Chapitre 5

1K 76 5
                                    

Loïs ne pu s'empêcher de vomir tripes et boyaux après son petit-déjeuner. A croire qu'il avait choppé une gastro ou quelque chose du genre... Fatigué de vomir si tôt le matin, il se passa de l'eau sur le visage puis posa machinalement la main sur son ventre. Attendez...
- Oh non...
Il pâlit encore un peu plus. Oh non, déjà? Inquiet, il se leva pour aller prendre vite fait son manteau et son porte-feuilles, claquant la porte de l'appartement puis dévala les escaliers au pas de course.
Ewen se trouvait à la pharmacie du coin et tournait en rond, indécis. Les femmes pouvaient acheter des tests de grossesse en grande surface mais pour les Omégas, il fallait encore aller à la pharmacie. Bien sûr c'était en vente libre mais... Au moment où il retourna vers le rayon concerné, il retrouva une silhouette familière malgré le peu de fois où ils s'étaient vus.
- Loïs?
Le concerné sursauta puis se retourna, soulagé de ne voir que Ewen et non un camarade de classe. Ça aurait été franchement gênant.
- Tu penses être enceint?
- Je crois, ça fait quelques semaines que je vomis et que je mange n'importe quoi...
- Ah, toi aussi.
Les deux jeunes hommes se regardèrent avec une certaine complicité puis prirent chacun un test avant de se rendre à la caisse. La pharmacienne du trouver bizarre qu'un «couple» d'Omégas viennent faire ce genre d'achats mais ne dit rien. Ils l'en remercièrent intérieurement. Une fois dehors, ils prirent le temps de discuter l'un avec l'autre, se posant même à un Starbucks pour boire un truc. Par précaution, ils ne prirent pas de café mais des chocolats bien moussus avec pleins de choses ajoutées. Loïs demanda des nouvelles de Ewen, inquiet quand à sa santé depuis les événements causés par Baal mais il le rassura, tout allait bien. Encore plus angoissé, il demanda si le possible bébé pouvait dater de... l'accident. Comprenant le sous-entendu, Ewen pâlit légèrement, se souvenant parfaitement avoir été attaché et déshabillé... Pourtant il se reprit et secoua la tête, si un bébé poussait dans son ventre, c'était par le fait de son Julien et personne d'autre. Cette information rassura grandement l'autre brun qui finit par savourer sa boisson hyper calorique à sa juste valeur. Lui qui craignait pour sa ligne, le voilà dévorant des tas de saloperies bourrées de sucre sans pouvoir s'en empêcher.
- Tu vas faire le test en rentrant chez toi?
- Je ne sais pas Ewen... J'ai pas trop envie de me sentir seul à ce moment là...
- Tu veux... qu'on le fasse ensemble?
Les yeux turquoises croisèrent leur vis à vis violet puis Loïs fini par acquiescer. Ça lui ferait moins peur oui. Leurs consommations terminées, ils décidèrent d'aller dans l'appartement de Loïs, soit l'ancien de Ewen, au moins là bas, personne ne risquerait de les surprendre pendant leurs petites affaires.
Justement, l'apprenti couturier passa aux toilettes le premier mais ne regarda pas le résultat, préférant attendre que son ami le rejoigne avant de savoir la vérité. Ewen sortit à son tour puis ils prirent une grande inspiration avant de finalement lire le résultat sur les petits bâtons...

Il faisait très froid cette nuit là, encore plus ici, près de la mer. Nassim leva les yeux vers le ciel mais il était couvert de nuages, cachant la lune et les étoiles. Bizarre que la température soit si vite tombée mais ça pouvait arriver. Il regarda son portable, un peu plus d'une heure du matin. Il soupira, n'osant aller plus loin pour voir l'objet de ses pensées, peu positives certes mais vraiment obsédantes. Résigné, il fini par faire quelques pas, s'enfonçant dans cette épaisseur sombre.
Baal était debout sur le ponton en bois, devant son yacht. Droit comme un piquet, il attendait inlassablement. Depuis le pont supérieur, Falcata l'observait, drapé dans une robe de chambre chaude et confortable, une tasse de café à la main.
- Jusqu'à l'aube...
Pour être honnête, il n'était pas sûr de savoir quel dénouement lui plairait le plus... Si Nassim venait alors Baal n'aurait plus besoin de lui et ça s'arrêterait là. Si Nassim ne venait pas alors Baal serait inconsolable pour de bon, n'ayant même plus cette ferveur à le retrouver qui le maintenait à flots jusque là. Voulait-il que son meilleur ami souffre? Non. Mais il ne voulait pas être abandonné comme une vieille chaussette après tant d'années non plus. Il soupira et s'appuya davantage sur la balustrade, attendant la suite des événements.
Nassim s'approcha finalement, entrant dans le faible halo de lumière du lampadaire signalant où se trouvait le poste de secours. Il reconnu à quelques mètres de là, celui qui obscurcissait son jugement. Le jeune homme prit une inspiration avant de parler assez fortement.
- Salut Baal.
L'interpellé se redressa subitement puis esquissa un sourire, certes rien n'était gagné mais son Oméga était là. Il était venu. Baal s'avança alors pour aller vers lui, restant cependant à une distance respectable.
- Bonsoir Nassim.
- Toujours dehors à cette heure-ci?
- Jusqu'à l'aube, comme promis. Ensuite je partirais.
- Quelle persévérance.
L'homme d'affaires croisa les bras, se retenant ainsi de tendre la main pour le toucher. Si il ne l'effleurait ne serait-ce qu'une fois, il ne pourrait pas s'arrêter, il voudrait l'enlacer, l'embrasser et lui faire l'amour à même le sol du port. Ce qui n'était pas acceptable.
- Voudrais-tu discuter à l'intérieur?
- Non, j'aurais trop peur de finir au large comme Ewen.
- C'était un regrettable accident, j'en suis vraiment désolé...
Le jeune père soupira et passa la main dans ses courts cheveux noirs avant de tripoter entre ses doigts sa fine tresse. Baal sentait sa nervosité et elle l'attirait autant qu'elle l'inquiétait. Son odeur exquise lui parvenait, une fragrance épicée mais douce, qui le tentait tellement... Il ferma les yeux quelques secondes, le temps de se calmer. L'Oméga aussi était dans un état peu enviable, sentant son attraction envers lui augmenter à chaque seconde passant. Il ne pouvait s'empêcher de détailler les traits forts de son visage, sa voix profonde, ses épaules larges, ses bras musclés... Son torse, ses hanches, ses longues jambes athlétiques... Il se mordit la lèvre, son imagination travaillant à lui montrer toutes les façons que cet Alpha magnifique pourrait le prendre. Il retint à grande peine un petit gémissement. Il ignorait que ses phéromones étaient en train d'envahir cette partie du port, rendant la tâche plus qu'ardue pour Baal.
- Nassim... S'il te plaît, contiens-toi...
- Désolé je... Je n'y arrive pas... C'est la première fois que ça me dépasse à ce point...
Il avait l'impression que ses chaleurs s'étaient déclenchées rien qu'à la vue de l'Alpha. Pourtant ce n'était pas la période. Baal fit un pas vers lui et il recula, son dos butant contre la boîte contenant le défibrillateur cardiaque.
- N'ai pas peur de moi...
- J'ai peut-être aussi peur de toi que de moi... Je n'ai jamais ressenti ça avant, sauf quand...
- La première fois qu'on s'est vu...
- Mon corps te réclame, chaque cellule... Mais je ne veux pas céder!
- Pourquoi?
- Tu me fais peur!
Ce qui aurait dû être un cri ressemblait davantage à un couinement, leurs regards fixés l'un à l'autre alors qu'ils étaient si proches tout les deux... Nassim sentait son cœur battre si vite qu'il cru défaillir, même sa vision se brouillait. Les jambes tremblotantes, il se raccrocha comme il pu au poteau, ses lèvres entrouvertes laissant filtrer un souffle chaud et erratique. Baal posa enfin sa main contre la joue du garçon, juste ça et Nassim lui tomba dans les bras, complètement fatigué de résister à ses propres pulsions. Pourtant, il n'oubliait pas ce qui le retenait.
- Mes enfants... Je ne peux pas te céder, mes enfants ont besoin... de leur père...
- C'est vrai. On peut discuter.
- Discuter... Compliqué...
A genoux sur le bitume, Nassim peinait à ne serait-ce que tenir une conversation. Il découvrait un instinct primaire, purement animal qui prenait le dessus. Il savait, il sentait que bientôt la seule chose à laquelle il penserait serait quelle serait la meilleure façon de se faire baiser par cet homme. Voilà pourquoi il n'aurait jamais dû venir.

Hendrich avait apprit, un peu trop brutalement à son goût et de bon matin, que son fils avait réussit à régler son problème conjugal si on pouvait dire ainsi. Comment? En rentrant dans l'appartement de Gilbert pour lui ramener son linge, son aîné n'ayant momentanément plus de machine à laver et attendait qu'on lui livre la nouvelle, non seulement Hendrich avait vu qu'il avait reçu le nouveau lave-linge mais aussi que le mode essorage semblait être à son goût pour faire des galipettes avec son géant russe.
Installé dans le salon avec sa tasse de café noir, son fils et son compagnon assis devant lui, l'air aussi gênés que lui-même.
- Gilbert, présente-moi ton... ami.
- Hm, P'pa, lui c'est Ivan Braginski. Mon Alpha.
- Enchanté Monsieur et je suis désolé pour la première impression.
Le blond hocha la tête avec raideur. En effet, le voir encastré dans son fils aîné n'était pas la meilleure façon de faire connaissance...
- Donc finalement, vous vous êtes liés.
Gilbert soupira mais ne repoussa pas la main de son compagnon qui se posa sur sa cuisse de manière assez possessive.
- Je ne le voulais pas au début, comme tu le sais. Vraiment pas. Cela dit après l'enquête de Romulus et après avoir apprit ton histoire dans les détails... J'ai réfléchit, longuement. Tu es malheureux Papa, ça se voit, ça se sent. Et je ne veux pas finir comme ça, je ne veux pas être aussi seul et triste que toi...
C'était dur à entendre et à encaisser même si ce n'était que pure vérité. Hendrich baissa les yeux, fixant de son regard clair la noirceur du café. Ivan se sentit mal à l'aise, pourtant ça ne lui arrivait pas souvent. En vérité, il n'aimait pas vraiment les Omégas, ceux qu'il avait rencontré jusque là étaient soumis et facilement effrayés, ennuyeux au possible car sans culture ni profondeur. Jusqu'à Gilbert Beislchmidt. Grande gueule, dynamique, intelligent et très séduisant. Il n'avait pas comprit tout de suite que le wedding planner de sa sœur était en fait un Oméga tant il différait de tous les autres mais ça l'avait ravi. Ravi oui mais aussi intrigué et grandement titillé, surtout quand Gilbert l'avait repoussé avec panache et ténacité. Puis suite à une énième tentative, son bel organisateur s'était montré plus ouvert mais étrangement craintif. Il apprit donc à plus le connaître et à comprendre ses peurs, celles de devenir une poupée habillée de jolies fanfreluches, rabaissé à n'être qu'un trou à remplir et un ventre à engrosser. Il ne voulait pas de ça. Heureusement, Ivan était bien trop attaché au caractère rebelle et indépendant de son promit pour vouloir le changer, il le lui promit et ils commencèrent alors à flirter. De fil en aiguille, ils avaient finis par coucher ensemble et se lier. Machinalement, Gilbert passa les doigts sur sa nuque, sentant le relief de la morsure sous ses doigts.
- Monsieur Hendrich, j'ai apprit que votre Alpha était de ma famille.
- Je ne souhaite pas en parler.
- Je comprends mais... Oncle Scandza n'est pas heureux non plus, il vit seul dans un vieil appartement à Moscou.
Certes ce n'était pas vraiment son oncle puisque c'était le cousin de son père mais peu importait. Ivan et ses sœurs l'avaient toujours considéré comme un tonton gentil. Et triste, il y avait toujours cette lueur triste dans ses yeux violine.
- Je ne peux rien y faire.
- Monsieur... Scandza est malade. Vraiment malade.
Gilbert baissa les yeux, sachant déjà la nouvelle. Il n'avait pas eut le courage d'en parler à son père, se sentant coupable de l'avoir fait à nouveau souffrir en le forçant à rouvrir les blessures du passé. Hendrich garda un visage impassible, complètement fermé en fait. Mais son fils savait voir à travers, son père était inquiet. Il le sentait. Hendrich termina de boire son café puis salua le couple, fermant doucement la porte derrière lui.
- Ton père, tu crois qu'il s'en fiche?
- Non, il est inquiet à s'en faire un sang d'encre. Seulement, il ne veut pas le montrer et il est probablement aussi paumé que si on l'avait lâché en pleine savane africaine du jour au lendemain.
- Scandza est seul depuis toujours, on ne l'a jamais vu avec personne. Mon père se demande même si il a eut des coups d'un soir pendant ces vingt dernières années. Il était déjà timide avant mais depuis il s'est complètement fermé, à part quand il nous voyait. Mais même là, il avait toujours l'air aussi heureux que triste d'avoir des enfants dans les pattes.
- Il devait se demander si il en avait...
- Et tu existes bel et bien. J'aimerais que tu me donnes l'autorisation de le lui dire.
- Je ne peux pas, ça serait trahir mon père.
Le russe soupira mais ne pu rien dire pour contre-attaquer. L'information avait été lancée, restait à savoir ce qu'il adviendrait de toute cette histoire.

Loïs avait demandé à Romulus de venir le voir au plus vite, attendant qu'il arrive, il tournait en rond dans ce gigantesque appartement. C'était angoissant comme situation... Oh et comment faire pour gérer l'école en même temps? Il avait loupé un jour de cours aujourd'hui, Linois lui ayant promit par texto de lui refiler ce qu'il avait manqué. Et Linois d'ailleurs, qu'allait-il en penser? Tant de questions. Il cru faire une crise cardiaque quand la porte d'entrée s'ouvrit subitement.
- Loïs je suis là!
Le millionnaire italien posa sa mallette, son manteau et ses chaussures, se dirigeant ensuite dans l'immense pièce à vivre pour y trouver son plus jeune Oméga. Ravi de le voir de façon impromptue dans le planning de cette semaine, il l'enlaça chaleureusement tout en lui donnant un long mais tendre baiser. Ces gestes l'apaisèrent peu à peu. Romulus s'affala sur le confortable canapé et installa son amant sur lui à califourchon. Il caressait le dos du plus jeune afin de le détendre, sentant la tension qui émanait de l'adolescent.
- Loïs je suis ravi que tu veuilles me voir mais visiblement ce n'est pas pour un dîner en amoureux.
- Tu veux que je te fasse à manger?
- Plus tard si tu veux mais j'aimerais savoir ce qui te dérange tant que ça. Dis moi ce qui t'inquiète.
- Je suis inquiet mais surtout un peu perdu... Comment les choses vont-elles se passer après?
- Après quoi?
Le petit brun se tut, les joues rouges. Finalement, il se leva et se rendit à la salle de bain, revenant ensuite vers Romulus. Intrigué de tout ce manège, il allait interroger son compagnon quand celui-ci lui tendit un petit bout de plastique. Il le prit machinalement puis le regarda avec curiosité. Et la lumière se fit dans son esprit. Un test de grossesse. Avec deux barres.
- Loïs...
Le garçon ne répondit pas, se dandinant d'un pied sur l'autre. Le plus vieux se leva, laissant tomber le test sur les coussins avant de finalement s'approcher du garçon et de le soulever dans ses bras, le serrant fort.
- C'est génial mon Loïs! Un enfant! Tu me donnes déjà un enfant!
- Oui mais s'il te plaît, repose moi, je me sens pas trop bien...
Il le remit immédiatement sur ses pieds avant de l'embrasser à lui en voler le souffle. Il dévorait ses lèvres et sa langue, le faisant gémir pendant ses quelques secondes de libre. Plaqué contre son Alpha, il était impossible qu'il ne sente pas toute la joie que la nouvelle lui avait apporté. Et à vrai dire, il n'était pas vraiment contre le fait de coucher avec son partenaire...
- Romulus... Fais-moi l'amour...
- Avec plaisir, allons dans la chambre.
- Faudra qu'on parle après...
- Ouais, après...
Après l'avoir porté jusqu'au lit, l'avoir déshabillé, avoir embrassé, léché et mordillé chaque centimètre carré de son corps. Après avoir soupiré, gémit et couiné sous ces gestes, après l'avoir réclamé pour qu'il vienne enfin, pour qu'il le comble. Après l'avoir senti s'enfoncer en lui, les lier à nouveau, après avoir prit tant de plaisir qu'il s'en sentirait groggy encore une ou deux heures après. Après tout ça, ils parleront peut-être de choses importantes comme comment gérer les cours en étant enceint, gérer les rendez-vous médicaux et choisir la décoration de la chambre du bébé. Mais tout ça, c'était pour après.

Arthur était de mauvaise humeur en ce moment, en effet, Francis faisait la grève du sexe. Un Oméga faisant la grève du sexe. Sans déconner. Pourquoi ça tombait sur lui? Là, il était dans la voiture, attendant que les enfants sortent du collège. Du coup, il en profitait pour ruminer dans son coin, vraiment pas heureux de cette abstinence forcée depuis quelques semaines. Il avait envie de Francis. Il entendit les portières arrières s'ouvrirent et il sourit en voyant les deux têtes blondes s'installer à l'arrière. Alfred parlait avec joie du cours de sport, en ce moment ils faisaient le cycle du baseball et ça lui faisait vraiment plaisir. Mathieu était plus réservé, le baseball ne lui déplaisait pas mais il ne comprenait pas pourquoi les autres garçons voulaient toujours taper plus fort. Ça n'avait aucuns sens. Attention, Mathieu n'était pas faible et pouvait tout à fait renvoyer leurs balles mais il ne comprenait pas l'intérêt de faire ça. Les hormones et l'envie d'avoir l'air viril? Peut-être bien.
- Vous avez beaucoup de devoirs?
- Beaucoup trop! J'y arriverais jamaiiiiis.
- Al, si tu les avais fait au fur et à mesure tu ne serais pas dans cette situation...
- Chut Matt!
Arthur gloussa légèrement, sans cesser de surveiller la route. Ils avaient une conversation normale entre frères, la tension entre eux à cause de leur différence de type commençait enfin à s'apaiser, tout redevenait comme avant. Ils avaient compris que même si dorénavant ils allaient grandir différemment, ils seront toujours jumeaux et garderont toujours leurs liens. Francis aussi semblait se détendre à ce sujet, ce qui devait aider les enfants à être plus sereins. Alors pourquoi se refusait-il à lui? Cette question le taraudait. Ce soir, le cuisinier allait se faire cuisiner, foi de Kirkland!
Les enfants étaient au lit, la vaisselle était faite et Francis sortait tout juste de la douche, sexy comme jamais et adorable à souhait. Oui, Arthur le trouvait adorable avec ses cheveux mouillés tombant sur ses épaules, dont une dénudée par l'encolure large du t-shirt qu'il portait en guise de pyjama, avec un vieux short. Arthur attendit que son compagnon soit assit sur le lit et une fois fait, il se rapprocha afin de l'enlacer, commençant à embrasser son cou, profitant de sa peau légèrement humide.
- Arthur...
- Hm?
- Je n'ai pas envie de ça ce soir. Laisse-moi.
L'anglais soupira, repoussant un peu sèchement son amant qui le regarda d'un air blessé. Il s'en sentit coupable. Du coup, il le reprit dans ses bras et s'allongea avec lui, juste pour un câlin tendre. Francis se blottit contre lui, son corps enfin moins tendu.
- Ça fait des semaines que tu ne veux plus. Pourquoi?
- Parce que je suis un Oméga, je dois toujours avoir envie de baiser?
- Non parce que tu es mon compagnon et que tu me manques.
Ils rougirent tous les deux. Le français était facilement romantique et sentimental donc quand c'était lui qui disait ce genre de choses, ça ne les gênait pas. Quand ça venait d'Arthur, c'était différent. La preuve, ils étaient gênés mais heureux malgré tout. Francis se cacha davantage contre le torse de son amant, l'inquiétant un peu. Il était habitué à ce que Francis soit fort et têtu, il le savait fragile mais c'était parfois difficile de l'admettre. Il passa sa main dans les cheveux mouillés, qui recommençaient déjà à onduler.
- Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je me suis posé beaucoup de questions dernièrement... Par rapport aux enfants, à moi... Par rapport à mon Alpha aussi...
Arthur se retint de grincer des dents. «Son» Alpha. Tellement possessif. Il savait que son compagnon n'était pas amoureux de Romulus mais le coté affectueux de ces couples extensibles était assez compliqué à gérer même si eux ne s'en sortaient pas si mal. Comparé à Heraklès qui avait eut toutes les peines du monde à concilier Sadiq avec l'italien. Vraiment un casse-tête chinois. Mais ce n'était pas le sujet.
- Et alors?
- Alors... Toi tu es un Bêta, tu peux partir à tout moment pour trouver une femme et faire une famille.
- C'est devenu compliqué de trouver une femme.
- N'exagère pas, tu as une très bonne situation. Tu pourrais vraiment partir et faire ta vie, sans moi... Après tout, je ne suis même pas vraiment à toi...
- Marions-nous alors.
Francis se releva pour le fixer mais Arthur ne détourna pas les yeux. Cette proposition faisait battre son cœur, vraiment fort. Pourtant, il ne pouvait pas accepter une telle offre n'est-ce pas? Il appartenait à un Alpha, il était enregistré en tant que tel. Oui les Omégas liés étaient enregistrés dans une section spéciale de l'état civil. C'était une mesure de protection et de recensement, protection car en cas de soucis, on pouvait immédiatement contacter l'Alpha afin qu'il vienne au chevet de son Oméga, c'était un peu le même principe que les couples mariés justement. Francis se concentra à nouveau quand il sentit la main de l'autre caresser sa joue, attendant sa réponse.
- Arthur, je ne sais même pas si on peut le faire...
- Peu importe, veux-tu m'épouser?
- ...Oui...Oui!
Il se jeta dans les bras de son rosbif préféré pour le câliner et l'embrasser. Ainsi le chef se faisait un sang d'encre pour pas grand chose, une sorte de crise de la quarantaine avant l'heure. Ça réglé, peut-être allaient-ils enfin pouvoir profiter l'un de l'autre? L'anglais avait cette perspective en tête mais en voyant son partenaire dormir comme un bienheureux, la tête sur son torse, il laissa tomber. Il ne pouvait tout de même pas toucher à un ange endormi.

Nassim ouvrit les yeux dans une chambre confortable, ça tanguait légèrement. Ce n'était pas la première fois qu'il se réveillait ici. La troisième ou quatrième fois peut-être... Il couchait avec Baal, il couchait avec lui et c'était putain de bon. Il n'avait jamais autant prit son pied qu'avec l'autre tunisien. Certes Romulus était bon au lit, rien à dire là dessus mais malgré tout, son corps n'avait jamais pu totalement l'accepter, il se sentait toujours un peu gêné ou coupable après avoir baisé avec son Alpha. Parce que ce n'était pas réellement son Alpha justement alors que là, il mouillait comme jamais avec seulement un baiser, la moindre caresse et sa peau était en feu... Pourtant il portait toujours son collier, une large bande de cuir rouge avec une clochette au bout, ce n'était pas un signe avilissant, Nassim lui-même l'avait demandé à Romulus. De fait même pendant leurs ébats, Baal n'avait jamais pu le mordre et donc, n'avait pas réécrit la marque qu'il portait. Sortant de ses pensées, il baissa les yeux et vit justement l'objet de ses réflexions profondément endormi. Il entourait Nassim de ses bras et sa joue était posée sur son ventre, il dormait du sommeil du juste. Attendri malgré lui, il passa la main dans les cheveux sombres. Cependant, même si il ne pouvait nier son attirance pour Baal, il ne l'aimait pas encore et quand bien même ça arrivait, sa priorité restait ses enfants et leur sécurité. Que faire si Farah, Yasmine et Amir se retrouvaient au milieu d'une guerre entre Alphas pour obtenir leur père comme prix? Hors de question de les impliquer, ils étaient trop précieux à ses yeux. Alors quoi?
Un petit bruit à la porte se fit entendre puis celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître Falcata. Il s'approcha du lit et s'y assit, souriant en voyant le visage endormi de Baal. Pour discuter avec l'autre Oméga, il préféra choisir de chuchoter.
- J'espère que je ne te réveille pas.
- Non, ne t'inquiète pas. Est-ce que ça va?
- Oui, je suppose...
- Je suis désolé, c'est ma faute si tu es mit à l'écart...
Le quadra sourit avec tendresse, ce jeune garçon était vraiment mignon, dans tous les sens du terme. Machinalement, il l'enlaça gentiment. Nassim ne réagit pas tout de suite puis finalement, il l'enlaça en retour. Falcata portait une odeur douce mais entêtante, sa peau était impeccable et sa chevelure était la plus soyeuse qu'il eut jamais vu. Son profond regard vert était captivant également... Soudainement, il se sentit bien ordinaire et terne à coté de cette sculpturale beauté.
- Je ne me sens pas à la hauteur face à toi...
Falcata lui releva le visage, retraçant ses traits du bout des doigts.
- Tu es sublime Nassim. Tu ne perds en rien face à moi.
- Peut-être mais... Baal a vécu si longtemps avec toi...
- Tu es celui que son cœur veut. Il ne sera heureux qu'avec toi.
- Et toi, qui te rendra heureux?
- Je vais bien me trouver un Alpha ou un Bêta qui voudra de moi.
Le jeune père était attristé, se sentant coupable de mettre dehors celui qui avait supporté émotionnellement Baal depuis si longtemps. Pourtant ce n'était pas vraiment ça, si la relation Alpha-Oméga n'était pas aussi strict dans le cadre d'un partenaire destiné, Baal aurait simplement pu continuer à les satisfaire tous les deux. Or c'était impossible et Falcata ne voulait pas causer du tort à son ami. Peut-être que c'était l'heure pour lui de rentrer à Ibiza. Nassim rapprocha l'Oméga plus âgé et commença à l'embrasser, un baiser doux et tendre que l'autre accepta. Ils ignoraient que leur Alpha s'était réveillé entre temps et qu'il les observait. Les voir s'embrasser était sans doute la chose la plus bandante qu'il eut vu de sa vie...
- Vous devriez faire ça plus souvent.
Ils sursautèrent et se détachèrent aussitôt à son plus grand regret. D'ailleurs, il le leur fit savoir. Falcata se contenta de rire alors que Nassim était plus rouge que les coquelicots. Le bel ibère avait déjà participé à des jeux de groupe mais évidemment, ce n'était pas le cas du jeune tunisien. Il n'était d'ailleurs pas prêt pour ça et les deux autres n'allaient pas l'y forcer. Baal s'allongea alors au milieu du lit king size, prenant un Oméga de chaque coté de lui, les câlinant. Il ne se voyait pas vivre sans l'un des deux, ils étaient nécessaires à son bien-être et le leur dit calmement. Nassim n'était pas foncièrement contre le fait que Falcata reste or arriverait-il à supporter que son Alpha destiné couche avec un autre une fois lié? Si ils se liaient. Toute cette situation était d'un compliqué...
- Dans tous les cas, il va falloir qu'on parle avec Romulus.
Nassim ne dit rien mais ressentit un frisson de peur. Un Alpha en colère foutait les chocottes à tout le monde, avoir son propre Alpha en colère pouvait être synonyme de bien pire pour un Oméga... Falcata dû ressentir sa peur car sa main se posa sur la sienne pour le rassurer. Il esquissa un faible sourire qui ne convainquit personne à commencer par lui-même.  

Partenaire destinéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant