NINA

68 9 6
                                    

Je prends une profonde inspiration, et tente de répéter mon petit speech devant la grande porte d'entrée en bois. C'était plus facile à dire qu'à faire enfin de compte...

- Bonjour je m'appelle Nina, je suis tombée sur une photo de votre fille sur un site et je voulais vous partager mes derniers souvenirs avec elle, parce que nous avons été enlevées ensemble...

Je murmure à peine ces mots, et quand je compte reprendre depuis le début, la porte s'ouvre sur un homme d'environ une quarantaine d'années.

- Nina Harper ? Demande-t-il sèchement.

Je hoche simplement la tête, et il se dégage du passage pour me laisser entrer.

- Je suis désolée de vous déranger, mais je suis tombée sur une photo de votre fille sur un site et je voulais...

Je m'arrête brusquement. Je ne peux tout de même pas dire ça à son père. Je ne dois pas parler de ça, mais il faut que j'amène le sujet.

- Je voulais vous dire que la seule fois où je l'ai vu elle a été adorable.

- Vous l'avez rencontré alors ?

- Oui, euh dans mon lycée, elle était venue pendant une journée porte-ouverte, et elle était très intéressée par le monde qui l'entourait, je continue, sans savoir s'il me croit ou non.

Il marche quelques instants, puis se tourne et s'arrête, tout en me regardant.

- Vous voulez peut-être boire quelque chose ou manger quelque chose ?

Je réfléchis pendant un court moment et je me rappelle que je n'ai pas mangé depuis plus d'un jour, mais rien que de penser à de la nourriture descendant le long de ma gorge, j'ai envie de vomir.

- Non merci, par contre, est-ce que je peux vous demander où sont vos toilettes ?

Il m'indique la première porte à droite à l'étage, et une fois dans la pièce, j'ouvre le robinet et me passe de l'eau sur le visage. Être en contact de son père est plus compliqué que je ne le pensais. Il avait l'air en colère au téléphone, et puis là, il semble plus, serin ?

Je sors de la salle de bain et parcours les murs du couloir des yeux. Sur leur couleur triste et pâle, des photos d'une Jessica souriante réchauffent l'endroit. Ainsi, c'est comme si elle était toujours présente, avec sa joie de vivre. Je me demande parfois comment se serait déroulée sa vie si elle n'avait pas croisé le chemin de ce fou. Peut-être serait-elle devenue un grand médecin renommé, ou bien une danseuse professionnelle. J'aime penser qu'elle aurait pu avoir une vie remplie d'amour et de bonheur, même s'il est clair que ce fut le cas avant ça.

Je descends les marches lentement, et rejoins l'homme sur le canapé en cuir noir.

- Alors vous dites avoir rencontré ma fille dans votre lycée, c'est ça ? Et quel est le nom de cet établissement ?

- Je... Euh...

- Vous avez vraiment cru que j'avalerai cette histoire ? Sérieusement ! Quand j'ai entendu votre prénom, j'ai compris qui vous étiez, et puis, je me suis permis de regarder dans vos affaires, et notamment dans votre ordinateur.

- Ce n'est pas ce que...

- Ce que je crois ? Hurle-t-il en me coupant. Ce que je crois c'est que vous êtes tombée sur cet article et que pour faire croire tous vos petits camarades, vous vous êtes empressée de venir nous torturer, ma femme et moi.

- Si ça c'est de la torture... Je murmure faiblement, ne voulant pas qu'il m'entende.

- Qu'est-ce que vous avez dit ? Non, écoutez, laissez. Vous n'êtes pas la première à venir parler de ma petite fille, et vous ne serez pas non plus la dernière, alors allez-vous en.

Je le regarde difficilement dans les yeux, mais je le comprends. Je prends mon sac et quitte la pièce pour me diriger vers le vestibule. Il y a encore ici des photos, des dessins, un nombre incalculable d'objet faisant référence à leur enfant disparue. Tout dans cette maison semble froid, triste, brisé. J'en viens à me demander si l'épreuve a été la même pour mes parents. Je n'ai pas réellement fait attention à mon chez-moi ces derniers temps, mais il me semble que oui, mes parents ont réagi comme les siens, pour ne pas nous oublier peut-être...

- Un jour, elle a enfin prononcé un mot devant moi, quelque chose de simple à retenir, que je n'ai bien évidemment pas compris, mais je nai pas posé de questions et je pense qu'il ne m'était pas adressé à moi, mais à vous... si j'y arrivais et pas elle, je continue en murmurant tout bas. Elle a juste dit « paloma ». J'espère qu'un jour vous trouverez la force d'avancer, même si elle n'est plus là.

Je pose ma main sur la poignée et ferme les yeux. Elle est partie trop tôt, trop jeune, et ça, je ne l'oublierai pas. J'abaisse la poignée et quitte le domicile des Finnigan. Je ne sais pas où je vais dormir ce soir, mais autant ne pas y penser pour le moment.

- Nina !

Bonsoir.
J'aimerai bien que vous me commentiez ce chapitre et les autres hein 😏pour que je puisse m'améliorer et tout ce qui va avec 😊
Bref j'espère que vous avez aimé et puis à dans 1 semaine.

Tell me the truth...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant