7tembre

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Le temps s'arrête et
s'écoule plus vite.

Plus vite.

Les jours s'enchaînent, s'enfilent,
s'enfuient, s'enfoncent et
je m'enlise dans une douloureuse éternité.

Les matins gris, les trottoirs sales, l'odeur du fumier dans les villes, les écouteurs cassés, les assiettes rondes et blanches de la cantine, le goût du sang dans ma bouche, et la peur qui règne sur tous nos lendemains.

Les bâtiments ternes, les couloirs étroits, les musiques inutiles, les instruments usés, mes chaussettes trop grandes, mon pull est troué, dis maman, tu sais où sont les allumettes ?

Les cours d'espagnol sans sens, sans monde, sans cette folie contagieuse qui fait passer le temps plus vite, mais où ça nous mène ?

Pourquoi est-ce que tu ne prends
plus le bus, Soleille ?

Tu as maigri, tes cheveux longs, tes lèvres rouges, non, promis, je n'en ferais pas une mauvaise chanson.
Juste dis-moi, pourquoi ton teint
est si pâle et tes ongles si rongés.

La vie nous tuera.

Les heures de permanence à attendre dans une salle bruyante, à observer ton dos sans que jamais tu ne te retournes, contempler ton profil, faire semblant de disparaître,
suis-je une ombre ?

Regarde-moi, juste une fois.
Rends-toi compte que j'existe,
que je suis là, pas loin, tout près,
et que je suis prête à t'aimer.

Plus fort, plus loin, plus haut,
puis à aimer la Lune juste
parce qu'elle te ressemble.

S'il te plaît.

Aime-moi.

La Nuit des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant