Chapitre V

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On suivit alors le contrôleur de train, toujours déguisés en agents d'entretien. Il nous emmena dans un bureau où traînaient quelques dossiers d'administration. Je me préparais psychologiquement à un interrogatoire. Le stress commençait à monter le long de mon corps, quelques gouttes de sueur perlaient sur mon front avant d'entamer une descente le long de ma joue. Le contrôleur nous fit signe de nous asseoir et s'installa de l'autre côté du bureau, en face de nous. Derrière lui, plusieurs casiers contenant d'autres fichiers, et une étagère où de gros livres s'adossaient entre eux, différents exemplaires de la loi des transports, le code civil et d'autres pavés aux noms ressemblants.

« Je dois vous avouer, commença-t-il, au début, j'ai cru que vous étiez des stagiaires, mais vue la maladresse dont vous avez fait preuve, je me suis douté de quelque chose. »

J'évitais le regard de l'homme en face de moi, peu fier de la bêtise dans laquelle je nous avais embarqués, moi et Maria.

« Vous savez que c'est interdit d'emprunter le train sans titre de transport valide ? »

On acquiesça d'un timide hochement de tête.

« Alors pourquoi avez vous fait ça ? Demanda-t-il. »

Je regardai en direction de Maria. Elle me fixait d'un regard qui disait clairement : Maintenant que tu nous as mis dans de beaux draps, tu te débrouilles pour nous tirer de là !

Je réfléchis alors à ce que je pouvais dire, espérant une fois encore que Chang trouverait à ma place. Mais celui-ci ne réagit pas, me laissant seul. Je pris alors la parole, peu assuré :

« Bah, balbutiai-je, c'est un peu cher le train. »

Encore une fois, ce n'était pas très original comme excuse, mais il fallait bien répondre quelque chose.

« Je suis d'accord, mais tu sais, si t'as pas les moyens de te payer le train, tu pouvais venir en bus ! »

Maria me fusilla violemment du regard, si le contrôleur n'avait pas été là, elle m'aurait sûrement arracher la tête. Quant à Chang, on l'entendit pouffer dans nos oreilles puis se retenir de rire. C'est sûr qu'il pouvait se moquer de nous, il était loin d'être dans notre situation, et c'est pas lui qui nous aurait empêché de faire notre bêtise !

« Vous connaissez la valeur de l'amendement pour fraude ?

- Non, dis-je. »

Je savais bien qu'il s'agissait d'un montant plutôt élevé, et je n'avais guère l'envie de chercher sur le net. Il se releva, les mains sur la table, en approchant son visage de nous comme pour nous effrayer.

« 1500silvers, dit-il d'un ton grave.

- Par personne ? Murmura Chang.

- Par personne ? Répétai-je.

- Oui, 1500 chacun. »

Un long frisson parcourut ma tête, c'était plus cher que je ne le pensais. Et comment allions-nous faire pour réunir trois mille silvers ? Moi et Maria n'en avions que le tiers à nous deux.

« Mais on a pas de quoi payer, dit Maria.

- Ça c'est pas mon problème ! Vous avez quel âge ? »

Aïe ! C'était la question qu'il ne fallait pas poser. Étant mineurs tous les deux, nous étions sous responsabilité de nos parents. Et même si les miens, qui étaient aux États-Unis, ne pouvaient rien y faire, ils ne seraient pas très contents de moi et n'attendraient pas pour m'appeler et me gronder en me menaçant de revenir à Paris. Avec gêne, nous répondirent en chœur :

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