La nuit dort encore quand je traverse ma rue pour rejoindre mon arrêt de bus.
La musique n'est pas assez forte pour que je n'entende pas les voitures qui trouent l'obscurité.
Le bus arrive au moment où une chanson démarre. Je m'avance et dépasse quelques garçons silencieux pour m'avancer plus près de la porte.Et Soleille me regarde.
Ses jambes sont pliées, mais elle est plus grande que moi.
Elle porte une doudoune qui tombe jusqu'à ses genoux ; la capuche rabattue sur ses cheveux épais et la bouche rouge.
Couleur dans la vie.
Elle ne me jette qu'un bref coup d'oeil, pourtant il est assez long pour que je remarque que ses cils frôlent ses sourcils quand elle les relève.
Je disparais dans la lumière crue du bus, et je sens son parfum quand elle monte derrière moi.
Elle s'installe au fond, contre la fenêtre de gauche ; mais je suis devant, près de la porte.
Je pense à me retourner, puis me dit que mon niveau de discrétion sera inexistant, alors j'augmente juste le volume de la chanson.
Trente minutes plus tard, j'admire sa démarche du haut de ses talons sur le verglas matinal de la cour du lycée.
Ce sera l'unique moment de la journée où je la verrais.
Parce que Soleille se cache dans les nuages humains.
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La Nuit des Temps
PoetrySoleille se cache dans les nuages humains. Et je tente de l'apercevoir, perdue entre les visages.