12ceur

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Je ne t'ai pas vu de la journée.

Je ne te croisais pas si souvent dans les couloirs, à la cantine non plus.
Alors, lorsque tu ne prenais pas le bus, tu disparaissais dans les recoins du lycée.

J'ai cru apercevoir tes cheveux de loin,
mais c'était une autre fille,
bruyante et trop maquillée.

J'ai eu envie de l'insulter pour oser t'imiter, quand bien même elle n'avait pas choisi
son corps.

Je devenais violente.
Les gens se bousculaient trop fort.

J'ai mal à la tête.
Des serpents
épineux
ondulent
dans mes tempes,
longent mon front,
se fondent dans ma nuque
et s'y entortillent avec brutalité.

En me réveillant trois fois cette nuit, j'ai pensé.

Les yeux ouverts dans le noir
— toujours ce noir opaque —
mes mots coulaient dans mon esprit.

Je me suis dit que j'aurais dû te parler,
te chercher, peut-être crier ton nom pour que tu te retournes ; ou attraper ton bras,
caresser ton visage avec douceur.

Sans violence, ni brutalité, ni force, non.

Rien qu'une douceur aveugle.

Il y a déjà trop de rancœur âcre dans le monde.

Tes longs cheveux auraient volé dans l'espace, puis tes mains qui se seraient posées sur les miennes. Peut-être juste le temps d'un froncement de sourcils, d'une hésitation.

J'aurais souri, tu vois. Juste mes lèvres satisfaites qui oseraient effleurer les tiennes.

Et puis disparaître, loin,
au détour d'un couloir.

Je m'endormirai au lueur de l'aube.

La Nuit des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant