« Nous allons devoir vous enlever votre cerveau ! »
Voilà ce qui se répétait dans mes cauchemars. Beaucoup d'angoisse pour une situation laissée en suspens, attendant la semaine d'après pour être réexaminé. J'avais parlé de mon cas à Maria qui avait tenté de me rassurer, mais je percevais dans sa voix une inquiétude qu'elle avait du mal à dissimuler. Je continuais par moment à entendre les voix qui me parlaient, comme si une émission radio émettait dans ma tête, et répétant toujours la même chose : qu'il fallait détruire quelque chose, et une série de nombre : 45,17, 5 et 72. Je ne savais pas à quoi correspondaient ces numéros, ni ce qu'il fallait détruire.
Je ne parlai pas de mon problème à Chang, bien trop occupé avec le cas de Jess. Je me contentai de prendre de ses nouvelles. Jess ne guérissait pas, et son cas prenait de temps à autre des ampleurs effrayantes. Pour être tranquille la nuit, Chang avait dû l'attacher à son lit pour pas qu'elle se mette en danger pendant qu'il ne la surveillait pas. Il essayait de mieux comprendre cette difficulté par ses propres moyens, il pensait pouvoir trouver la solution au problème que de nombreux chercheurs ne parvenaient à résoudre. Maria et moi avions tenté de le raisonner et de lui faire comprendre qu'il lui était impossible de résoudre cela, mais sa détermination était telle que nos mots ne l'affectèrent guère et il continuait ses recherches.
Il arriva enfin ma seconde visite chez le médecin, afin de vérifier ce qu'il était devenu de mon logiciel maléfique qui traînait dans ma tête et qui me faisait vivre des hallucinations. J'entrai donc dans la salle d'examen. Le spécialiste me brancha sur son ordinateur et commença à rechercher le maliciel. Une fois celui-ci retrouvé, il entama quelques manipulations pour déterminer les structures qui étaient apparues durant la semaine et celles qui avaient disparues.
« Vous avez eu de nouveau quelques crises de folies cette semaine ?
–Oui, quelques unes, des hallucinations auditives.
–Des migraines ?
–Aucune.
–Bizarre. Murmura-t-il. »
Il continua d'examiner ce qu'il y avait dans ma tête, l'air un peu perplexe.
«C'est grave ? Demandai-je tout de même inquiet. J'ai ce qu'a la plupart des gens ? »
Au final, je préférais dix fois avoir la maladie que tout le monde avait plutôt qu'une nouvelle infection qui provoquerait mon formatage. Le médecin, trop occupé à examiner les fichiers sur son ordinateur ne releva pas la tête pour me répondre. Je me raclai la gorge pour attirer son attention. Il sortit de ses recherches comme s'il sortait d'un songe, passa sa main sur son crâne chauve et me répondit enfin :
« Votre cas est un cas unique. Déjà, vous n'avez pas de migraines, et vous n'avez qu'un seul maliciel, qui est, de plus, encodé en un langage inconnu.
–Mais comment cela se fait-il ?
–Cela dépend. Il peut s'agir de maliciels auto-constructifs, qui développent leur propre langage pour ne pas se faire repérer. Ce sont en général des logiciels très simples, effectuant des petites tâches, ils sont facile à repérer mais difficiles à éliminer car ils sont codés dans un langage non-référencé.
–Et là, c'est ce cas-ci ?
–Non, me répondit-il. Il me semble pas qu'il s'agisse d'un MAC.
–Un MAC ? Demandai-je.
–Un Maliciel Auto-Constructif.
–De quoi peut-il s'agir alors ? »
Le spécialiste marqua un temps de réflexion.
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Brain Hackers
Science-Fiction2203. De nouvelles cellules intelligentes capables de se multiplier et d'être transmises par hérédité ont été créées. Elles permettent de se connecter à tous types de réseau et d'émettre des informations. Cette invention ayant pris une place importa...