Chapitre 1

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 Ewen regardait avec crainte l'homme qu'il appelait Père. Ce dernier venait de lui annoncer une terrible nouvelle.
- J'ai été... vendu...?
- Je t'ai trouvé un bon fiancé, ne t'en plains pas.
- Mais...
- Silence!
Le jeune homme se crispa, presque ratatiné contre le mur sous la peur... Wido se détourna alors de lui pour se rasseoir dans son fauteuil et caresser Cerbère, son doberman. Le seul être vivant, hormis sa sœur, à qui il portait une forme d'affection. Son fils adoptif n'en recevait pas. A se demander même pourquoi il l'avait élevé jusque là... L'adolescent demanda si il pouvait retourner à sa chambre, une fois l'autorisation obtenue, il y fila sans demander son reste. Une fois la porte fermée, il s'effondra en pleurs sur son lit. Pourquoi est-ce que ça arrivait à lui?!
Wido n'avait jamais donné d'amour au petit garçon qu'il avait recueillit à l'âge de quatre ou cinq ans, il ne se souvenait plus très bien. Jusqu'à la puberté, tout s'était bien passé, ils faisaient leurs vies comme tout le monde... Puis ça arriva. «Ça» quoi? Les premières chaleurs. Ewen s'était révélé être un Oméga, une partie très rare de la population. Heureusement, Wido était un Bêta comme la très grande majorité de la population, ce qui sauva sans doute les fesses du garçon de douze ans. Même si c'était rare, être un Oméga était mal vu et ça ne faisait que quelques années qu'il était devenu illégal d'en faire des putes de luxe. Cependant, un nouveau marché s'était ouvert, celui de la reproduction. Après tout, porter des gosses étaient dans leurs gènes. Sous couvert de fiançailles avec dot, ils étaient vendus comme des génisses pour l'élevage... Le trentenaire n'avait jamais fait de mal à Ewen, il ne le frappait pas, ne maltraitait pas non plus. Nourri, vêtu, blanchit... Il n'avait pas de vie intolérable. Mais depuis ses douze ans, Wido ne pensait qu'à se débarrasser du garçon, cet Oméga qui excitait tout le monde trois jours par mois. Il ne pouvait mettre le nez dehors sans que ça n'ameute tout le quartier. Cependant, le grand blond n'avait jamais ressenti d'attirance sexuelle pour lui, et heureusement, probablement. Ils n'avaient aucuns liens de sang mais Wido n'aimait ni les hommes, ni les enfants. Seule une belle femme et bien en formes pouvait l'attirer.

La boîte de pilules trônait sur son bureau, chaque jour il devait en prendre une pour maintenir sous contrôle ses phéromones. Il disposait d'une injection pour supporter les trois jours de chaleur, afin d'éviter de vivre l'Enfer... Il avait de la chance que son corps supporte ses médicaments, certains Omégas ne pouvaient pas les supporter et les vomissaient, rendant inutile le traitement. Il regarda son reflet dans le miroir, il était petit, tout fin, une peau blanche comme la neige, des cheveux noirs aux mèches inégales et de grands yeux violets. Probablement mignon... Il serra les mains, inquiet. A quoi allait ressembler son Alpha? Il se doutait que Wido ne l'avait certainement pas vendu à un quelconque autre Bêta. Serait-il gentil avec lui? Allait-il le traiter comme un outil, un sex-toy vivant? Sans amis et sans autre famille que son père, il allait se retrouver seul au monde entre les mains d'un homme inconnu à seize ans à peine...
Une semaine après, il était assit près de Wido en attendant que son fiancé n'arrive. La boule au ventre, il craignait vraiment pour son avenir. La sonnette retenti et il cru que son cœur allait bondir hors de sa poitrine. Pâle comme un linge, lui donnant un teint de cendres, il eut un mal fou à se lever pour serrer la main du grand homme venant d'entrer dans la pièce. La chevelure brune, le teint basané et les yeux ambrés, il ressemblait à un quarantenaire sexy.
- Mon bel Ewen, je suis si ravi de t'avoir comme nouveau fiancé.
Un accent du sud, sa façon de rouler les R derrière son sourire éclatant. La main serrant la sienne était si grande, si chaude, ça faisait palpiter son cœur. Ça l'effrayait.
- Je m'appelle Romulus Vargas. J'ai hâte d'avoir de nouveaux enfants.
- Nouveaux...?
- J'en ai déjà dix-sept! Les premiers avec ma femme, les autres avec des Omégas. Tu es mon sixième fiancé, bel oiseau.
Ses yeux s'arrondirent sous l'étonnement. Dix-sept enfants et six Omégas plus une femme?! Cet italien était donc sérieux? Il fut ramené à la réalité par la voix chaude, elle l'attirait autant qu'elle l'irritait.
- Tu sembles si frêle... Peut-être que tu me donneras trois ou quatre filles. Je manque de filles, j'ai plus de garçons.
- Trois ou quatre...?
Il ne s'imaginait pas avec autant d'enfants à gérer! Il entendit dire Romulus qu'il soignait avec attention chacun de ses Omégas, leur offrant la résidence de leur choix, payant leurs frais d'existence et prenant bien sûr en charge la scolarité et les besoins de ses enfants. Même pour un Alpha, celui-ci avait un très gros instinct de reproduction! Cette vie n'était sans doute pas si mal... Peut-être pourrait-il vivre en paix, ne devant supporter que son devoir «conjugal» de temps en temps? Romulus ne serait pas officiellement son mari mais lui sera son fiancé, ainsi marqué, il ne sera plus attirant pour les Bêtas et n'aura plus beaucoup d'intérêt pour les Alphas non plus.
- Alors petit oiseau?
- ...D'accord...murmura-t-il.
Avait-il vraiment le choix de toute façon?
Ewen avait choisit un appartement parmi une sorte de catalogue, les prix n'étaient pas affichés mais il devinait aisément qu'ils devaient être exorbitant. Il avait jeté son dévolu sur un appartement avec quatre chambres, un large salon avec cuisine équipée, une salle de bain sublime. Tous avaient au moins quatre chambres donc... Mais ce qui avait séduit le jeune homme était le balcon spacieux et ensoleillé. Wido n'avait pas donné son avis sur le sujet, le laissant se débrouiller. Une fois tout décidé et ses affaires envoyées là bas, le blond regarda le garçon qu'il avait élevé monter dans la berline de luxe sans rien ressentir de particulier.
- Au revoir, Père.
Il ne répondit pas, tournant le dos pour rentrer dans sa maison avec son chien.

Seul dans ce grand appartement, il se sentit perdu. Quand on frappa à la porte, il sursauta et hésita à ouvrir, entrebâillant juste la porte. Il retint un cri en reconnaissant qui était là, sur son paillasson.
- Julien!
- Salut Ewen, ça fait une paye!
Sans réfléchir, il le laissa entrer. Julien avait été son voisin et ils avaient été amis pendant leur enfance. Heureusement peut-être, Julien avait déménagé avant que ses chaleurs ne se manifestent. Il ignorait de quelle nature était le roux mais Ewen n'aurait pas voulu que son unique ami le voit comme un morceau de viande. Il sursauta de nouveau quand il sentit la main froide se poser sur sa joue et passer sous son menton, le faisant lever les yeux.
- Tu es toujours aussi beau. Je suppose que tu as bien fait l'affaire, vu l'appartement que tu as...
- Je n'ai encore... Rien fait...
- Oh, intéressant...
Ewen connaissait cette lueur de convoitise dans un regard, il l'avait vu chez Romulus et d'autres. Il ne s'attendait pas à la voir sur Julien... Pourtant, ça ne le dérangea pas cette fois bien au contraire. Il avait toujours adoré Julien, se sentant en sécurité en sa compagnie. Wido leur avait interdit de se voir pourtant le roux avait toujours tout fait pour le voir malgré tout. Ewen frotta sa joue contre cette paume rassurante, enfin quelque chose de confortable depuis qu'il fut vendu. Cette pensée effaça toute joie et il se recula.
- Je ne peux pas Julien... Tu ne dois pas me toucher.
- Pourquoi?
- Je suis... Je suis un Oméga...
Les yeux brillants d'appréhension, il s'attendait à se faire frapper, repousser ou être regardé avec dégoût ou méprit. Au lieu de ça, l'autre se contenta de lui sourire avec malice.
- Je le sais parfaitement.
- Hein?
- Je l'ai toujours su Ewen... Comment aurais-je pu résister à ta douce odeur?
- Mais... Mais tu ne m'as jamais touché...
- Bien sûr. Je t'aime Ewen, je t'attendais.
L'adolescent baissa les yeux, les joues rouges. Personne ne lui avait jamais dit ces mots, pour la première fois en seize ans d'existence, une personne lui disait l'aimer. Il aimerait pouvoir céder à cette douce sensation et dire que oui, lui aussi l'aimait et voulait vivre ensemble mais...
- J'appartiens à Romulus...
- Plus pour longtemps.
N'osant rien dire, il resta figé sous la douce caresse de la main passant de sa joue à sa nuque, le rapprochant. Le souffle court, les yeux écarquillés, Julien se penchait vers lui jusqu'à ce que ses lèvres ne se posent sur les siennes... Il n'eut aucun mouvement de recul, au contraire il sentait une douce chaleur monter en lui et Ewen ne souhaita que se fondre dedans. Puis il rouvrit les yeux, apercevant le sourire victorieux de l'autre avant qu'il ne tourne le dos et ne s'en aille.
Toute la soirée, le petit brun fut terrifié à l'idée que Romulus ne vienne et ne sente l'odeur de Julien sur lui. Ce serait vraiment la tuile. De plus, on lui proposait un avenir en or, il n'aurait sans doute jamais l'occasion de trouver mieux... Même si Ewen aurait adoré connaître une vie normale auprès de Julien, son unique ami qui aurait pu devenir... Plus? Il avait beau se frotter sous la douche, il savait pertinemment qu'aucun gel douche ne pourrait masquer le fait qu'un autre homme l'avait prit dans ses bras. Alors qu'il se savonnait pour la troisième fois, ses mains s'arrêtèrent sur son ventre et le caressèrent distraitement. Un jour peut-être, des enfants y grandiront. Non, pas peut-être, c'était sûr. Un bébé allait vivre dans son être... Un bébé qu'il pourrait aimer et qui l'aimera en retour. Un vague sourire se dessina sur son visage mais le seul problème étant le père de ce fameux bébé... Il se crispa sous la douche, augmentant l'eau chaude, il ne pu s'empêcher de penser qu'il n'était qu'un corps à remplir et non pas une personne à part entière. Ni pour son père, ni pour Romulus. Mais... pour Julien, oui. C'était si dur...

Trois jours plus tard, Romulus vint lui rendre visite. Il lui avait offert un sublime bouquet de fleurs et des chocolats semblant coûter les yeux de la tête. L'italien lui avait cuisiné un superbe repas et le soir, ils s'étaient câlinés sur le canapé avant que l'autre ne décide de partir. A la porte, il vola un baiser torride à son fiancé avant de le laisser pantois à l'entrée. Visiblement, l'odeur de Julien s'était estompée. Ewen referma la porte, tiraillé entre eux deux... Romulus le traitait vraiment bien... Oui, il se devait d'oublier Julien sous peine que toute sa vie ne vole en éclats.
En vérité, Romulus avait sentit l'odeur de Julien mais ne s'en préoccupait pas. Après tout, il n'exigeait pas la fidélité de ses Omégas mais seulement qu'ils portent ses enfants. De plus, l'autre ne sentait pas l'Alpha alors il ne s'en formalisait nullement. Si Ewen était heureux avec un amant en parallèle à son devoir envers lui-même, eh bien, grand bien lui fasse! Il croisa d'ailleurs un jeune homme roux qui le fixa à la sortie de l'immeuble.
- C'est vous Monsieur Vargas?
- En effet.
- Ewen est à moi depuis des années.
- Oh? Vous pouvez le garder. Je veux seulement qu'il porte mes enfants. Certains de mes Omégas ont des petits-amis réguliers eux aussi.
Il fronça les sourcils en se rapprochant de l'éminent homme d'affaires, millionnaire bienheureux pour gérer son immense famille.
- Ewen ne portera jamais votre enfant.
- Pourquoi? Il ne semble pas contre.
- Il est déjà marqué.
Cette fois, l'ambiance changea drastiquement. L'italien jusque là souriant s'assombrit, prenant un air beaucoup plus sérieux et menaçant. Ewen lui aurait donc mentit pour profiter de sa fortune? Pourtant il n'avait jamais décelé de mensonges dans ses yeux clairs.
- Une marque peut être réécrite si elle n'a pas été consommée.
- C'est vrai. Mais on peut sûrement s'arranger avant d'en arriver là, Monsieur Vargas...
Étonné, le business man prit pourtant la carte professionnelle que lui tendait l'autre, avec un sourire pour le moins... malicieux. Le roux le planta là, lui disant de l'appeler pour prendre un rendez-vous afin de régler leur petit... différent, concernant Ewen. Une fois rentré dans son appartement, Julien se dirigea vers la chambre la plus éloignée de l'entrée et y pénétra, venant caresser les cheveux de celui qui s'y trouvait.
- Heureusement que je t'ai trouvé... Tu feras une jolie monnaie d'échange...
La silhouette ne répondit pas, profondément endormie après s'être épuisée à vomir les médicaments prit précédemment. Cet Oméga là ne supportait pas le traitement...
Le rendez-vous fut prit pour le vendredi suivant, tout deux assis à la table d'un restaurant chic avec un verre de vin à la main, Romulus et Julien étaient prêts à discuter «affaires»
- Tout d'abord, je suis celui qui a marqué Ewen quand nous étions jeunes, juste avant ses premières chaleurs.
- Je vois. Mais son père me l'a donné en fiançailles, Ewen est intouché.
- En effet. Et si c'est votre condition, j'ai de quoi vous satisfaire.
- Vraiment?
- Oui. Un Oméga aussi mignon que Ewen et tout aussi intouché.
Romulus s'installa un peu plus confortablement sur sa chaise, évaluant la proposition donnée. Il demanda pourquoi cet échange bien que s'attendant à la réponse, Julien voulait Ewen et personne d'autres. Intrigué, et intéressé, Romulus accepta de venir après le dîner pour voir cet Oméga et se décider ensuite si l'échange valait le coup. La douceur et l'impression de pureté se dégageant du petit brun étaient tels des sirènes pour le quadra. La porte de la chambre s'ouvrit, faisant entrer la lumière du couloir dans la pièce qui empestait les phéromones et Romulus eut le réflexe de plaquer sa main sur son nez. Julien l'avait prévenu que l'Oméga en question ne supportait pas les médicaments et que du coup, rien ne pouvait faire office de filet de sécurité. L'homme d'affaires s'assit au bord du lit et de sa main libre, il releva le visage de l'autre. Il fut happé par les yeux turquoise, tout deux posés sur une peau satinée à la pâleur nacrée, tranchant avec ses cheveux noirs. Aussi beau que Ewen, ça oui, il en était presque la copie parfaite...
- Il s'appelle Loïs et il peut être à vous.
- Est-il consentant?
- Vous pouvez toujours demander.
Le jeune homme s'était accroché à la main de l'italien comme si c'était une source d'eau en plein désert. Ses yeux étaient brillants de la fièvre qui le prenait, ses lèvres roses filtrant un souffle chaud et erratique.
- Al...Alpha...
- Intouché et très, très en manque d'un Alpha. Personne ne le réclamera, c'était déjà la raison pour laquelle il m'avait suivit. Une fois ses envies assouvies, il vous expliquera certainement tout.
- Je vois. Je vous donnerais une réponse demain matin.
Romulus se leva d'un bond, s'arrachant difficilement à la prise de l'Oméga suppliant, quittant à pas pressés l'appartement. Julien se pencha alors pour reposer un gant froid sur le front brûlant, remettant la couverture.
- Bientôt Loïs, ne t'inquiète pas. Tout ira mieux, pour toi comme pour moi.
L'intéressé esquissa un faible sourire puis ferma les yeux, confiant.

Ewen était fatigué, il avait chaud... Encore cette foutue période... Il avait procédé à l'injection mais malheureusement, ses contacts réguliers avec Romulus ne l'avait pas aidé à maîtriser ses instincts. Quand il entendit la porte de son appartement s'ouvrir, angoisse et excitation se mêlèrent pourtant, il fut grandement étonné de voir Julien entrer dans la pièce et le soulever dans ses bras. Alors qu'ils avançaient vers la sortie, il pu voir Romulus avec un autre Oméga dans les bras, lui ressemblant fortement.
- Tu es à moi, maintenant...
Ce chuchotis le fit frissonner de la tête aux pieds et il s'accrocha alors plus fermement à son ami. La porte se referma sur eux, tandis que Romulus allait poser Loïs sur le lit, Julien emmenait Ewen à son propre appartement. L'échange avait été fait.
Loïs avait l'impression que son corps était en train de fondre et pourtant, il pouvait encore sentir chaque caresse, chaque baiser sur sa peau brûlante. Nu sur les draps, il avait pourtant l'impression de mourir de chaud, seule la bouche de Romulus lui apportait de la fraîcheur, une sorte de soulagement à son mal-être... Tout en l'attisant. Il ignorait combien de fois il avait déjà pu jouir rien qu'avec la main de l'Alpha mais son corps réclamait plus, il se sentait mouillé et impatient mais incapable de formuler les mots pour le dire. Heureusement, Romulus était lui aussi à bout de nerfs, totalement englué par le parfum enivrant de son jeune partenaire. Il le retourna sur le ventre, malaxant ses fesses sans vergogne d'une main alors que de l'autre il se débarrassait bon gré mal gré de son pantalon et son caleçon. Dès qu'il fut prêt, il s'unit sans tarder au jeune homme, lui tirant un cri de pur extase. Écrasé contre le matelas, il était pourtant plus comblé que jamais, son corps se satisfaisant enfin de cette étreinte sauvage tellement attendue. Lorsqu'il senti la morsure sur sa nuque, signe d'appartenance à son Alpha, Loïs sombra pour de bon. Mais, même épuisé, Romulus ne le laissa en paix qu'après deux autres rounds et ce n'est qu'une fois satisfait, qu'il laissa Loïs s'endormir sur son torse, exténué.
Dans l'appartement du dessous, les choses étaient plus calmes. Julien laissait dormir Ewen pour qu'il puisse se reposer, afin de supporter ce premier jour des chaleurs. Caressant ses cheveux sombres, il se sentait plus en paix que jamais.

Les trois jours passés, Loïs interrogea son Alpha sur sa situation et celle de Ewen. Ne voulant pas être impoli, il n'osait pas trop en demander pour autant. Romulus répondit pourtant patiemment à chaque question. Ewen n'ayant pas eut son mot à dire dans l'échange, et lui ayant promit un avenir en or, Romulus décida de prendre ses responsabilités. Si le garçon souhaitait un métier ou des études spécifiques, il les lui fournirait. Concernant Loïs, il aurait tous les avantages d'être son Oméga ce qui sembla ravir le jeune homme de seize ans, lui aussi. Ses parents l'avaient mit dehors une fois qu'il eut atteint ses quinze ans, ne supportant plus sa «déviance» comme si il avait choisit d'être un Oméga...
- Monsieur Romulus, vous me parlerez de votre famille?
- Notre grande famille! Attends, je vais te montrer.
L'italien se saisit de son portable sur la table de la cuisine puis se rassit sur le canapé aux cotés de l'adolescent en pyjama. Tout d'abord il montra la photo d'une belle femme aux formes pulpeuses, elle s'appelait Florentina, était italienne elle aussi et originaire de Florence. Elle lui avait donné trois fils. Ensuite ce fut un homme blond aux cheveux longs et l'air austère, Hendrich lui donna deux fils et une fille. Il l'avait séduit à Berlin, pendant un voyage d'affaires. Le deuxième Oméga était grec, Heraklès ne fit naître qu'une fille à cause de soucis de santé. Le troisième s'appelait Charles, il était anglais et lui donna quatre fils et une fille, le plus productif de tous. Le quatrième se nommait Francis et ils firent deux fils, vite suivit du cinquième et dernier Oméga avant lui, un tunisien nommé Nassim, qui lui donna deux filles et un fils.
- Il n'y a pas beaucoup de filles...
- J'espère que tu m'en feras quelques unes. Peut-être même qu'elle pousse dans ton ventre en ce moment même.
Loïs rougit comme une tomate, à la fois extrêmement embarrassé et heureux. Il allait faire partir d'une famille, une grande famille.

Lorsque Ewen fut suffisamment remit pour discuter calmement, Julien lui expliqua tout. Quand ils étaient jeunes, il l'avait marqué comme sien et c'était resté depuis, alors quand il l'avait enfin retrouvé, il ne pouvait pas freiner son envie de le garder pour lui seul. Ayant récupérer quelques temps avant un jeune homme aussi beau que lui et cherchant un avenir meilleur, il avait saisit l'occasion pour faire l'échange. Julien prit la main de l'autre dans la sienne, la serrant fort.
- Je peux comprendre que tu m'en veuilles... Je t'ai arraché à un avenir tout tracé où tu aurais été en sécurité.
- Je t'aime Julien.
Cette réponse le rassura et il enlaça le brun qui se sentit parfaitement à sa place dans les bras de l'autre. Un regret subsistait pourtant...
- Finalement, je ne porterais pas d'enfants... En plus, les Omégas n'obtiennent des aides de l'État que si ils enfantent...
- Pourquoi tu n'en aurais pas un avec moi?
- Un Bêta ne peut pas féconder un Oméga.
- Et alors?
Le plus jeune fixa son ami avec intensité, prenant peu à peu en compte l'ampleur de ces simples mots. Julien était un Alpha? Vraiment?! Pourtant, il n'avait pas ressenti de sensations aussi étranges et intenses avec lui que celles avec Romulus... Le roux sourit simplement et se leva pour aller chercher un papier qui se trouvait être un certificat médical de prescription.
- Des suppresseurs?
- Oui. Mon frère travaille dans un institut de recherches sur les Alphas et les Omégas. Étant gosse j'avais des soucis parce que mes phéromones d'Alpha faisaient flipper les gens autour de moi alors il a créé des suppresseurs. Ça marche tellement bien que les autres m'identifient comme un Bêta lambda.
- Oh je vois... C'est vrai que pour vous aussi, ça peut être difficile à gérer.
- Mais maintenant que je t'ai, Ewen, je n'aurais plus besoin de ces suppresseurs... Et nous n'aurons aucuns soucis à faire des enfants non plus.
Tout s'expliquait. Au fond, l'adolescent était soulagé car il pourrait à la fois vivre avec une personne qu'il aimait et l'aimait en retour, et aussi croire en un avenir confortable puisque Julien lui avait dit que Romulus lui paierait des études ou lui trouverait un emploi en compensation pour l'avoir échangé sans son consentement. En remerciements, il s'assit sur les genoux de l'autre pour lui octroyer un long et profond baiser, mettant leurs émotions sans dessus dessous.

Romulus avait déposé son nouvel Oméga chez l'un des précédents, son travail ne lui permettant pas de prendre plus de temps pour répondre à toutes ses questions. C'est comme ça que Nassim se retrouva à l'accueillir dans son grand loft exposé plein sud afin de profiter au maximum du soleil. C'était un jeune homme au teint bronzé, avec de beaux yeux ambrés et de courts cheveux noirs hormis une tresse plus longue et fine sur le coté. Il portait dans ses bras un bébé d'à peine quelques mois que Romulus prit immédiatement pour lui faire des petits bisous, l'enfant ayant gazouillé en sentant la barbe le picoter. Malheureusement il ne pu profiter longtemps et reparti en coup de vent après avoir embrassé les deux Omégas. Gêné comme tout, Loïs n'osait bouger du canapé en angle couleur caramel, allant avec le reste de la pièce décorée dans des tons chauds. Nassim s'assit près de lui et cala l'enfant qui commençait à geindre.
- Excuse moi, je dois lui donner à manger.
- Oui, bien sûr...
Il allait demander pourquoi il s'excusait quand il le vit ôter gilet et t-shirt, laissant la bouche du bébé s'agripper à l'un de ses tétons pour tirer dessus goulûment.
- Amir est plus gourmand que ses sœurs.
- Tu... lui donnes du lait...?
- Oui. Ne t'inquiète pas, le corps d'un Oméga s'adapte naturellement à ce genre de choses.
- Ça te fait mal?
- La tétée? Non, pas tant qu'ils n'ont pas de dents en tout cas.
Tout ceci le passionnait. Ainsi, le dernier enfant en date de Romulus n'était donc âgé que de quelques mois, trois lui dit-on. Il apprit que l'aînée nommée Farah n'avait que trois ans et la seconde, Yasmine, n'était âgée que d'un an et demi. Toutes deux faisaient leur sieste de l'après-midi ainsi, ils pouvaient discuter tranquilles. Nassim lui apprit dans quelles circonstances il avait quitté sa ville portuaire en Tunisie pour finir dans ce loft de luxe en France. Être un Oméga était très mal vu là bas et à l'âge de ses premières chaleurs, on le mit sur le trottoir pour être vendu au plus offrant afin de pouvoir «déguster la première nuit» Il ignorait comment Mumus, il aimait l'appeler ainsi, avait eut vent de ça mais toujours est-il que le millionnaire le remporta non seulement pour la nuit mais la vie aussi. Nassim était donc devenu son cinquième fiancé mais n'ayant que treize ans, Mumus lui fournit les médicaments nécessaires à sa vie quotidienne et le fit terminer le collège avant d'enfin poser la main sur lui à ses seize ans. Pourtant ce ne fut qu'un an après que Farah vint au monde, cette première grossesse puis la seconde se passa sans encombres mais pour Amir ce fut plus compliqué. Par sécurité Mumus décida de ne pas tenter de lui en refaire un ensuite ou alors, pas avant quelques années.
Une fois le petit restauré et bercé, son papa le remit au lit avant d'à nouveau se consacrer à son invité. Il confirma que l'offre d'études était véridique, lui-même passait en ce moment même son bac pour enfin entamer ses études qui allait lui permettre de devenir ingénieur du son. La seule condition étant qu'il ne travaille pas à plein temps afin de pouvoir élever avec soin ses enfants, ce à quoi il consentait sans problèmes.
- Tu as un rêve toi?
- Je voudrais être couturier-styliste...
- Grâce à Mumus ça peut être possible.
Nassim avait un grand sourire et Loïs ne pu que le lui rendre, ce garçon avait un éclat solaire et une joie de vivre faisant plaisir à voir. Peut-être était-ce ses trois bouts de chou qui l'aidaient à sourire autant malgré les difficultés rencontrés. Peut-être que cette «maternité» le rendait plus fort ou du moins plus confiant. Il sortit de ses pensées en entendant la voix du concerné.
- Mumus t'a envoyé à moi car je suis le plus proche en âge, tu n'as que seize ans n'est-ce pas? Et j'en ai dix-neuf.
- Et les autres?
Pour s'aider, Nassim compta sur ses doigts ce qui amusa Loïs mais avec une famille aussi grande que la leur...
- Mumus a quarante-neuf ans, Madame Florentina et Hendrich en ont tout deux quarante-sept. Heraklès vient d'avoir tente-cinq ans, Charles en a trente-deux et pour finir Francis a vingt-huit ans.
- Romulus vous fréquente tous en même temps?
- Oui. Sinon notre poule-pondeuse londonienne n'aurait pas pu faire autant de poussins en si peu de temps.
- C'est pas très gentil...
- C'est une plaisanterie, c'est drôle de le voir se vexer. Mumus adore ses enfants, il ne se trompe jamais de prénom ni de date de naissance.
- Quel âge ont ses aînés?
- Alors les trois fils de Madame on respectivement vingt-huit, vingt-six et vingt-quatre ans.
Le même âge que certains des Omégas de leur père. Il se demanda vaguement si les enfants et leur mère se doutaient des nombreux frères et sœurs qu'ils avaient ou même si ils s'entendaient entre eux. Est-ce qu'il pourrait rencontrer les autres Omégas et leurs progénitures un jour? Peut-être. En attendant, il était heureux de s'être fait un ami parmi cette immensité de gens.

Ewen demanda simplement à finir le lycée ce qui lui fut accordé, sa rentrée se passa bien, les gens étant plutôt sympathiques pour la plupart. Gardant toujours ses médicaments sur lui au cas où, il se sentait en sécurité. Julien travaillait de son coté comme directeur d'une usine de textiles, ce n'était pas aussi glorieux que Jacob et son labo mais après tout, ça lui convenait. Leur cadet, Alain, était un libraire heureux avec son petit-ami tout aussi féru de livres. Des trois frères, Julien était le seul Alpha, ses frères étant de type Bêta, ils pouvaient vivre leurs vies comme ils le voulaient.
Dans sa classe de seconde, Ewen rencontra un garçon blond timide, il dit s'appeler Corentin. Prit d'affection pour lui, ils décidèrent de devenir amis. Le garçon était très gentil, très doux, presque placide voir complètement effacé. La gentillesse de Ewen le rassura rapidement sur ses intentions. Il apprit que son ami était un Oméga et Corentin en fut impressionné, lui-même remerciant le ciel de ne pas en être un. Il n'aurait pas supporté toutes les contraintes et aurait probablement vécu dans la peur de se faire violer. Le petit brun comprenait parfaitement cette peur pour l'avoir ressenti. Son ami lui raconta qu'il vivait avec ses grands-parents suite à son départ de la maison familiale, ses parents n'ayant pas levé le petit doigt pour lui alors qu'il subissait un harcèlement scolaire intense au collège. Avoir un ami pour affronter le lycée le rassurait, avoua-t-il.
- Mon père n'était pas très attentif non plus.
- Vraiment?
- Ce n'est pas mon père biologique mais moi, je l'aimais. Lui non. Mais à vrai dire, je ne crois pas qu'il soit capable d'aimer qui que ce soit...
- Avec qui tu vis maintenant? Ta mère?
- Non. Je vis avec mon Alpha mais la situation a été assez compliqué, mon Alpha n'est pas celui auquel mon père m'avait destiné.
- ...T-Tu n'as pas eut de problèmes...?
- Non, tout s'est bien passé. Je suis heureux.
Corentin fut rassuré, il avait souvent entendu parler des Alphas et de leurs colères parfois monumentales. Ils étaient plus intelligents, plus forts et plus rapides que la moyenne de la population, connus pour leur grand appétit sexuel, leur instinct de reproduction et leur jalousie excessive pour leur destiné. D'ailleurs Ewen s'était interrogé pendant sa brève relation avec Romulus si celui-ci avait rencontré son partenaire destiné parmi tout ses Omégas? Certainement que non, si il continuait à en prendre d'autres. Lui, était-il le destiné de Julien...? Quelque chose lui répondit «Oui» après tout, il l'avait marqué depuis plusieurs années... Machinalement, il posa sa main sur sa nuque en rougissant. Corentin le remarqua et lui demanda si tout allait bien, ce à quoi il répondit par la positive. Oui, tout allait bien dans sa vie finalement.
La journée finie, il rentra à la maison avec quelques sacs de courses. Il posa le tout dans la cuisine puis son sac de cours dans la chambre. C'est dans la bonne humeur qu'il cuisina un bon repas, tellement concentré dans ses préparations qu'il ne se rendit pas de suite compte que quelqu'un s'était glissé dans son dos. Il sursauta quand des mains se posèrent sur ses hanches, remontant vers sa taille puis se croisèrent sur son ventre. Ewen se détendit et s'appuya contre la haute silhouette de Julien, reconnaissant sa présence et son odeur, celle-ci s'étant faite plus forte maintenant qu'il ne prenait plus de suppresseurs.
- Qu'est-ce que tu nous cuisines de bon?
- Un gratin de pommes de terre à la crème avec des lardons et du gruyère.
- Oh, j'ai hâte. Tu as tout fait?
- Oui.
- Ça mérite une récompense.
Ewen se fit retourner puis soulever, finissant assit sur le plan de travail mais suffisamment loin du four pour éviter tout accidents. Julien se plaça entre ses jambes, ses mains plaqués sur ses fesses pour le tenir proche, les bras de Ewen entourant fermement ses épaules alors que leurs bouches se dévoraient. Les lèvres du roux migrèrent dans son cou pour embrasser et sucer la peau fine, laissant de petites marques rosées sous les soupirs de bien-être de son partenaire. Naturellement, l'Oméga ondulait du bassin pour créer une friction entre eux, massant leurs désirs à travers leurs pantalons. De petits gémissements commencèrent à se faire entendre, envoûté par eux, Julien plongea sa main dans l'arrière du jean de son compagnon, passant sa main sous le caleçon puis son majeur entre ses fesses, faisant se cambrer le plus jeune. Il accentua alors cette caresse tout en approfondissant encore leur baiser, laissant à peine un souffle d'air passer entre eux tandis que son doigt trouvait enfin la caverne aux merveilles. L'humidité produite par son Oméga ne mentait pas sur son désir actuel, son besoin de lui et bien qu'il ne comptait pas le prendre, il ne se gêna pas pour le doigter adroitement. Les iris violets face à lui étaient brumeux, de petites larmes perlant à leurs coins, la bouche ouverte à la recherche d'un peu d'air, les joues rouges et la peau brûlante, l'extase était proche. En effet, il suffit à Julien d'appuyer un peu plus à la fois devant et derrière pour que Ewen ne tache son pantalon et ne tombe dans ses bras.  

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