JAKE

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Une semaine, une semaine que je n'ai pas de nouvelle de Nina. Elle rejette mes appels, n'ouvre même pas mes messages... Je ne sais plus quoi faire. J'ai fais n'importe quoi, et maintenant je dois en payer le prix. Je n'arrive pas à me la sortir de la tête. Nuit et jour, à n'importe quelle heure. Elle me manque...

J'ai arrêté de traîner avec la bande aussi. Je ne supportais plus de les voir tous les jours, d'accepter la tête baissée qu'ils s'en prennent aux élèves de notre lycée. Je pense qu'il était tant, qu'il fallait que j'ouvre les yeux sur qui sont ces types en vérité. Il n'y a que Logan qui m'a suivi. Il est resté avec moi quand j'étais mal, il m'a soutenu en quelques sortes, et j'ai bien été obligé de tout lui raconter, de A à Z. Je lui ai dit pour cette nuit là, pour la culpabilité qui me ronge depuis, pour Dante, pour ce que je ressens à l'heure d'aujourd'hui pour Nina... C'est comme vider son sac pour la centième fois, mais de n'être toujours pas libéré. Bien évidemment, il m'a interdit de revoir Dante, et que dans le cas contraire, il dirait tout à mes parents, sauf que c'est impossible. Je suis coincé avec ce malade, et pour un petit moment encore je pense...

Je rentre de la salle de sport, il doit être vingt heures, et il n'y a pas un chat dehors. Le bruit du vent fait écho, les feuilles des arbres vacillent, et se décrochent pour voler vers le ciel, les lampadaires clignotent dans la pénombre, et je suis le seul à admirer ce spectacle qu'offre la nuit. Je me dépêche, j'avais promis à mon père d'être là pour vingt-et-une heure, car notre équipe devrait jouer un match décisif, et il me reste encore trente minutes de marche. Je change la musique qui résonne dans mes écouteurs, quand soudain je me sens projeter contre le mur. On me tient par le col de mon tee-shirt noir, ma gorge serrée par tant de force.

- Mini Ric, mini Ric... Que faut-il faire pour que tu comprennes ce qu'on te dit ?

- Dante... dis-je faiblement, en reconnaissait le visage qui vient de passer dans la lumière de la ville.

- En personne ! Tu pensais pouvoir m'éviter combien temps ? Deux semaines ? Un mois ? Non, sérieusement, je n'apprécie pas vraiment ce jeu du chat et de la souris mon petit gars, lance-t-il le ton sec, tout en tapotant ma joue comme on le ferait à un enfant.

- Je te manquais à ce point ? Fallait m'appeler dans ce cas là, on aurait pu aller manger un petit bout, discuter, tout ça quoi...

Je lui souris de toutes mes dents, et comme réponse il resserre sa prise sur ma gorge, me coupant en même temps la respiration. Je me sens changer de couleur, et cette fois-ci, c'est lui qui sourit.

- Jake, tu sais, on ne se montre pas aussi insolent envers plus vieux que soi. Non, au contraire, on leur doit du respect, finit-il en m'administrant un coup de coude en plein dans le nez, faisant couler un liquide rougeâtre le long de mes lèvres.

- Enfoiré !

- Répète. Je crois ne pas avoir bien entendu... Bien, maintenant, quand je t'appellerai, tu aurais l'amabilité de répondre, car sinon, il risque de t'arriver d'autres mésaventures nocturnes...

Je tiens mon nez qui ne cesse de couler, et me relève. Il n'est pas parti, et je ne pense pas qu'il parte tout de suite ; Je vais pour répliquer quelque chose, mais une voix m'en empêche.

- Lâche-le et barre-toi.

Dites-moi que je rêve ? Sérieusement ?

- Et t'es qui toi ? Sa baby-sitter ?

- Non, je suis son pote, alors si tu ne veux pas que je ramène les flics ici en moins de deux, dégage.

Je regarde Dante, qui a l'air furieux vu la façon dont il serre ses poings et sa mâchoire. Il a l'air de vouloir riposter, de peut-être vouloir me tuer qui sait ?

- On se reverra mini Ric, mais cette fois, tu ne seras pas aidé.

Il s'éloigne doucement, à reculons, puis se retourne et frappe dans un panneau publicitaire, le faisait tomber au sol dans un vacarme monstre.

- Pourquoi t'es là toi ?

- En général, on dit « merci » je te signale.

- Je ne rigole pas Cooper, tu veux quoi ? Je demande, en perdant un peu patience.

- On est ami, pourquoi je voudrais quelque chose ?

- Cooper Kennedy ne fait jamais rien sans rien, alors accouche, et vite !

Il sait que j'ai raison, alors il baisse les yeux, et se frotte la nuque.

- Ce n'est pas ce que tu crois. Je ne veux pas grand-chose, juste ton aide...

- Mon aide ? Pourquoi faire ?

- Pour me faire pardonner... dit-il après un certain temps, l'émotion transparaissant ses yeux.

- Qu'est-ce que t'as fait pour être dans cet état ?

Il ne répond pas, alors je commence à m'énerver. Déjà, il se pointe comme une fleur, ensuite mon nez pisse toujours le sang. Je sors un tee-shirt de mon sac de sport, et me le colle sur la zone concernée, tout en appuyant assez fort pour stopper l'hémorragie.

- Tu n'es pas le seul à ne pas avoir aidé Nina, et tout comme toi, je veux me faire pardonner pour mes erreurs.

Nina ? Mon regard fuse dans sa direction, et je comprends soudainement mieux. Aucune remarque sur sa disparition, aucun mot sur elle, rien et encore plus depuis son retour. Il n'a jamais été aussi distrait, et de l'entendre maintenant, tout s'éclaire. Il a fait quelque chose que lui aussi regrette, mais quel degré de gravité a-t-il atteint ? Mais quelque chose m'échappe : Comment peut-il savoir ce que tout le monde ignore à mon sujet ? Comment peut-il savoir que je veux me faire pardonner ?

- Comment est-ce que tu sais ça ?

- Mon père... J'ai fouillé dans ses dossiers quand il est sorti de son bureau. Il y a une déclaration signée de ta main qui explique tout en détail... et... je l'ai lu. Je sais ce que t'as fait, et pourquoi. Maintenant, il faut qu'on se rachète pour ce qu'on a fait. Il faut qu'on trouve le moyen de...

- Pourquoi maintenant ? je m'exclame, la mâchoire se contractant de colère.

- Parce que j'ai merdé. Je l'assume, et je veux me racheter.

Je le regarde encore une seconde, la colère fusant de tous les pores de ma peau, coulant dans mes veines comme une drogue. Je ne veux pas. Il me dégoûte. Il veut se racheter, ne plus rien avoir sur la conscience, ne plus être consumé par la culpabilité d'avoir laissé une innocente se faire prendre par un malade. Et moi ? Je ne sais pas ce que je veux. Je veux me faire pardonner, l'aider à vivre sa vie, à la reprendre en cours de route sans toutes ses personnes qui la croit coupable avant de la connaître, je veux ce que tout le monde veux au moins une fois dans sa vie : l'aimer.

Je remets la lanière de mon sac de sport correctement sur mon épaule et tourne les talons. Tout se bouscule dans ma tête, mes sentiments, mes peurs, mes démons... Je ne suis pas quelqu'un de stable, sur qui on peut compter. Je suis dérangé et solitaire, ce qui fera toujours de moi l'opposé de Nina. Je peux l'aider, et je le ferai, mais une fois que ce sera chose faite, il me faudra la quitter, parce que je lui suis nocif... c'est comme ça que marche le monde.

Je passe la porte de chez moi, traverse le salon sous le regard suspect de mon père, et monte les marches deux par deux. Ce soir, il n'y aura que moi, ma solitude, et ma tristesse.



     Coucouuuu désolée mais on va dire que les chapitres seront le week-end parce que je sais pas si vous l'avez remarqué mais je suis très souvent en retard donc c'est mieux comme ça. Donc j'espère que vous avez aimé (ou non, hein) et puis vous voyez une autre partie de Jake... Et Cooper oups !

Tell me the truth...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant