NINA

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Je me réveille d'un coup. Les lumières au-dessus de moi m'aveuglent, et l'espace d'un instant je me demande si tout cela est réel. Si je ne suis tout simplement pas dans mon lit d'hôpital, ou si j'ai un jour été à l'hôpital. Et puis la réalité m'assaille.

- La Belle au Bois Dormant se réveille, s'extasie l'homme avec le scalpel.

Une douleur apparaît au niveau de mon ventre, à l'endroit où il a pratiqué ses manœuvres avant que je ne perde connaissance.

- Qu'est-ce... qu'est-ce que vous m'avez fait ?

- Tu veux toujours tout savoir toi ! Bon, j'ai ouvert pour regarder si rien ne manquait depuis la dernière fois. Mais non ! On ne m'a rien volé ! Ce qui m'a un peu calmer, mais il a fallu refermer. Ensuite j'ai testé un nouveau petit quelque chose : la brûlure. Mais ton corps agit bizarrement. Quand je brûle cette parcelle de peau, fait-il en désignant mon mollet, eh ben une simple tâche apparaît avant que je n'arrête tout...

Je le savais ! J'ai cru passé dans un barbecue à un moment donné, mais j'étais trop sonnée, sauf que je ne sens plus la partie concernée pour l'instant.

Je laisse échapper quelques larmes quand je pense au fait que j'avais réussi à fuir tout ça, à retrouver le confort de ma ville et de ma maison. Je préférerais cent fois plus être traitée de folle, de menteuse et autres insultes par les gens du coin que de subir ces putains de conneries d'explorations !

Et puis je sens se briser quelque chose en moi quand je me rends compte où nous sommes. Cet abri, la cabane, tout cela n'est qu'à la frontière entre notre ville et celle d'à côté, et pourtant personne ne pourra nous trouver. J'aurai beau crier de toutes mes forces, faire un vacarme monstre, rien ne sortira de cette pièce isolée du bruit.

- Je voulais te féliciter parce que tu as été une gentille fille. Tu n'as rien dit à la police quand tu le pouvais, donc peut-être que je pourrais t'offrir quelque chose en retour, continue-t-il en souriant de ses dents impeccables.

Voilà le problème, en un an, je n'ai jamais eu de cadeau ou quoi que ce soit venant de cet homme à l'allure parfaite. La plupart des psychopathes sont comme ça si j'en crois un exposé que j'avais suivi en classe : on ne pourra déceler cette anomalie chez eux car ils savent le dissimuler. Tous ne sont pas ainsi, mais dans mon cas, je peux le dire. L'homme qui se tient devant moi a tout de normal. Un visage normal, une voix normale, une taille normale, un corps normal... Au premier abord on ne se doute de rien, et puis, soudain, quelque chose d'autre semble l'animer. Son regard devient sombre, ses mains tremblent, et son dos se voute. C'est comme si j'avais affaire à deux personnes totalement distinctes...

J'entends ses pas s'éloigner vers un coin sombre de l'endroit où nous sommes, puis il revient avec un sac sur l'épaule. Mais quelque chose cloche. Le sac vient de bouger, je pourrais le jurer.

- Vu que l'autre était cassé, je suis allé chercher un nouveau jouet. Et je veux bien te le prêter un peu.

Non, non, non ! Pas encore !

Il pose le sac par terre et en sort une jeune fille aux cheveux roux. Un morceau de scotch est posé sur sa bouche, et d'où je suis, je peux distinctement voir ses larmes ruisseler sur ses joues.

- Dis bonjour à Rose !

Sa voix me transperce, et je murmure faiblement un « bonjour Rose », avant de fermer les paupières pour empêcher mes larmes de couler.

Rose est magnifique. Elle a le teint pâle, avec quelques tâches de rousseur ça et là, ses cheveux forment une tignasse bouclée et ses yeux émeraude doivent être particulièrement beaux quand ils ne sont pas noyés par la terreur. Elle ne mérite pas sa place ici. Je ne sais même pas sur quels critères ce fou se base pour enlever. Je sais qu'il y a eu Jessica, une jeune blonde aux yeux bleus, moi, brune aux yeux marron, et puis Rose... Mais Dieu seul sait s'il n'y en a pas eu d'autres avant nous et la seule chose qui nous relie est le fait que nous soyons toutes des filles !

- Je vais te détacher Nina, et je vais vous conduire toutes les deux dans votre chambre.

Ma « chambre »... La première fois que j'ai entendu ça, je m'attendais réellement à une chambre, mais je n'ai trouvé qu'une cellule vide, avec un sol dégoutant, fermée par des barreaux. Je sais parfaitement ce qu'elle endure. Elle ne sait pas pourquoi elle est là, ce qu'elle a fait pour mériter cela, et elle ne le saura jamais.

- Je te fais confiance pour faire bonne impression, finit-il avec un clin d'œil, tout en desserrant mes sangles.

Il quitte la pièce par les escaliers, et nous entendons ses pas résonner au-dessus de nos têtes.

Je tente de descendre de la table, mais je ne sens plus mes membres inférieurs, alors je tombe sur le béton, poussant un juron au passage. Rose se précipite sur moi, affolée, me demandant si je vais bien en boucle jusqu'à ce que je me relève.

- Il faut qu'on se dépêche d'accord ? Si on le fait attendre il risque de s'énerver, et je veux gagner le maximum de temps avant qu'il s'en prenne à toi.

- Mais on peut s'enfuir, il est... je...

- Non on ne peut pas, j'ai déjà essayé, et il m'a retrouvé.

- Tu es... cette fille à la télé... Susurre-t-elle après un moment, avant d'être de nouveau secouée par ses sanglots.

- Oui, alors on va monter, et tu feras tout ce qu'il te dit. Il attend généralement une semaine avant de s'en prendre aux nouvelles. Donc tu me suis, et tu essayes de ne pas trop pleurer, il a horreur de ça.

Elle ne me répond rien avant un bon moment, ce qui commence à m'inquiéter, puis elle prend ma main et avance derrière moi.

Je ne sais ce qui est le plus dur : Etre de nouveau ici, ou savoir qu'une autre personne va mourir avec moi.

TINTINTINTINNNNNNNNNNNN
ROSE LA PAUVREE QUAND MÊME NON ?
bon j'espère que vous avez aimé et puis désolée du retard encore 😅

Tell me the truth...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant