15tessence

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En me réveillant ce matin, une odeur de pain grillé baignait dans ma maison.
Pourtant, mon père dormait toujours
et ma mère n'était pas là.

Et je me suis dit, avant d'allumer la lumière du salon,
qu'il s'était peut-être passé quelque chose.

Il pleuvait à flot dehors, et le vent frappait ma capuche avec force, si bien que je devais
la tenir pour ne pas qu'elle s'envole.

Tu attendais, patiente et luisante de pluie,
au bord de la route.

Puis quand tu es montée dans le car inondé d'une lumière blanche, et tu t'es assise au fond.
J'ai marché jusqu'à toi, parcourant l'allée en me prenant les sièges dans les hanches.

Tu as relevé ton visage vers moi.
Tes cheveux étaient parsemés de gouttes d'eau, et reflétaient les néons du toit.

Je t'ai demandé si je pouvais m'asseoir.

Tu as hoché la tête.

Tu n'as pas relevé qu'il y avait
plein d'autres places libres.

Le bus a demarré, doucement, sur la nationale et j'ai vu les maisons dans la nuit qui défilaient par delà la vitre.

J'ai songé aux éclairs qui avaient transpercé le ciel pendant que je ne dormais pas encore, à cette déchirure argentée qui avait illuminé ma chambre d'un coup,
avant de s'éteindre aussi vite.

J'ai sorti mes écouteurs.

Ta main était blanche sur la lumière.

Tu m'as jeté un regard, peut-être un peu surpris, parce que je t'en ai tendu un.

Avant que tu ne le mettes, je t'ai demandé :

« Tu connais M83 ? »

Tu m'as souri, peut-être grand,
et tu as répondu que non.

Puis tu as mis l'écouteur,
et le soleil s'est levé sur le fleuve.

La Nuit des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant