Otium

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James se retrouvait dans une forêt au feuillage opaque ; malgré cela, de légers rayons de soleil parvenaient à filtrer le filtre végétal et éclairait le terrain. Il se baladait, écoutait le bruit des animaux, cherchant à les observer. Des passereaux et des merles piaillaient sur les branches, se disputant pour un ver probablement attrapé au même instant. Un écureuil regardait d'un œil amusé les chamailleries des deux oiseaux, ne prêtant pas attention à l'humain qui passait juste en dessous du trou dans lequel il s'était terré. Le doux bruit du ru se faisait entendre au loin, de même que le cri puissant et déchirant du cerf. Se sentant vivant, le garçon releva la tête et inspira l'air frais. Soudain, il entendit un bruit mélodique, venu de loin, doux et gracile. Au première abord il n'arriva pas à reconnaître le lieu d'où émanait ce son si agréable, mais finit tout de même par trouver la source de cette mélodie enchanteresse.

Il s'enfonçait dans la forêt, déterminé à trouver la chose qui engendrait une suite si délicieuse de clés majeures et mineures. Au bout de quelques minutes de recherche, il vit derrière un énorme hêtre, au milieu d'un halo lumineux, un gros piano brun. En face, une jeune fille assise sur un rocher jouait un refrain magnifique. Si beau que même les animaux n'osaient pas perturber la musique qui se jouait au bout des doigts de la fille. Il la regardait, passionné. Il avait toujours voulu apprendre le piano, mais n'y était jamais arrivé. Soudain, son pied dérapa et s'écrasa sur une branche. Cette dernière craqua et l'écho du son se perpétua dans toute la forêt. Il sentait les regards des êtres se cachant dans les êtres, les chênes et les saules. Il grimaça lorsque la personne arrêta soudain de jouer son morceau. Elle se retourna vers lui et l'accueillit.

-Salut !

-Hum... bonjour ? 

-Tu sembles bien déstabilisé. Et un peu boiteux, aussi.

-Quoi ? 

Soudain, le garçon se rappela de sa douleur. Celle-ci le prit soudain, engendrant une expansion le long de sa jambe, froissant ses muscles et broyant ses os. Il émit un petit cri terrifié et se tint la jambe, comme si celle-ci allait soudainement se déboîter. Il vit alors qu'un trou commençait à se former dans sa peau et dans sa chair, laissant un flot sanguin s'échapper de son corps. Il cria de plus belle et paniqua. Il n'arrivait pas à lever le regard de sa blessure, l'observant constamment, fixant son sang pourpre. Alors qu'il luttait pour ne pas s'évanouir, la jeune fille s'approcha de lui. Elle s'abaissa et mit sa main sur le trou de sa jambe. Elle attendit quelques secondes et l'enleva. Le trou avait disparu. La douleur se tut, et James put enfin respirer correctement. Il regarda la guérisseuse et balbutia une phrase qui ne ressemblait plus à rien.

-Oui je sais, c'est surprenant. Tu ne comprends vraiment rien à ce qu'il se passe ici, pas vrai ? Suis-moi, je vais essayer de t'expliquer.

Nous avons besoin d'air...

Elle l'emmena sous un grand arbre, probablement un chêne centenaire. Ils s'assirent et contemplèrent le ciel un instant, puis la sylphe prit la parole.

-Alors, déjà au cas où tu ne l'aurais pas compris, tu es en train de dormir. Nous sommes dans un rêve.

-Alors tu n'es pas réelle ? 

-Ça dépend par quel bout tu le prends. Je suis une vraie fille, mais actuellement, je dors également. 

-Donc... tu es "vraie" ? 

-Je suppose. Parce que, dès que je me réveillerai, je ne me souviendrais absolument plus de cet endroit, ni de toi, ni de ce dont on a parlé. Mais la "moi" du rêve se souvient toujours de tout. En gros, je ne me souviens jamais de mes rêves, sauf les visions.

Ad BaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant