Sophie était assise dans l'herbe, posant ses mains sur ses genoux. Manon et David étaient assis à côté d'elle, la prenant en sandwich. En regardant les étoiles, elle songea à son petit ami, Ethan, qu'elle n'avait plus vu depuis très longtemps. Elle essayait de se rassurer en se disant qu'il allait bien, qu'il était juste malade. Elle n'osait imaginer un décès ou encore un suicide. Elle détestait la mort, et à raison.
-Dis Sonia, tu peux me passer une clope ?
-Putain mec, t'as un paquet entier à me rembourser là !
-Ferme ta gueule et passe moi les clopes.
Elle ronchonna, sortit le paquet écrasé Malboro de sa poche et le lança au garçon. Il la remercia avec un "cimer", saisit son briquet et alluma le bout rougeoyant de sa cigarette.
-Tu fumes toujours pas So ?
-Nan, désolée. Je préfère l'alcool. J'touche à l'alcool et à la drogue mais pas aux cigarettes.
-Oh, t'es cheloue comme meuf t'sais ?
David laissa s'échapper un cercle de fumée de sa bouche et regarda discrètement la poitrine de son amie étendue sur le sol. Il regrettait de l'aimer, d'avoir ces sentiments rubescents envers elle, elle avait déjà un copain et lui, une copine. Il regrettait amèrement les instants où il pouvait parler de tout avec elle, sans qu'il ne craigne de lui en dire trop. Être populaire avait toujours été un de ses rêves, noyant son besoin de reconnaissance dans son habilité à socialiser. Malheureusement, il n'avait pas l'étoffe d'un grand chef et ne trouvait jamais les mots justes ; ses pensées étaient tellement touffues et son esprit chaotique empiétaient sur ses cordes vocales, paralysant son langage, installant une barrière entre ce qu'il voulait dire et ce qu'il avait dit.
Il aimait Sophie car elle comprenait toujours l'intention des gens. Si elle n'aimait pas quelqu'un c'était que cette personne était quelqu'un de mauvais. Elle arrivait aisément à trouver du bon dans chaque personne. Elle ne reconnaissait pas David en tant que personne populaire, au charisme indiscutable et aux allures de beau gosse. Non, elle, elle voyait son ami comme quelqu'un de compatissant mais de pataud, quelqu'un qui ne veut que le bien et qui aime voir les autres se soucier de lui. Elle savait qu'il manquait de réelle assurance et d'attention alors, elle tentait de l'aider. Elle ressentait également la forte attirance qu'il éprouvait pour lui ; mais elle essayait de se contenir, mélangeant ses sentiments vifs aux sentiments pâles. La seule romance qu'elle arrivait réellement à analyser et à repérer était la haine. Quand elle détestait son cœur se serrait. Comme un venin s'inoculant malicieusement dans ses veines, affolant sa tête. Lorsqu'elle commençait à haïr, elle avait mal aux corps ; elle n'aimait pas ne pas aimer, étant habituée à éprouver des sentiments plus que représentatifs de l'amour envers la plupart des gens.
À la droite de Sophie, Manon retroussait ses manches, de crainte qu'ils ne remarquent ses blessures aux poignets. Sophie connaissait l'existence des marques, mais David lui, non. De plus, la jeune fille craignait que son amie ne voie que ses plaies rougissantes ne cessaient de se multiplier. Son amie n'arrêtait pas de la pourvoyer, ce qui lui changeait de son entourage, et de plus particulièrement, sa famille. Elle songeait à quel point elle l'aimait. Tel un ange, alors qu'elle avait enfin décidée de se suicider, Sophie est arrivée et lui a totalement fait oublier cette idée. Avec elle, elle était heureuse et se sentait à sa place. Elle lui avait fait rencontrer beaucoup de nouvelles personnes, dont David avec qui elle sortait. Malgré cette relation, elle avait envie de se jeter sur la jeune fille assise, de la papouiller, de l'enrôler de bisous, de lui dire à quel point elle était son oxygène, sa raison de vivre.
Mais au lieu de faire ça, elle restait bien tranquillement assise à côté d'elle, tenant fermement le bout de son pull et son paquet de cigarettes, et imaginait à quel point sa vie pourrait devenir limpide si elle était honnête avec elle même et s'il ne disait que la vérité et rien que la vérité. Elle supposait que la vérité n'était qu'un mot délicat oublié de tous ceux qu'elle connaissait, même du plus honnête être.
-On va à cette fête ou pas du coup ?
Sophie leva la tête et se retourna vers le seul garçon du groupe.
-Comme vous voulez. Je m'en fiche. Je n'aime pas cette personne, mais si vous insistez, on peu y aller. Mais je ne veux pas vous voir boire juste après avoir fumer, d'accord ?
-Oui maman !
Elle soupira, se releva et se dirigea vers sa balançoire. Elle touchait le vieux bois, démonstration de l'ancienneté de l'objet lui ayant déjà pourvu des dizaines d'heures de plaisir. Le simple plaisir d'aller d'avant en arrière, de toucher petit à petit le ciel, de s'envoler de plus en plus haut. L'envie de tout lâcher pour savoir voler, pour rejoindre ce ciel si impénétrable pour les esprits juvéniles. Mais Sophie n'avait jamais été attirée par les cieux antiques dont tout le monde parlait. Elle en était même terrifiée. Elle avait effectivement appris à vivre avec, malgré ses nombreuses craintes et réticences. Elle ressentait toujours cette impression d'être épiée ; qui savait vraiment dire que ces étoiles n'étaient pas des yeux consultant le moindre de vous mouvements, tel une caméra ? Qu'est-ce qui disait que la réalité proprement dite n'était pas un mensonge, une vaste blague ? Qui oserait dire que chacun de nos tracas n'a pas d'effet sur l'espace qui nous entoure ? Qui oserait encore débattre sur la théorie des cordes, prônant l'inexistence à l'existence ? Qui oserait encore, de nos jours, dire que la mort n'est pas le messager de Dieu ? Qui, voudrait vivre une "vie" pareille. Qui ne voudrait pas finalement lâcher cette balançoire, amusante mais fatigante, lassante et usante, pour pouvoir découvrir la vérité ; cette vérité, qui n'est probablement qu'un hologramme.
-Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée avec toutes les merdes qui se passent actuellement, vous voyez. Je n'ai pas envie que quelque chose vous arrive, j'vous aime trop pour ça.
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Ad Bane
HorrorSi vous étiez constamment poursuivi par la mort, que feriez-vous ? Vous cacheriez-vous ? Vous tueriez-vous ? Ou bien... L'affronteriez-vous ? [Les médias utilisés dans cette histoire ne m'appartiennent pas.]