Chapitre V

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Le lendemain, nous nous étions donné rendez-vous dans un petit café pour en parler. Maria et moi avions eu du mal à encaisser la nouvelle, mais tentions de ne pas laisser paraître de trop nos émotions devant Chang. Nous essayions de le raisonner et de le rassurer, mais même nous n'étions pas sûr du sort qui arriverait à Jess. Chang s'effondra, je voulus lui remonter le moral et le rassurer en disant :

« Ça ira, tout va s'arranger. »

Chang releva la tête.

« Qu'est-ce qu'on en sait ? On ne sait même pas d'où cela vient ! »

J'avais beau vouloir le rassurer, Chang restait pessimiste. Il nous expliqua les symptômes de Jess : de nombreuses migraines et des crises de démence. Bien que l'on soit habitué à la folie quotidienne de Jess, on fut surpris de ce que Chang nous expliqua, cela était beaucoup moins joyeux que d'habitude.

« La fois dernière, j'ai voulu lui rendre visite pour voir si elle allait mieux, je ne la trouvais pas, je l'ai cherchée partout dans son appartement. Et en fait, elle était restée dans un coin de la pièce, debout, droite comme un piquet en me fixant, elle s'était peinte en vert de la tête aux pieds. Je lui ai alors demandé si elle allait bien et qu'est-ce qu'elle faisait là comme ça, et elle m'a répondu : je suis un arbre, arrose-moi j'ai soif. »

C'était assez surprenant et je ne sus comment réagir. Je retins le sourire qui s'esquissait sur mon visage, et je vis que Maria se retenait de rire aussi, peu accoutumée à ce genre d'explication.

« J'ai peur, continua Chang, le soir je suis resté dormir avec elle pour la surveiller, en plein milieu de la nuit, elle s'est levée, elle est sortie du lit et s'est cachée en dessous. Je lui ai demandé si elle comptait dormir là et elle m'a dit : Chut, ils vont nous entendre.

-Qui ça ? Demandai-je.

-Je sais pas, je lui ai demandé, elle m'a répondu quelque chose du genre : chut, ils sont à notre recherche, ils vont nous trouver situ parles. Elle est restée toute la nuit sous le lit. Hier matin, j'ai profité qu'elle aille bien pour l'emmener se faire ausculter : je savais ce qu'il allait me dire. Je ne supporte pas de la voir comme ça, j'ai prétexté être parti faire des courses, alors que je suis juste sorti me changer les idées, je stresse à l'idée de retourner chez elle et de la voir délirer. »

Je lui demandai alors :

« Pourquoi tu restes chez elle alors ?

-Je veux pas la laisser seule, répondit-il. J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, qu'elle se blesse dans sa folie...

-Je comprends, dis-je. »

Après être restés discuter longtemps en touillant dans nos boissons sans y toucher, on décida de partir chacun de notre côté. Chang était reparti surveiller Jess et moi, j'avais demandé à Maria si elle voulait venir, mais elle m'avait répondu qu'elle devait aller chez ses parents. Je me retrouvai seul et décidai donc de rentrer.


J'arrivai chez moi et me débarrassai de mon gilet. 12H07. J'allumai le gaz de mes plaques à induction et commençai à faire bouillir de l'eau. De manière inattendue, j'entendis une voix me soufflait dans ma tête :

« Il faut détruire... »

La voix s'atténua et disparut. Je regardais autour de moi : personne. Je commençai à avoir peur, mon rythme cardiaque s'accéléra : je ne savais pas ce qu'il se passait. Je continuai de regarder autour de moi, toujours rien. Je parvins à me calmer et repris ma cuisine. Tout d'un coup, la voix réapparut :

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