Simon s'impatientait et déambulait dans les couloirs de l'hôpital attendant le jugement. Il savait qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète, James avait été blessé mais la balle ne l'avait pas vidé de son sang. L'âme égarée traînait, craignant de bousculer les infirmiers et les personnes handicapées. Il se remémorait les moments heureux avec son petit copain, la nuit qu'ils avaient passé sous les étoiles, tous les soirs où ils s'aimaient plus que tout, tous les instants où ils arrivaient à oublier qu'ils étaient les héritiers d'une sombre malédiction.
Certaines personnes trouvaient que James était grandiloquent, mais Simon, trouvait exactement le contraire. Derrière cet air froid et ces expressions antipathiques, se cachait un cœur tendre qui ne voulait pas blesser les autres, qui voulait juste que tout le monde soit heureux, que personnes ne se tracasse. Et finalement, à force de vouloir le bonheur des autres, il a fini par être vidé de sa joie.
Celui qui errait connaissait le garçon blessé depuis sa plus tendre enfance, et donc savait bien que c'était une personne extravertie. Il ignore comment il a pu changer à ce point. Il se souvenait du bac à sable, lui, assis dans un coin, et l'autre, s'approchant de lui, osant parler à "celui-là".
Les pensées de Simon étaient troubles et seuls des souvenirs simplets remontaient à la surface, comme si son mauvais passé ne pensait pas bon de remonter à la surface, préférant se terre de peur d'être grondé par son cerveau.
-Monsieur ?
Il se retourna, surpris.
-Il est réveillé.
15/06/2054
-Alors ? Tu... tu vas bien ?
James lui jeta un regard vif et ne dit rien pendant quelques secondes.
-Oui.
-Oh... c'est super alors ! Ah ! Tu... n'as pas trop mal ?
-Non.
-Oh, c'est encore plus cool alors ! Ah ha !
James se racla la gorge et tourna lentement sa tête vers son ami.
-Simon, il n'y a personne à part toi ici ?
-Non, il n'y a que moi. Les docteurs ont pensé que ça serait chouette si je restais avec toi pendant qu'ils appelaient tes parents.
-D'accord.
Il y eut un long silence gêné. Simon tripotait son pantalon et reniflait vivement de temps en temps, alors que le blessé restait quant à lui toujours stoïque, fixant le vide.
-Dis, James...
-Oui.
-On sort toujours ensemble, n'est-ce pas ?
-Oui.
-Ah, c'est chouette... mais je me disais que, peut-être que...
Il bloqua sur son dernier mot, le répétant sans cesse. Ses yeux s'animèrent d'une lueur triste et un filet de sueur perla sur son front.
-Je ne suis pas prêt pour aller plus loin dans notre relation, l'approfondir. Je suis trop timide, je n'ose rien. Et lorsque tu tentes de me tenir la main en public, et que je rechigne, ce n'est pas pour rien ! Je ne veux pas être une attraction. Mon style vestimentaire, mes yeux très lumineux, mes cheveux très blonds, mon surpoids et ma bisexualité attirent déjà assez les regards sur moi, mais moi, je ne veux pas. J'suis trop timide, j'ose rien James. Notre relation est tellement saine quand tu es avec moi mais... tout le temps où tu n'étais pas là, où les séances chez le psy s'enchaînait, où je n'avais plus personne à qui parler, était une horreur. Victor ne dort plus, il passe ses nuits et ses journées à faire des recherches. Je me sens tellement vide sans toi, je crois qu'il faudrait... que l'on rompe. Je ne vais plus bien. Je n'ai jamais été bien, mais maintenant, c'est pire. Surtout les visions. Oui, surtout elles.
-Je suis désolé.
-Pardon ?
-D'avoir été un si mauvais petit copain.
-Quoi, mais...
-J'aurais dû ne pas être comme je le suis. Mon anxiété a débordé, laissant ma logique en plan. J'aurais dû voir que notre relation n'était pas saine. Mais je respecte ton choix, et je l'accepte. Mais je suis vraiment désolé d'avoir été si mauvais. Et surtout de t'avoir lâché à maintes reprises. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi. Je...
-Non. Ne t'en veux pas, c'est la dernière chose que je veux.
Il lui prit la main et la serra très fort ; il reprit son calme mais sanglota aussitôt. Il appuya son front, imitant le geste du baise main, mais dirigeant sa bouche vers le carrelage.
-Je t'aime toujours James, tu sais. Mais notre malédiction nous empêche d'être heureux. Dès que nous l'aurons tuée, on pourra enfin vivre heureux notre relation, et être ce couple cliché qu'on voit dans ses séries américains niaises. Tu m'entends ? On ira se balader le long des plages, siroter des cocktails aux fruits exotiques, on regardera le coucher du soleil ensemble, on scrutera les teintes rosées des vagues s'échouant sur la plage, on fera tout ce que l'on a envie tu comprends ? Tu n'as jamais vu ses films où l'on insinue que l'amour vaincra ? Je veux que notre monde ne soit qu'un conte de fée cliché et bourré d'incohérences, je veux la romance, celle dont tous les couples rêvent.
Il se tut un instant, passant de la tête de l'hospitalisé à ses genoux. Il resserra un peu plus son étreinte.
-Et surtout, je t'aime. Mais pour l'instant, notre amour ne pourra que nous enfoncer. Je suis désolé de tout arrêter si vite, mais notre relation n'est pas assez saine. Il faudrait attendre d'être fort pour commencer à aimer je pense.
Il embrassa son front, se releva et s'en alla. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir, la porte, il pivota légèrement sa tête en visant l'invalide.
-N'oublie jamais que je t'aime, et que si nous restons unis, nous pouvons la battre et gagner notre amour, pour toujours. Au revoir James, bon rétablissement. J'ai hâte de te voir à l'école bientôt. Je dirais à ta nouvelle amie que tu es actuellement en pleine hospitalisation. Bisous.
VOUS LISEZ
Ad Bane
HorrorSi vous étiez constamment poursuivi par la mort, que feriez-vous ? Vous cacheriez-vous ? Vous tueriez-vous ? Ou bien... L'affronteriez-vous ? [Les médias utilisés dans cette histoire ne m'appartiennent pas.]