La nuit était si sombre quand je me suis réveillée que j'ai cru à l'apocalypse.
Puis je me suis rappelée que j'étais en sécurité, dans la chaleur de mes draps, et que la colère d'un dieu aura le temps de s'abattre plus tard.
Je suis restée allongée, les membres étendus dans le noir, les yeux ouverts. Je ne voyais que les ombres mélangées de ma chambre, et le carré de lumière de ma fenêtre.
La maison était devenue le repaire du silence.
Juste ce silence nuptial
avant que la Terre ne s'éveille.Puis mon alarme l'a brisé, et une musique que j'avais oublié m'a obligé à me relever pour l'éteindre.
J'aurais préféré rester dans mon lit toute ma vie, mais Obligation ne m'a pas laissé le choix.
Alors je me suis lavée sans regarder mes jambes grasses, et j'ai séché mes cheveux sans observer dans le miroir.
Plus tard, je contemple mes cernes limpides et mes yeux hagards sous l'éclairage cru des toilettes du lycée.
Tu n'y entreras pas.
Tu ne me diras pas que je suis belle.
Tu ne me prendras pas dans tes bras.
On ne s'enfuira pas jusqu'à
ce que la voûte devienne bleue.On ne dansera ni sous les étoiles
Ni sous le soleil.Je suis sortie des toilettes.
Le bruit m'a assailli avec tant de force que je me suis bouchée les oreilles. Les mots étouffés se sont anesthésiés doucement, et je me suis écartée des autres.
La sonnerie a transpercé ma barrière
et le bâtiment gris m'a avalé si tôt
qu'il en fut décrété.Qu'est-ce que j'espérais ?
Rien ne change jamais.
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La Nuit des Temps
PoetrySoleille se cache dans les nuages humains. Et je tente de l'apercevoir, perdue entre les visages.