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Je ne t'ai pas vu à l'arrêt de bus, ce matin.

Pourtant tu y étais, tout le temps
où j'ai attendu le car bleu.

Tu es montée juste avant moi. Mais même là, je ne me suis pas rendue compte que tes cheveux étaient les tiens et que la place au fond t'avait accueilli.

Je nage dans l'inconscient.

Ou plutôt,

J'y coule.

Tu n'avais pas changé.

Ou peut-être que je ne te connaissais
pas assez pour le remarquer.

J'ai souri, assise seule à la septième rangée. Je ne te connaissais pas, toi non plus, cet homme là-bas sur le trottoir encore moins.

Nous étions des inconnus sans visages.

Je t'ai recroisé deux fois dans la journée. Mais tu ne m'as pas vu. C'est peut-être mieux ainsi.
Moi qui cherche ta présence, sans pour autant la réclamer, et toi qui ignore la mienne.

C'est sans doute préférable
d'être une femme de l'ombre.

Maintenant, il fait nuit et il pleut. Le ciel est humide, ruisselle contre ma vitre et les branches des arbres claquent dans le vent.

J'ai la tête pleine de questions sans réponses.

J'aimerais dormir contre toi.

Simplement caresser ton bras ; ou ta joue.

Oublier quelques instants
que mon coeur saigne
et que mon esprit souffre.

J'aimerais te connaître.

Mais je suis un fantôme,
un mirage.

Alors, je continuerais à te regarder de loin, aussi haut que porte mon regard.

Soleille, fait briller le ciel, je t'en prie.

Sois de celles qui brillent,
dans le ciel de la Nuit.

La Nuit des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant