Brain Hackers

Chapitre III

Moi et Maria avions rejoint Chang à l'hôpital. Chang nous avait expliqué l'accident de Jess : lors d'une crise de folie, elle s'était vanté de pouvoir voler et avant que Chang ait pu la retenir, avait sauté de la fenêtre pour lui montrer son talent... Hélas, elle n'en avait pas, et ce qui devait être un inouï décollage se transforma en horrible atterrissage quelques mètres plus bas sur le trottoir. Chang avait eu très peur, et c'était compréhensible, il avait dévalé les escaliers à grandes enjambées pour la rejoindre et l'avait retrouvée allongée, inerte. Les secours étaient venus rapidement et l'avait embarquée, résultats : fracture au tibia, quelques côtes cassées, beaucoup de chance pour une si grande chute, bien que Chang n'habitait qu'au premier étage. Cependant, les médecins n'avaient pas réussi à la réanimer et Jess restait dans le comas. Chang, quant à lui, paraissait très fatigué, pas étonnant puisque cela faisait plusieurs heures qu'il veillait auprès d'elle, et avait vu la terrible scène.

« J'ai cru que je l'avais perdue, disait-il. »

Nous étions également sous le choc, regardant avec tristesse et étonnement le corps, comme sans vie, de notre amie. Malgré tout, Chang restait optimiste, et répétait :

« Elle va se réveiller, je le sens. »

Était-ce vraiment de l'optimisme ? Ou était-ce juste dû au fait qu'il ne pouvait concevoir l'idée de la perdre ? Maria et moi essayions de consoler Chang, et ce n'était pas facile car nous même étions fort impactés par les récents événements. Nous décidâmes pour finir de quitter la chambre, vers deux heures du matin, laissant Chang dans la pièce, affalé dans le canapé, tombant de fatigue. En sortant du centre, Maria se jeta dans mes bras et s'effondra. Elle avait eu beaucoup de mal à ne pas craquer devant Chang et j'avais remarqué à plusieurs reprises qu'elle avait les larmes aux yeux. Mais en sortant, le trop d'émotions qu'elle s'était efforcé de garder en elle ressortait. Je la comprenais, c'était sa meilleure amie et lavoir dans cet état l'avait beaucoup atteinte. Moi même eus beaucoup de mal à rester de marbre, j'étais sous le choc et ne réalisait pas qu'à tout moment, Jess pouvait nous quitter.

Au bout de quelques jours, l'état de santé de Jess ne s'était guère amélioré, elle restait inerte dans son lit. Chang avait veillé auprès d'elle quelques jours puis avait fini par rentrer chez lui. Peu à peu, chacun de nous essayait de reprendre sa vie comme elle l'était avant, sans oublier Jess évidemment. Nous lui rendions visite régulièrement, Chang tous les jours, moi et Maria un peu moins, nous nous contentions de prendre des nouvelles auprès de Chang. Ce dernier restait enfermé chez lui ou à l'hôpital, encore plus renfermé qu'avant. Avec Maria, on avait tenté de le faire sortir, mais cela relevait d'une épreuve dont même Hercule aurait fini par abandonner.

Un jour cependant, dix jours après l'accident, Chang nous appela, et il semblait que dans sa voix, une pointe de joie scintillait. Je crus qu'il nous donnerait de bonnes nouvelles de Jess, mais ce que Chang avait à annoncer ne ressemblait en rien à ce qui pouvait provenir de mon imagination.

« Allô, Dan, il faut que tu viennes tout de suite !

- Attends, calme-toi Chang, dis-je un peu sonné, il est cinq heures du matin, là.

- Ah, désolé, j'avais pas remarqué... Mais il faut que tu viennes ! »

Je baillais sous la fatigue, il m'avait réveillé, alors que tout le monde sait que mon sommeil est sacré !

« Tu veux que je vienne ? Mais où ? Et pourquoi ?

- Chez moi, je t'expliquerai. »

Je me redressai et frottai mes yeux.

« Non, je viens pas si tu m'expliques pas avant, je veux être sûr que ça en vaille la peine car sinon je me rendors !

- Mais ça en vaut la peine, viens, j'ai trouvé d'où venaient les virus informatiques ! »