La seule chance que j'avais en cours était d'être du côté de la fenêtre, un peu au fond.
Assez près du tableau pour que je puisse voir les formes sans sens de la prof, mais assez loin pour qu'on m'oublie dans le mur.C'était une chance non négligeable que je savourais chaque jeudi après-midi, entre treize heures trente et quinze heures.
D'autant plus qu'il faisait beau, aujourd'hui, et que les rayons dessinaient sur ma table des motifs sans histoires.
C'était lumineux, c'était doux ; pourtant ça ne m'occupa qu'une dizaine de minutes.Mes doigts avaient abandonné un stylo entre mes feuilles, et ma motivation d'essayer de comprendre ce cours avait fondu aussitôt les premières phrases de Mme Millier.
Durant la première moitié de l'heure, j'avais alterné entre gribouiller dans la marge des dessins un peu moches ; et regarder mes camarades avachis sur leurs bureaux.
La fille d'à côté me demanda un fluo, je donnais un feutre derrière, ma règle fut empruntée devant ; mais c'était rare que le contact se prolonge assez pour m'intéresser.
Alors, j'avais effleuré la cour de béton d'un oeil distrait.
Et je l'avais vu.
La femme Soleil.
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La Nuit des Temps
PoetrySoleille se cache dans les nuages humains. Et je tente de l'apercevoir, perdue entre les visages.