Chapitre 8

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Linois était ravi que son ami soit si plein de vie, c'était le cas de le dire. Du haut de ses cinq mois de grossesse, Loïs était en effet «plein de vie». Précisément, plein de celle grandissant en lui. Et Linois mettait un point d'honneur à l'aider au maximum pendant les cours et parfois en dehors. Pourtant, son regard était fixé sur trois choses de façon alternative, profitant d'une sortie entre potes. Petit 1, le ruban noir autour du cou de Loïs, petit 2, le torse de celui-ci et enfin petit 3, le ventre rebondit. Loïs pour le moment était bien trop occupé à dévorer une gaufre sucre/chocolat/chantilly pour se rendre compte de l'observation intense dont il était l'objet.
- Loïs, tu sais que tu es horriblement attirant?
Il cligna des yeux, regardant son ami aux beaux cheveux bleu pastel avec un air d'innocence à damner un Saint.
- Tu es fécondé, ton odeur a changé. Elle est encore plus douce et sucrée. Ton Alpha a bien fait de te faire porter un collier.
Il passa sa main sur la bande de satin noir à son cou, en effet, Romulus le lui avait fait porter pour qu'il soit plus tranquille et pour se sentir plus en sécurité. Et ça le rassurait que sa marque ne soit plus exposée aux yeux de tous. Cette marque était très intime après tout.
- J'oublie souvent que tu es un Alpha toi aussi. Ton odeur et ta présence ne sont pas écrasantes comme les autres.
- Je comprends. Mais là tout de suite, je me sens très Alpha.
- Pourquoi?
- J'ai un Oméga enceint sous les yeux, j'ai l'instinct de le protéger. Ce n'est pas plus mal sans doute. Mais du coup, j'ai des envies par rapport à ce même Oméga.
- Tu veux coucher avec moi?
Loïs avait instinctivement reculé, son bras se plaçant devant son ventre. Il adorait toujours autant faire l'amour avec Romulus malgré sa grossesse avancée mais l'idée d'un autre dans son corps était proprement insupportable. Linois lui prit la main et l'embrassa doucement.
- Calme, bel oiseau. Tu sais bien que je ne te ferais jamais aucun mal.
- Je sais Lin mais... Je ne peux pas le contrôler.
- Je ne parlais pas de te faire l'amour.
- De quoi alors?
- Je sens l'odeur de ton lait et j'ai envie d'y goûter. C'est très perturbant de le penser mais alors de l'avouer...
Loïs était au courant de ce fait. C'était même devenu un jeu sexuel avec Mumus, apparemment, le lait d'un Oméga produisait un effet aussi attirant que leur lubrification génitale, niveau attirance sexuelle pour les Alphas. Cette information l'avait fait rire au début, trouvant cela parfaitement ridicule. Ce n'était que du lait non? Il savait maintenant d'expérience que c'était véritablement le cas. Probablement à cause des taux hormonaux qui crevaient le plafond. Voyant que son silence avait plongé Linois dans l'embarras le plus total, il tenta d'y remédier par une petite blague.
- Promis je te garderais un biberon de coté.
Soulagé que l'Oméga ne lui en veuille pas de réagir à lui, il sourit à son tour. La discussion prit alors une tournure bien plus légère, Linois discutant du futur modèle de robe qu'il voulait confectionner, profitant des conseils avisés de son ami, lui aussi apprenti couturier.

L'autre jeune père s'était également rendu compte de ce genre de choses et comme Loïs, Ewen avait écopé d'un collier. Parfois, les Omégas portaient un collier simplement pour faire croire aux Alphas qu'ils étaient pris et du coup on leur fichait plus facilement la paix, même si ils n'étaient pas réellement marqués. Un moyen simple de se protéger et c'était toujours bon à prendre. Ewen n'en avait pas porté avant que Julien ne l'emmène dans cette boutique spécialisée dans les besoins des Omégas. On pouvait y trouver toutes sortes de choses, dont des vêtements de grossesse. Ewen y avait acheté quelques blouses confortables et des pantalons élastiques pour se sentir à l'aise dans ses fringues. Julien n'avait pas pu résister à lui choisir un collier sublime alors que Ewen se serait contenté d'un tout simple comme celui de Loïs. Mais non, il arborait donc une large bande de dentelles noires, très ouvragée mais suffisamment serrée pour faire son boulot, soit cacher sa marque. Il y avait un étage consacré à la sexualité Oméga, ils y allèrent pour voir ce qu'il y avait. Ewen avait ouvert de grands yeux en voyant le long, et très fourni, rayon des sex-toys avec un si large choix de vibros. Il y avait aussi un rayon consacré à des tenues plus que olé olé et de la lingerie adaptée à la physionomie masculine. Julien ne résista pas à acheter quelques ensembles, ignorant royalement les joues rouges de son Oméga qui se voyait mal porter ce... string? Même un string semblait plus couvrant! Ce truc était un timbre poste... Il y avait aussi cependant un rayon plus «pharmaceutique» là on pouvait trouver des crèmes, des lotions et des onguents. Ewen mit dans son panier une crème anti-vergetures, voulant conserver la belle peau de son ventre même si sa nature même d'Oméga lui permettait de limiter ce genre de désagréments. Leur beauté était leur arme pour rester en vie, biologiquement parlant. Il prit une huile de massage permettant une meilleure circulation sanguine, super pour ses jambes lourdes, un gel anesthésiant pour soulager sa poitrine endolorie et enfin, un petit lubrifiant qu'il trouva amusant pour le goût pomme-kiwi. Il ignora le commentaire de Julien lui chuchotant à l'oreille que rien ne pouvait avoir meilleur goût que la sève coulant d'entre ses cuisses. Ce magasin terminé, ils allèrent dans un autre cette fois spécialisé pour les bébés. Il était après tout à la moitié de sa gestation, il était temps de commencer à tout préparer. Le magasin de puériculture était immense, véritablement immense.
- On dirait qu'il y a un plan. Un peu comme dans les IKEA.
- Je doute qu'on y trouve des petits crayons à papier qu'on puisse piquer, soupira Ewen, déjà fatigué à l'idée de parcourir toutes ces allées.
Julien l'enlaça tendrement, posant un baiser léger dans son cou, ses lèvres frôlant la dentelle du cache. Plus serein, Ewen lui prit la main et ils avancèrent, observant les différentes chambres d'expositions. Ne souhaitant pas savoir si c'était un garçon ou une fille, ils refusaient donc de tomber dans le sempiternel bleu ou rose. Ewen souhaitait une chambre jaune pâle avec des oursons comme motif, ce à quoi acquiesça son Alpha. Celui-ci parlementa longuement avec plusieurs vendeurs pour trouver le lit le plus sécuritaire possible et le commanda en bois clair afin qu'il s'accorde à la chambre. Le jeune brun quand à lui jeta son dévolu sur un très belle chaise à bascule, il s'y voyait déjà, berçant le bébé. Le directeur d'usine ajouta celle-ci à leur liste. En achats immédiats, ils repartirent donc avec des pots de peinture, des fresques que Ewen voulait découper lui-même, des peluches, des étagères et quelques vêtements pour nouveau-né. Ils viendront chercher les objets commandés soit le lit, la chaise, l'armoire et la table à langer plus tard.
Ewen était allongé sur le canapé, un livre calé contre son ventre rond. Julien était assit à coté et s'occupait de masser les pieds, les chevilles et les jambes de son chéri. Au début il refusait mais maintenant, il adorait ce petit moment de bonheur quotidien. Récemment, ils avaient rendu visite à Alain qui vivait tranquille avec son petit-ami qui était aussi son assistant libraire. Comme d'habitude, le libraire n'avait pas été très aimable avec son frère aîné mais avec le jeune homme, il était bien plus conciliant. Jacob ne s'était pas libéré mais il parlait par mail ou texto avec son frangin de temps à autre. Il avait cependant le temps de se tringler quelques nanas, un luxe, rappelons le. Être un prodige de la science lui permettait d'accéder aux femmes, tout bêtement. Ewen sorti brutalement de ses pensées en posant une main sur son ventre, relevant ses yeux violets brillants d'émotion vers son compagnon.
- Alpha, notre bébé vient de bouger...
Julien sourit alors franchement et se pencha pour poser sa main au même endroit, sentant un léger coup.
- C'est merveilleux. Tu es un parfait Oméga.
Ce n'était pas rabaissant, ce n'était pas malsain. C'était simplement un couple reconnaissant la place de l'autre et reconnaissant à quel point il était parfait dans son rôle. Une très belle preuve d'osmose dans leur relation.

Romulus était fatigué bien que ça semblait stupide. Après tout, il n'avait plus que quatre Omégas à gérer au lieu de six. Perdre Nassim avait été une chose mais perdre Hendrich avait été un sacré coup. Hendrich était le premier Oméga auquel il s'était lié. Ils avaient été compagnons pendant plus de vingt ans et maintenant, il n'était plus là. Il n'avait pas quitté ses fonctions car Romulus ne pouvait nier son professionnalisme et qu'il n'était pas assez mesquin pour le virer pour des raisons personnelles. Hendrich avait été sa bouée de sauvetage, un point commun avec Baal s'étant raccroché à Falcata, finalement. L'italien se versa un verre de vin qu'il bu lentement. Il était dans une suite hôtelière classe mais seul. Voir Florentina maintenant l'aurait davantage déprimé. Bien sûr il aurait pu faire monter des Omégas escort-boys et passer une soirée 100% sexe mais ça ne le tentait plus. Hendrich lui manquait. Désabusé, il ouvrit son ordinateur portable et lança un appel Skype. L'étau serrant son cœur se relâcha quand il aperçu le blond sur son écran. Ses cheveux étaient retenus en un chignon lâche et désordonné, et il portait ses fines lunettes bleues aidant ses yeux fatigués. Lui-même devait avoir une sale tronche.
- Tu as très mauvaise mine Rom.
Bah tiens! Il aurait dû parier, il aurait gagné.
- Par contre toi, ton teint est excellent.
- Je t'en remercie.
Et c'était vrai. Hendrich était sublime depuis toujours mais là, il rayonnait. Et ses rides, bien que légères, étaient moins marquées. Romulus savait que le lien entre partenaires destinés aidait à «soigner» l'autre, d'où cette cure de jouvence.
- Je suppose que ton ruskov a bien meilleure mine lui aussi.
- En effet, Scandza se porte mieux. Rom, pourquoi m'as-tu appelé?
- Pour prendre des nouvelles.
- Et la vraie raison?
- Tu penses que je mens?
- Comme tu respires. Je te connais Rom, vraiment. Dis-moi pourquoi tu m'as appelé?
Un silence s'installa, l'italien en profita pour boire à nouveau et passer sa main dans ses cheveux défaits.
- Tu me manques. Je ne me sens plus la force de lutter sans toi.
- Arrête alors. Tu as laissé Théodose dans le silence le plus complet, il ignore tout de toi et de lui-même. Ce n'est pas un choix, tu le lui as imposé.
- Et alors quoi? Je jette mes Omégas à la poubelle et Florentina avec? Je suis marié à elle. Et je l'aime.
- Tu es un Alpha, je suis celui qui t'a sauvé avant que tu ne tombes en rut. En fréquentant Florentina, tu n'avais plus jamais touché un seul Oméga, tu as rejeté celui qui est ton destiné et ça te rendait fou. Tu te souviens de ce que tu as ressenti à ce moment là? Ce manque atroce et douloureux, tu m'aurais violé si je ne t'avais pas déjà cédé. Avoue-le.
Romulus propulsa le verre à travers la pièce, celui-ci s'écrasant avec fracas contre le mur. Hendrich avait l'air profondément triste, touché par la détresse de Romulus et si il était à proximité, et pas lié à son véritable Alpha, il aurait immédiatement fait don de son corps pour effacer cette tristesse, cette souffrance, cette profonde douleur.
- Tu dois y réfléchir. Les autres sauront se trouver des Alphas si tu les aides et tu pourras toujours être le père de leurs enfants. Ils seront toujours à toi.
- Flo...
- N'utilise pas ta femme comme une excuse. Elle voit ta souffrance depuis trente ans et elle souffre d'en être la cause. Parle avec elle, vos fils sont grands.
- ...Quand bien même. Théodose vit avec une femme depuis des années.
- Vivait, c'est un homme qu'il fréquente maintenant. Essaye, il est à toi pour peu que tu le veuilles. Et il le voudra aussi. Qui refuserait une union parfaite?
Le millionnaire éclata de rire, un rire tout sauf heureux.
- Tu veux dire, qui à part nous deux?
Hendrich lui rendit un sourire amusé, reconnaissant l'étrangeté de la situation.
- Oui, à part nous deux.
- J'y réfléchirais. Merci Hendrich et... bonne continuation, tout ça.
- N'hésite pas à rappeler. Je suis et serais toujours ton ami.
- Je le note.
La conversation se termina et Romulus referma son ordinateur. Il le mit en sécurité puis bu le vin directement au goulot de la bouteille. Une fois assez bourré à son goût, il s'affala sur le lit moelleux. Il tenta de se réapproprier l'image de Théodose... Oui, ça lui revenait. Ses yeux verts à l'éclat doré et cette chevelure d'un chaud brun, légèrement bouclée avec une ou deux mèches rebelles. Le grain doré de sa peau de par ses origines turques et italiennes. Et sa voix oh bonté divine, sa voix... Il se souvenait qu'elle était belle mais impossible de s'en rappeler le son exact. Il soupira, Loïs allait accoucher dans quatre mois. Il devait tenir le coup encore un peu, attendre que le bébé grandisse. Abandonner un Oméga enceint ou tout juste père serait un acte inconsidéré, à bien des niveaux. Mais n'empêche que la pensée de Théo, sans Hendrich pour faire écran, était des plus obsédantes...

Victoria était à la maternelle, Jack et Zayne étaient au collège et Wyatt au lycée. Il n'y avait que Shawn qui n'était pas à l'école. Charles avait été surprit de la demande de son fils celui-ci lui ayant dit qu'il avait prit un rendez-vous chez le médecin et son souhait de l'accompagner. Naturellement, il avait accepté. Les voilà donc tout deux assis dans la salle d'attente du docteur Auguste Autheville. Un docteur très réputé dans le domaine des Alphas, en étant un lui-même. Fait surprenant, il vivait à la fois avec une femme Bêta et un Oméga, il s'était ainsi créé un équilibre parfait entre ses envies humaines et celles instinctives. Mais là n'était pas le sujet. La porte s'ouvrit, laissant voir la silhouette de ce grand homme aux cheveux bruns coupés courts et de perçants yeux couleur olive, ses lunettes grises bien posées sur son nez aquilin. Il portait une blouse blanche sur une chemise de même couleur, portant une cravate grise rayée de rouge, très classe avec un pantalon cigarette noir et ds chaussures de même couleur. Charles se sentit honteusement rougir devant cet Alpha si séduisant et Shawn se sentit vaguement irrité.
- Le jeune Shawn Bolton? Et son père.
- C'est nous.
Ils se levèrent et entrèrent dans le cabinet, après avoir serré la main du praticien. Il 'assit face à eux et regarda l'adolescent.
- Donc, Shawn, tu as dix-sept ans et tu es de type Alpha. Tu fais un mètre soixante-quinze pour soixante-cinq kilos. Tous tes vaccins sont à jour, aucunes maladies ou anomalies à signaler. Correct?
- Ouais doc.
- Bien. Pourquoi me voir alors?
- Je veux les suppresseurs.
- Et votre père est d'accord?
Charles ne l'était pas vraiment en fait. Il était très fier d'avoir donné naissance à un Alpha aussi beau que son fils mais il comprenait malgré tout ses motivations.
- Je sais que mon accord n'est pas nécessaire mais nous en avons discuté alors nous sommes venus ensemble.
- C'est une bonne chose, décida le docteur.
- Alors je peux les avoir?
- Ne sois pas si pressé jeun homme, explique moi d'abord pourquoi tu les veux.
Shawn expliqua alors à nouveau ses motivations: son hétérosexualité, ses instincts qui le dérangeaient au quotidien, son désarroi par rapport aux Omégas. Ce dernier point fut compliqué à expliquer en ayant son Daddy juste à coté mais il y parvint. Shawn respectait la condition Oméga, profondément mais il ne voulait pas se lier à eux. C'était un poids bien trop lourd que de parvenir à être un Alpha digne de ce nom.
- Les suppresseurs ne sont pas à vie, je peux te faire une prescription pour un an mais tu reviendras me voir tous les trois mois pour être sûr que ça va. Dès que tu les arrêteras, tout reviendra à la normale.
- D'accord.
- Ça ne sera pas facile, tu te sentiras fatigué. Moins alerte. Être un Bêta n'est pas si simple que ça pourrait le sembler. Tu auras moins de force, de vitesse. Tu vas perdre les inconvénients Alpha mais les avantages aussi.
- Mais je vais m'y habituer, non?
- Oui, c'est surtout les trois premiers mois le plus dur. Si tu as la volonté nécessaire, ça se passera.
Shawn acquiesça puis se soumit à un rapide check-up avant de recevoir sa prescription. Ils remercièrent le médecin puis allèrent à la pharmacie où le vieux derrière le comptoir lançait un regard peu amène au garçon. Charles lui lança à son tour un regard noir, le faisant presque se ratatiner sur place. Non mais. Une fois dans la voiture pour rentrer à la maison, l'ambiance était un peu moins tendue.
- Daddy, je t'aime vraiment, ce n'est pas contre toi si je fais ça.
- Je le sais mon bébé.
- Je ne suis pas un bébé...
- Tu le seras toujours pour moi. Comme tes frères et sœur. Je vous suivrais et vous soutiendrais quoiqu'il m'en coûte. C'est mon rôle.
- Les Omégas sont tous autant dévoués? A leurs enfants et à leur Alpha?
- La plupart oui. La très grande majorité.
Shawn se retourna vers la vitre de la voiture, le paysage urbain défilant sous ses yeux. Il voulait être Bêta et tenter de trouver une fille. Et si ça ne lui convenait pas, il reviendrait à sa nature première. Pourtant, savoir que son père était avec lui le rassurait beaucoup. L'adolescent était respectueux de Romulus mais il était élevé par Charles, son modèle c'était lui. Peut-être que c'était parce qu'il voyait son père si fort et si déterminé malgré son type Oméga que ça le gênait de devoir en avoir un à lui. Surtout si il tombait sous le charme de l'Oméga stéréotypé: petit, fin, docile à souhaits. Maquillé et habillé comme une nana. Il y en avait pas mal encore même si la tendance s'effaçait. Quitte à tomber pour des yeux de biche et des hanches ondulantes sur talons aiguilles, autant que ça soit une vraie femme avait-il décidé.

Falcata se déhanchait avec passion sur la piste de danse, une boîte parisienne à la mode, remplie de gens en chaleur. Enfin, pas «en chaleur» au sens propre. Alphas, Bêtas et Omégas se frottaient les uns les autres dans un fouillis de corps excités. Falcata souhaitait oublier les yeux bleu sombre de Baal et la sensation divine de son corps contre le sien. Rien de mieux que d'essayer de se faire tringler pour cela. Autant appeler un chat, un chat! Il portait un leggings en simili cuir noir avec par dessus une tunique cintrée dorée, rappel de ses baskets de même couleur. Ses boucles étaient rassemblées en un chignon savamment coiffé-décoiffé. Il attirait beaucoup l'attention, bien qu'il ne soit pas un frais mignon de vingt piges. Très vite, un homme s'approcha de lui. Beau, fin et blond. Des cheveux blonds en bataille, des yeux bleu-vert, une odeur exquise. La beauté mâle se pencha pour lui parler à l'oreille par dessus la musique.
- Je m'appelle Esus, et toi?
- Falcata.
- Cool! Célib et libre?
- Libre comme l'air, Esus!
Ils se sourirent et dansèrent collés-serrés, les mains de Falcata allant se perdre sur le tee-shirt orange, tâtant la marchandise qu'il trouva délicieuse. Esus avait le corps musclé sous une peau satinée. Rien à voir avec la constitution purement mâle et viril de Baal. L'homme en face de lui sentait la forêt et la fraîcheur. Délicieux.
- Alpha, tu sens vraiment très bon.
- Toi aussi, tu exhales quelque chose de chaud. C'est terriblement tentateur.
Falcata se perdit dans ces yeux là, subitement éclairé d'un spot vert, leur donnant un éclat émeraude qui effaça le bleu de ses iris. Est-ce qu'il ne méritait pas enfin un Alpha qui s'occuperait de lui? Qui le traiterait tel la Princesse tant attendue? Baal avait été gentil mais il ne s'était pas donné l'occasion de s'attacher à lui.
- Vraiment libre, Oméga?
- Totalement, très cher Alpha oh combien viril.
Esus éclata de rire, très amusé par cette répartie. Dans les hautes sphère ça se faisait encore de s'appeler par classe mais sans le sentiment de réelle appartenance et sérénité que pouvait éprouver un couple. C'était une sorte de politesse bizarre. En réponse Falcata se frotta encore plus à lui, ses bras enlaçant la nuque blonde puis son nez fourrageant dans son cou. Embrasser et lécher cette peau était sublime. Il en adorait le goût. Esus en profitait pour masser son cul, appréciant sa rondeur et sa fermeté. Il ne fallu que quelques minutes pour que son nez capte l'odeur délicieuse de la mouille de l'Oméga. Esus était un jeune riche de vingt-cinq ans et il avait couché avec pas mal d'Omégas et de Bêtas, cependant jamais il n'avait sentit une odeur aussi entêtante.
- Falcata, sortons d'ici.
Il hocha la tête. Ils se prirent par la main et sortirent de la boîte, sentant d'autres mains les caresser au passage. C'était immensément sensuel mine de rien.
Ça faisait longtemps qu'il n'était pas rentré avec un Alpha au pif, trouvé dans un bar ou une boîte. Falcata passait de bras en bras depuis des années, on pourrait le traiter de pute. On pourrait lui dire qu'il était le pire pour l'image des Omégas, profitant de sa beauté pour se faire sauter par n'importe qui. Et aimant ça. Il n'avait presque jamais dit non à une partie de jambes en l'air, il avait fait des plans à plusieurs. Il s'était déjà fait attacher, un peu maltraiter, jouant ce rôle d'Oméga docile. Mais justement, il jouait. Ce n'était pas sa vraie personnalité, son caractère était plus fort que ça.
- Tu es superbe, Falcata.
- Je suis mannequin haute-couture.
Métier qu'il exerçait avec brio depuis des années. Il s'était envoyé une bonne partie du staff mais s'était un peu calmé en rencontrant Baal. N'étant pas liés, il continuait pourtant à coucher à droite et à gauche. Ils arrivèrent dans un appartement luxueux, dans un quartier sympa de Paris. Falcata n'eut pas le temps d'apprécier la décoration moderne car il fut tiré dans la chambre et tomba sur le lit. Il couina légèrement en sentant le poids de l'autre tomber sur lui. Ils se déshabillèrent rapidement, se touchant allégrement.
- Tu n'es pas marqué...
- Nan... Jamais...
- Mais putain, tu sens si bon... Mais... y'a de l'Alpha sur toi...
- Je vivais avec l'un d'eux mais il s'est lié.
- Qui oserait t'abandonner?
- Baal Hammon l'a fait.
- Cet homme est fou, décréta Esus en fondant sur son cou pour l'embrasser.
Ces simples mots le perturbèrent quelques instants. Baal était-il fou de l'avoir abandonné? Peut-être mais il ne pouvait rien y faire, ni lui d'ailleurs. Ils n'avaient pas décidé. Si Nassim n'avait pas croisé son chemin, peut-être serait-il à lui. Il n'était pas amoureux de Baal mais il avait été son compagnon de vie pendant longtemps.
- Baise-moi Esus... Vite...
- Ça arrive, t'inquiète pas.
Le blond glissa entre ses jambes pour lui offrir une fellation du tonnerre de Dieu. Oh c'était si bon... Mine de rien, pas mal d'Alphas préféraient recevoir ce genre d'attention que d'en donner. Mais celui-ci le faisait et diablement bien. Le bel ibérique gémissait divinement, une musique sublime selon l'avis du plus jeune. Il ne le mena pourtant pas au bout de la chose, sa langue descendant entre les deux globes charnus de ses fesses. Un coussin calé sous le dos de Falcata, il remonta les jambes dorées pour pouvoir lécher le lubrifiant naturel qui s'écoulait de ce joli petit orifice.
- Hm...Nah... Esus...
Encore. Il voulait l'entendre,le sentir et le goûter encore. Il avait un goût sensationnel. Il ne se lassait pas de le laper encore et encore, provoquant moult gémissements de sa part. Esus fini pourtant par se redresser, ses lèvres humides et brillantes de ce fluide. Dominant de sa hauteur l'Oméga à la respiration affolé, étalé sur le lit, il posa la main sur son propre sexe et commença à se branler. Les yeux verts de Falcata ne quittaient pas ce pénis, observant avec une gourmandise non feinte cette main monter et descendre sur cette hampe dure et gonflée.
- Ohhh... Esus... Vient, vient...
- J'arrive...
Esus se laissa tomber sur lui, l'embrassant profondément alors qu'il guidait sa verge contre cet anneau de chair qui le tentait. Il rentra sans grandes difficultés, avalant le gémissement à la source. C'était si bon à l'intérieur de lui, si chaud, si accueillant. Définitivement meilleur que le vagin d'une femme et pourtant, il en avait connu. Il était même meilleur que les autres Omégas. Falcata avait ses mains dans le dos de l'autre, ses ongles griffant doucement la peau à mesure que l'autre se mettait en mouvement. Front contre front, il se déhanchaient l'un contre l'autre, leurs peaux se collant et se claquant selon leur rythme. A ce moment là, Falcata avait complètement zappé qu'il n'avait pas prit de pilule car aujourd'hui, il aurait dû prendre une injection. Il avait oublié que l'Alpha occupé à le baiser n'avait pas mit de capote. Il avait oublié que si il avait tellement envie de sexe, que si il mouillait tellement, que si il faisait si chaud c'était parce que ses putains de chaleur commençaient ce soir même. Pourtant à ce moment précis, il s'en fichait complètement. Advienne que pourra.

Gilbert était débordé par des dizaines de demandes pour organiser les mariages de telle ou telle personne. Celui de l'aînée de la famille Braginski, la fille de Kievan, un magna du pétrole en Russie, avait fait grandement parlé. Tout avait été parfait. Réglé comme du papier à musique. Sublime, classe, tout s'étant déroulé avec une perfection frisant l'irréel. Et Gilbert en tirait une fierté immense. Cela étant, il était aussi dorénavant un Oméga lié. Pour être tranquille, il portait une bande de tissu blanc, cachant la morsure de son Alpha. Il n'en avait pas honte mais il ne voulait pas qu'on le ramène à ça. Bien sûr il aurait pu faire comme son père, toujours garder une chemise avec col ou ce genre de chose mais enfin, il portait toutes sortes de vêtements pour s'adapter à toutes les demandes de mariage farfelues possibles et imaginables. Ivan s'était d'ailleurs installé en France avec lui, dans son appartement. Leur cohabitation se passait plutôt bien malgré leurs avis qui s'affrontaient souvent. Ivan était habitué aux Omégas de son pays, des beautés slaves superbes mais encore plus soumises que les filles qu'on vendaient avant. C'était pourtant le même but, faire du fric sur leur beauté. Mais même en tant qu'Oméga lié, c'était toujours de jolies poupées, parlant peu, souvent pour dire un discours apprit par cœur, glorifiant la grandeur de leur Alpha, sa bonté à leur égard et un bonheur conjugal parfait. Que tout cela fut réel ou pas, quelle importance? Aux galas et aux repas de famille tout semblait idyllique. Gilbert passa justement un coup de téléphone à son compagnon.
- Yo Ivan! Commande un énorme plateau de sushis pour ce soir. Avec du wasabi.
- Si tu veux. Autre chose?
- De la bière. J'en ai au frais mais reprends en au cas où.
- J'adore ton coté Alpha refoulé, Gil.
- Fais pas chier, je te demande d'acheter à bouffer pour ce soir, pas d'être nu et à quatre pattes pour récurer le sol.
- Je garde cette idée pour l'appliquer sur toi.
- Va te faire foutre.
- Par toi, l'idée est tentante.
Gilbert rougit d'un coup et raccrocha brutalement. Il avait le souffle court et il se sentait tellement humide qu'il pourrait presque croire qu'il s'était pissé dessus. Glamour oui. Mais putain de bordel de merde! L'Oméga prenant le cul de son Alpha... C'était un tabou. Physiquement parlant, un Oméga n'avait aucun souci à bander avec un mec et par conséquent, pourrait tout à fait le prendre mais leur inclination naturelle n'était pas de ce bord. Encore avec un Alpha qui eux, n'étaient pas élevé dans l'optique d'avoir un bite dans le cul. Encore moins celle d'un mec pouvant tomber en cloque. Il soupira un grand coup puis se réfugia dans les toilettes pour se branler un coup, évacuer la tension, se faire un brin de beauté afin d'être présentable et de repartir au boulot.
Ivan sourit à son téléphone, bêtement. Gilbert était tellement à mille lieues de l'idéal Oméga Est-Européen. L'Union Européenne et son obsession des droits de l'Homme avait depuis longtemps instauré tout un tas de grandes règles pour enrayer puis totalement, plus ou moins, faire disparaître les trafics Omégas et les abus divers et variés. La Russie n'étant pas concernée par ça, il y avait toujours cet Eldorado de l'Oméga que l'on pouvait former à sa guise dans une Maison afin qu'il soit prêt à l'emploi une fois vendu. Il en avait tellement vu des gens de ce genre, des personnes dépossédées de tout même leur humanité parfois que ça l'avait dégoûté profondément. Pas des Omégas en eux-mêmes mais de ce type d'exploitation. Il avait donc décidé de chercher un compagnon ailleurs mais n'aurait jamais deviné qu'il allait se lier au wedding planner de sa sœur aînée. Un Oméga fort et fier, aussi beau qu'intelligent. Une perle qu'il considérait comme un trésor incomparable.
- Bon de la bière et des sushis.
Il se leva et parti en courses.Pendant ses flâneries dans l'immense galerie marchande, il dégota quelque chose qui lui plaisait. Gilbert accepterait-il de le porter, ça, ce n'était pas sûr mais Dieu qu'il serait sexy. Pour le grand russe, son Oméga n'était pas un jouet qu'il pouvait customiser. C'était un compagnon à part entière et son avis était capital. Une relation saine finalement. Lui acheter de la lingerie ou lui acheter des sushis, il le faisait pour lui faire plaisir, pas pour l'asservir ni pour lui obéir. Seulement l'impulsion naturelle de faire plaisir à celui partageant sa vie.  

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