Hypothermie

203 35 2
                                    

Il neige à nouveau aujourd'hui et c'est toujours aussi beau. C'est parce qu'il neige que j'ai décidé de retourner en cours. J'ai espoir de revoir Louis tourbillonner sur lui-même, heureux, le sourire aux lèvres. J'ai besoin de ça. J'ai besoin de voir quelqu'un heureux. Quelqu'un que j'aime vraiment. J'ai besoin de ça, j'ai besoin de me dire que moi aussi, peut-être qu'un jour, je sourirais comme ça, comme quelqu'un de véritablement heureux.

Parce que oui, j'aime beaucoup Louis, par sa façon d'être, sa façon de me ressembler tout en étant différent. Par notre façon de nous équilibrer pour ne pas que l'on s'effondre à nouveau. J'aime beaucoup Louis, oui.

Je suis arrivé au lycée, le cœur battant plus fort et plus rapidement que la normale. Malgré tout, mon retour m'angoissait. Je ne voulais pas revoir ce groupe d'imbécile, ni ce placard dans lequel j'ai été enfermé. Je ne voulais pas non plus voir tous ces regards qui se portent actuellement sur moi. Regard de pitié ou d'amusement, peu importe. La nouvelle avait surement dû rapidement faire le tour de l'établissement et je détestais être dans cette position.

L'impression d'être une bête de foire.

J'ai attendu longtemps au casier de Louis, très longtemps. Mais il n'ait jamais venue et je m'en suis voulu. Peut-être n'était-il plus venu depuis que j'avais refusé de retourner en cours. Peut-être était-ce ma faute.

Mais on était mardi et mardi il y avait entrainement de foot. Louis aimait trop le foot pour louper un de ces entrainements. Je le sais, c'est comme une chose logique. Jamais il n'aurait loupé une journée de cours au risque de louper son entrainement. C'est impossible.

Alors j'ai commencé à paniquer. Parce que merde, on était dans un putain d'établissement de merde qui accueillait des élèves surdoué dans la façon de bousiller la vie de quelqu'un. Et putain, cette année, c'était Louis. Louis était leur planche de tir, qu'ils se faisaient un plaisir de mitrailler. Le voir souffrir les faisait jouir et rien d'autre ne pouvait plus égayer leur journée que de voir ce garçon à la limite de l'agonie.

Et Louis est la dernière personne à mériter ça.

Je l'ai cherché partout, dans les couloirs, dans les toilettes, dans le placard, dans les vestiaires du gymnase. Partout. Enfin presque. Je suis retourné au stade en espérant vraiment que je me faisais des films, qu'il était simplement en train de manger à nouveau des flocons de neige et qu'il n'avait pas vu le temps passé.

J'ai espéré très fort, mais je savais, au fond de moi, que c'était faux.

Et je l'ai trouvé. Là, allongé dans l'herbe recouverte de neige. Sans t-shirt, ni chaussure. Sans pantalon, juste vêtu de son boxer. Il était allongé sur la neige qui devait surement bruler son corps, et même de loin, je pouvais voir qu'un filet de sang sortait de son nez pour finir son chemin sur le sol, en colorant la neige d'une petite flaque rouge.

« LOUIIIIS ! » j'ai crié en courant vers lui, priant presque pour qu'il soit encore conscient. J'avais à mon tour envie de pleurer. Vraiment. Mon ventre me faisait atrocement mal et j'avais l'impression qu'une centaine de personne miniature tirait mon cœur dans tous les sens jusqu'à ce que l'envie de vomir me parvienne.

C'était horrible de le voir comme ça, tremblant et à peine conscient. « Louis, allez restes éveillé, j't'en prie » Je me suis déshabillé, enlevant ma veste et mon t-shirt pour couvrir au moins le haut de son corps. Sa peau était gelée, c'était horrible. Tellement gelé, on aurait dit celle d'un mort.

J'ai passé mon bras droit sous ses jambes et ai pris le reste de son corps par mon autre bras de libre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'ai passé mon bras droit sous ses jambes et ai pris le reste de son corps par mon autre bras de libre. Le sang de son nez, s'étalait maintenant sur mon torse mis à nu et je ne faisais que répéter son prénom dans l'espoir qu'il ne s'endorme pas vraiment. « Allez Louis, encore un petit peu, s'il te plait, je sais que tu peux le faire, un tout petit peu, j't'en prie, reste éveillé »

J'ai marché le plus vite possible pour l'amener à l'abri des flocons de neige et ai sorti mon téléphone pour composer le numéro des secours. Louis est en hypothermie et personne mieux placé qu'eux ne pouvait y faire quelque chose. Pas même moi.

« Vous êtes bien en relation avec le centre de secours, que puis-je faire pour vous » j'ai entendu. Mes mains tremblaient et ma voix faisait de même mais il fallait que je fasse vite, très vite. « Mon ami est en hypothermie, il lui faut une ambulance s'il vous plait, il est gelé et est à peine conscient. Je suis à l'université Frandfort, sur le terrain de foot. S'il vous plait » je réussi à dire. Je ne sais même pas si elle m'a correctement entendu à cause de ma voix qui ne faisait que dérailler.

Et puis plus rien, mon téléphone s'est éteint et j'ai compris que je n'avais plus de batterie. Pas maintenant putain, pas maintenant. Violette je t'en pris. A toi de jouer maintenant, fait en sorte que ça a été suffisant, s'il te plait, ne nous laisse pas comme ça. J't'en prie Violette, j't'en prie.

« Allez Louis, reste avec moi s'il te plait, ils vont arriver, ils vont arriver, eh eh eh voilà c'est ça garde les yeux ouvert, c'est ça » Les vestiaires du stade de foot n'était pas ouvert, seul le petit abri du banc de remplacement nous protégeait de la neige mais je ne pouvais pas empêcher le froid et Louis était toujours glacé malgré les vêtements que je lui avais donné.

J'ai embrassé son crâne au moins une dizaine de fois en le berçant et je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer à mon tour en le voyant si démuni, à la limite de l'inconscience. Une sonnerie suivi d'un bruit de moteur à atteint mes oreilles et j'ai soufflé de soulagement. « Ils sont là Lou, ils sont là, ça va aller »

Une femme et trois hommes sont sorti du véhicule et se sont précipité vers Louis avec un brancard et une couverture de survit

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Une femme et trois hommes sont sorti du véhicule et se sont précipité vers Louis avec un brancard et une couverture de survit. J'ai senti qu'il me le prenait, qu'il avait enlevé Louis de mon corps, mais je ne pouvais pas bouger. Un des hommes me parlait mais ça sonnait comme un écho lointain. Vraiment lointain. Presque sourd.

Les pompiers, le médecin, le brancard, la couverture de survit. Toutes ces choses m'avait déjà été familière une fois dans ma vie et je n'ai pas pu réagir. Violette. Elle avait elle aussi été installé sur ce même brancard, recouverte de cette couverture, entouré par des pompiers alors que tous savaient que sa vie était déjà terminé.

Cet homme m'a bousculé l'épaule pour que je revienne à moi mais tout était flou dans ma tête. Mes yeux étaient encore inondés de larmes et j'avais du mal à mettre une image fixe sur son visage. « Votre ami aura besoin de vous à son réveille » je parviens à entendre. Louis. Putain. Réagi Harry, il a besoin de toi. Vraiment besoin de toi. Violette n'est plus là. Plus là, pour toujours. « C'est de ma faute, j'aurais dû le trouver avant »

« Il aura besoin de vous, monsieur » répète à nouveau le pompier. Besoin de moi. Ouai, je serai là, promis Louis. « Je-j'arrive ».


Journal d'une âme perdue » LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant