filets. Mais non. Je me trouve dans ma chambre, celle que j'ai laissé avant de disparaître dans un endroit inconnu, celle aux murs rose bonbon, ainsi qu'aux innombrables souvenirs qu'elle contient.

Je sors de la pièce, des vêtements sous le bras, et file sous la douche. Il n'est que cinq heures, mais j'en ai besoin. Alors que je commence à me déshabiller, je lutte avec moi-même pour ne pas jeter un coup d'œil au miroir face à moi au-dessus des deux lavabos. Mais la curiosité finit par l'emporter, et je me retrouve les yeux rivés sur la projection de mon corps. J'affiche une tête étonnée en découvrant plus de cicatrices que je ne l'aurai cru.

Des entailles un peu partout sur les jambes et le ventre, quelques brûlures par ici, et par là. Malheureusement, le choc est plus grand quand je me retourne. Mon dos – où du moins ce qu'il en reste – et marqué de toute part. Je ne me rappelle même plus pour quelle occasion j'ai eu le droit à tant de dureté, mais je ne préfère pas m'en souvenir pour autant. J'entre alors dans la cabine de douche, et passe le jet d'eau sur ma peau pâle et meurtries.

-    Nina ? C'est toi qui es dans la salle de bain ? Demande la voix endormie de mon père à travers la porte.

-    Oui, j'ai fini, j'arrive.

Je m'équipe rapidement de mon jogging et de mon pull, et lui ouvre la porte, en le bousculant légèrement pour passer.

-    Où vas-tu à une heure pareille ?

-    Dehors.

-    Et tu crois que je vais te laisser sortir peut-être ?

-    Non, mais je m'en fiche un peu, alors si tu pouvais me laisser passer, j'aimerai bien aller chercher mes chaussures.

-    Tu as perdu la tête ou quoi ? Tu nous reviens tout juste, et tu penses que je vais te laisser sortir, là où il pourrait t'arriver du mal. Je suis ton père, Nina, et je refuse que tu quittes cette maison !

Sur ce, j'explose de rire. Un rire franc, que je n'ai pas eu pendant toute une année, et que je ne pensais plus avoir.

-    Mon dieu que c'est drôle ! Alors de un, le mal, tu ne sais pas ce que c'est. De deux, je fais ce que je veux. De trois, je crois que le divorce ça vous a ramolli tous les deux, avec tes phrases toutes faites.

Je le vois blêmir, et je me félicite pour cette répartie que je n'ai jamais eu auprès de mon père. J'ai touché un point sensible, et je le vois.

-    Co...comment es-tu au courant ?

-    Euh... Tu ne portes plus ton alliance, tu dors sur le canapé, et puis je ne sais pas, mais vous êtes de piètres comédiens, c'est tout, continué-je en descendant les marches, quand il s'est finalement décalé.

Tell me the truth...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant