Mon frère me tenait fermement la main tandis que ma sœur avait pris celle de mon père. La matinée c'était passée sous un silence pesant. On marchait dans les rues étroites, toujours dans ce silence. J'essaie de sourire à mon frère quand il lève les yeux vers moi pour lui faire signe que tous va bien et malgré l'atmosphère qui règne, je me sens tranquille, je ne suis même pas stressée. Et à quoi ça servirai que je le sois ? Je crois au destin, si mon nom apparaît sur la liste, ça voudrait dire pour moi, que tout est écrit comme ça.
Clarisse chante doucement une chanson qu'elle a apprise à l'école et mon père salue de la tête les gens qu'il connaît. Quelques regards se tournent vers nous, des regards d'encouragements, même de pitié. Savent-ils que personnes n'aiment la pitié ? Je préfère les ignorés.
Nous arrivons devant la grande place devant la mairie. Il y a déjà pas mal de monde, pas mal de femmes, pour qui c'est l'occasion de se retrouver pour se raconter les ragots du coin. Je cherche des yeux le tableau oú mon nom est peut-être inscrit. Je le trouve enfin mais il semble inaccessible.
Je cherche une solution lorsqu'une voix résonne :
"Mes chers amis ! S'il vous plaît un peu de calme" c'est le maire Flitz qui s'est exprimé sur le balcon de la mairie à la vue de tous. Il est petit et enrobé, on croirait voir un personnage de cartoon avec ses cheveux gris et ses petites lunettes rondes. Il est habillé chiquement et il porte le foulard tricolore.
"Je dois vous avouez que je suis un peu pris au dépourvu, vous êtes tellement nombreux ! Bien, pour éviter cette pagaille incessante, j'ai décidé d'enlever les fiches des tableaux pour annoncés les résultats oralement, enfin, les personnes choisis, pour passer les Épreuves de The Fortress. Tout d'abord, je tenais à dire que beaucoup d'inscriptions ont été déposées et je trouve que c'est une belle preuve de courage de notre petite ville ! La foule applaudie. Hélas, il n'y a que sept jeunes gens qui ont été tiré au sort. Trêve de suspense ! Voici les sept sélectionnés grâce au tirage au sort, je sens une main se poser sur mon épaule et je découvre Laura, Fynn et Bertille, tous sourire que je leur rend. Tout d'abord, félicitations à Aurore Kunt ! Les applaudissements se mettent à raisonner et on entend un groupe de gens plus loin félicité Aurore. Jeff Dinkay ! Un stress commence à me monter dans le ventre, je serre plus fort la main de mon frère et il fait de même, Gloria Sanchef ! Plus que quatre... Fynn Ardwin ! Les cris aigus et fière de Laura retentissent derrière mon dos. Je me retourne pour féliciter Fynn mais suis peiner de voir Bertille se décomposer, mon père la prend par la main doucement. Laura s'est jeté dans les bras de Fynn dont l'expression est indéchiffrable. Je n'entend pas les deux noms qui suivent à cause des cris aigus de ma meilleure ami qui ne cesse de montrer son bonheur. Et pour finir mesdames et messieurs Aria Blend !"
Je n'entends plus rien autour de moi. Mes sens se bloquent. Je réussi après quelques minutes à comprendre que mon père m'enlace avec une force que je ne lui connaissait pas, mon frère tient toujours la main et il me la serre tellement fort que je me demande si je vais avoir des séquelles. Ma petite sœur a attrapé mon chemisier et le tient doucement dans ces mains comme si j'allais m'envoler. Ce qui n'est pas toute à fait faux. J'entends Laura me féliciter et je croise le regard Bertille qui a l'air aussi perdue que moi. Nous restons là, sous le regards des curieux. Je sens des doigts se pointer vers moi mais là voix du maire les interrompte une nouvelle fois.
"Bravo à tous ! N'oubliez pas que c'est un honneur pour vous de pouvoir représenter Kerlian et tous ses habitants ne peuvent être que fier de vous. Des voitures passeront vous prendre dès ce soir, vers 19h. Bonne journée à tous et suivez les exploits de nos jeunes aux Épreuves !"
Mon père nous ramène doucement à la maison mais mon esprit reste un peu vaseux. On se réunit dans le salon mais personne n'ose parler le premier ne sachant quoi dire. Finalement, Lucas prend la parole
- Je veux pas que tu partes.
- Je sais, répondis-je, mais quand on se retrouvera, on aura plus besoin d'avoir peur de la guerre, nos vies seront tranquilles, on pourrait passer nos après midi dans le jardin.
- Aria, promet moi de ne pas risquer ta vie, quoi qu'il arrive, me demande mon père tandis que trois paires d'eux gris se tournent vers moi.
- Je te le promet, de toute façon je pense qu'ils exagèrent la difficulté des Épreuves, ce n'est sûrement rien de plus que des tests d'aptitudes, je reviendrai vite.
Je monte vers ma chambre et commence à faire mon sac pour m'occuper l'esprit. Je n'es jamais été éloigné de ma famille. Je ne peux même plus m'imaginer sans elle. Ne plus entendre Tic et Tac se chamailler, ne plus entendre mon père fredonner de vieilles chansons en cuisinant, ne plus voir mon frère faire des grimaces devant de bons potages, le grand sourire de ma sœur, les cheveux argent de mon père...
Je ne sais pas quoi mettre dans mon sac. J'y met quelques vêtements, quelques photos, mais je n'ai pas vraiment de petits objets personnels. La porte s'ouvre et j'y découvre ma sœur.
- Je t'aime, me souffle-t-elle tous simplement.
- Je t'aime aussi, je la cueille doucement dans mes bras et elle caresse mes longs cheveux.
Je la pose doucement et lui fais signe d'attendre quelques minutes. Je trifouille quelques affaires et trouvent enfin ce que je cherche. Je m'accroupis devant elle et lui tend ma boîte à musique. Je sais qu'elle l'aime beaucoup mais elle n'a jamais osé me la demander. Elle suit les motifs avec son pouce et finit par l'ouvrir. La douce mélodie se diffuse dans ma chambre et nous nous mettons à la fredonner doucement. Quand la musique s'éteint finalement elle ferme le petit couvercle et lève ses yeux gris vers moi.
- Elle est pour toi, pour que tu n'es plus peur la nuit, pour que tu n'entendes pas les bruits qui te font peur, dis-je avec en souriant avec tendresse à cette être pour qui je donnerai tous.
Comme seule réponse elle pressa le petit objet contre sa poitrine. Nous nous échangeons une dernière étreinte et elle sort de ma chambre.
L'heure approche et je ne trouve rien à faire alors je m'occupe à me faire une longue natte. Je finis enfin par descendre. Mon père cuisine, mais il ne chante pas. Je vais m'asseoir sur la petite table pour le regarder s'agiter autour des plats. Il sort sans un mot et réapparaît avec quelque chose dans les mains. Il se baisse vers moi et enfile un collier autour de mon cou. Le collier représente un majestueux cerf, comme un dieu de la forêt. Il est en or et est plutot long.
- Il appartenait à ta tante, elle aurait aimé que tu l'ai. Le cerf représente pour elle une force sage, intelligente et agile, je pense que c'est le moment pour te l'offrir, m'intime mon père.
Ne sachant quoi répondre je me jette dans ses bras et le serre de toute ma force. Des larmes perlent sur le coin de mes yeux mais je ne leur donne pas l'autorisation de couler. À la fin de notre étreinte il pose un léger baiser sur le haut de mon crâne, signe de protection.
Mon frère et ma sœur apparaissent dans la cuisine. Lucas s'enroule autour de ma jambe et s'y accroche fermement. La sonnerie retentit. Nous savons tous qu'il faut que j'y aille mais Lucas se met à hurler :
- Pars pas, t'as pas le droit !
Mon cœur se fend en deux quand mon père l'enlève de ma jambe, où il avait trouvé refuge. Je prend mon sac m'éloigne d'eux et leur dit que je les aime. Quand je referme la porte j'entends les hurlements de mon frère s'intensifier. Je ne peux plus faire demi tour. La voiture noire est là et je m'y engouffre sans savoir si elle me ramènera un jour.
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The Fortress
Science FictionEntre les guerres civiles, une ville-forteresse a été construite pour protéger une partie de la population. Comment y rentrer ? Il faut gagner les Épreuves. Il y a 5 places, pour une centaine de participants. Que les Épreuves commencent.