NINA

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Sam est resté avec moi toute la nuit, alors nous avons regardé des tas de films et j'en ai même découvert un qui s'appelle « N'oublie jamais » ...

Quand nous avons eu fini de tout visionner, j'ai enfin réussi à affronter son regard plein de tendresse, contrairement à ce que je pensais. Il ne m'a pas jugé entre le moment où je lui ai annoncé la nouvelle et où je me suis endormie en pleur sur son épaule.

- Coucou toi, j'entends en ouvrant difficilement les yeux.

- Salut.

Je m'étire et frotte mes yeux doucement avant de me souvenir de la veille. Je lui ai avoué avoir tué un homme et pourtant il ne m'a rien dit, et ça m'a empêché de fermer l'œil pendant une bonne partie de la nuit.

- Tu ne m'as pas dit ce que tu pensais de ce que j'ai fait...

- Parce qu'il n'y a rien à dire.

- Comment ça ? Je m'alarme à l'idée que je puisse le dégoûter.

- Tu as fait le nécessaire. Il t'a kidnappé, fait je ne sais quoi, il te retenait loin de tout et je pense que tu as fait ce qu'il fallait pour t'en sortir. Peut-être que de le tuer aurait été le seul moyen pour toi de partir vivante, et de retrouver ta famille.

- Mais comment fais-tu pour me croire à chaque fois ? Pourquoi est-ce que tu es le seul qui ait foi en moi ?

Il se tourne vers moi et prend mes mains dans les siennes.

- Je pense que j'ai foi en la Nina qui se tient devant moi. Les autres ne voient en toi que celle qui criait pour un rien, qui se moquait de tout le monde et qui était crainte de tous. Tu as changé, cette expérience, même malsaine, t'as changé. Quand tu parles, on n'a plus forcément envie de t'en mettre une ou de partir. Tu as cette lumière dans les yeux qui me montre, qui nous montre, que tu n'es plus la même, et que tout est vrai. Je tiens aussi à préciser que je ne connais absolument rien de ce qu'il t'est arrivé là-bas, ni comment ou pourquoi, laisse-t-il glissé après son speech, comme pour m'amadouer.

- T'es trop mignon, merci, mais je ne pense pas que tu pourrais l'accepter.

Il fait la moue et lâche mes mains pour croiser les bras comme un enfant qui boude.

- Sam, si tu savais tout ce que j'ai vécu, je ne pense pas que tu me regarderais de la même manière...

- Mais si, mais si ! Je te le jure ! Raconte-moi tout de A à Z !

Devant tant de conviction, je cède en sachant d'amblée qu'il n'en fera rien. Alors je me lève et je vais vérifier dans le couloir que Madeleine ne soit pas dans les parages, car je n'aimerai pas qu'elle arrive au moment où je m'apprête à faire une énorme révélation à Sam – parce que, oui, il n'y a pas de verrou sur la porte.

Je referme la porte et me tourne vers mon ami. Je prends une profonde inspiration, et au lieu de parler, j'enlève mon pull. Dès qu'il voit mon geste, il se couvre les yeux brusquement.

- Non mais ça ne va pas ?! Je suis gay, d'accord, mais vas-y mollo !

- Tu veux la vérité, non ?

Il enlève alors ses mains et je me retrouve assez vite en soutien-gorge. Quand son regard se pose sur moi, ses yeux s'écarquillent d'un seul coup, et ses mains se posent sur sa bouche.

- Oh... mon... Dieu...

Il me rejoint précipitamment et n'ose pas poser sa main sur moi. Mais il me tourne autour et je sens qu'il n'est pas bien.

- Tu... Est-ce tu as mal ?

- Non, ça va, j'ai cicatrisé depuis le temps. Mais c'est là dedans que ça fait mal, dis-je en lui montrant ma tête avec mon index.

Il ne répond plus rien. Je remets mon habit et m'installe sur le matelas en tailleur avec lui.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu es sûr ? Je lui demande quand même, ne sachant pas s'il est préférable qu'il soit tenu au courant.

- Vas-y.

Je me lance et puis en ouvrant finalement la bouche, je fais machine arrière.

- Je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Tu ne peux pas savoir comment ça été dur, et en reparler, là, maintenant, tout de suite... c'est trop tôt...

- Très bien, mais quand est-ce que tu seras prête ?

Je le regarde sans savoir quoi répondre. A chaque fois que je ferme les yeux, je revois notre cage, je revois cet homme, je revois les armes, je revois le chaos. Si je n'arrive pas moi-même à le gérer, qu'en adviendra-t-il de lui, ou des autres ? Peut-être sont-ils plus forts que moi ? Qu'ils réussiraient à rester calmes ? Calme... Je tente de me calmer mais c'est peine perdue. Ma respiration s'est accélérée, mon cœur cogne contre ma poitrine et mon souffle s'emballe. Je n'arrive plus à inspirer, et les yeux toujours clos, je me sens tomber au sol. Ma tête heurte le parquais mais je continue de fermer les yeux.

Ce n'est qu'un cauchemar, et tu vas te réveiller.

J'entends des bruits sourds, des cris, des pas, tout est confus. Mon corps est léger et à la fois lourd, une douleur vient d'apparaître dans ma cage thoracique mais je n'ai plus aucun contrôle sur mon propre corps.

Tu dois te réveiller !

Je suis en pleine crise de panique, je le sais, j'en ai déjà fait là-bas. Mais celle-ci est différente. C'est comme si je ne voulais plus répondre, je ne voulais plus souffrir...

Réveille-toi !

Une décharge, et je suis soudainement projetée hors de ma crise. Je vois flous, les sons sont flous, tout est flous. Mais des couleurs apparaissent progressivement, du rouge, du gris, tout comme la sirène incessante du véhicule dans lequel je me trouve.

Non, pas ça...

Bonzoirrrrrrr !! Chapitre un peu en retard mais considérez ça comme mon muguets 😂😂😂😂😂bref j'espère que vous avez aimé 💉

Tell me the truth...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant