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J'ai fermé les yeux quand je suis rentrée dans ma maison aux pierres grises.

Le ciel terne, les gens haineux et les cris dans les couloirs m'assourdissaient si fort que j'avais cru tomber, sans pouvoir mettre encore un pied devant l'autre.

J'avais plongé ma tête sous un robinet d'eau brûlante, et si ma mère ne m'avait pas
appellé, je me serais endormie là.

Journée harassante et harassée,
adolescents envieux et enviés,
monde fou sans sens.

Mon sac bleu est délavé,
et un peu trop lourd sur mes épaules fatiguées.

Les nuages bas et gris,
les filles qui crient, les garçons immatures.

Le carcan des conventions sociales,

le fait de devoir ressembler
aux autres pour être beau,

de s'identifier aux images
pour être heureux,

de parler la même langue
et les mêmes gestes,

de rester dans ce sarcophage
de non-dits et de mots blessants.

Aujourd'hui je voudrais écouter des femmes chanter des chants anciens dans les vallées de l'Est, sous un soleil de feu et un ciel embrasé.

Leurs voix en choeur caresseraient les nuages, et plus bas, les cimes des arbres verts où les lucioles ne s'éteignent jamais.

J'aimerais caresser la Lune, l'étreindre et la lover contre mes mains aux paumes rugueuses.

Cette nuit, j'irais dormir en pensant au monde, et à un corps qui s'envole dans le jour
qui se lève.

La Nuit des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant