La mer commençait doucement à se retirer sous le regard de deux personnages assises sur le rivage, une boule colorée se tenant dans les mains du garçon, la fille quant à elle scrutait la sphère. Les couleurs restaient dans les mêmes teintes mais changeaient sans cesse de leur coloration d'origine. Des images se retournaient et tournaient. La netteté visuelle apparut, laissant entrevoir un petit garçon aux cheveux noirs assis dans une pelouse humide.
Une femme anorexique accompagnée d'un homme épais aux cheveux noirs lissés rentrèrent dans la maison avec leur clé. Ils semblèrent paniquer au premier abord, anxieux de ne pas voir leur enfant gentiment assis dans le fauteuil en train de regarder la télévision comme tout enfant de cet âge à cette heure-là. Ils furent soulagés en le voyant simplement assis sur l'herbe, fixant un point lointain dans le papier du crépuscule. Les deux adultes se regardèrent, paniqués, un instant et acquiescèrent, déterminés.
La femme ouvrit la porte en verre à l'homme au cheveux de corbeau. Il avança vers le petit garçon et l'interpelle. Il ne réagissait pas, toujours à essayer de percer les mystères cosmiques qui étaient infranchissables, les nuages voilant son espoir. Ce petit garçon aurait tellement aimé observer et rejoindre les étoiles.
Lorsque l'adulte toucha la main du garçon, celui-ci sortit de sa rêverie, recula et regarda tel un animal terrifié l'homme à la mine grave.
La femme, debout derrière la porte vitrée assistait au spectacle. Elle décida de se retourner, de s'occuper d'autre chose. Une larme glissa sur sa joue gauche.
-Papa !
S'écria le petit garçon, tout en se mettant à genoux, les yeux étincelants.
-Oui, bonjour fiston.
-Alors, comment ça s'est passé ? J'ai eu combien, dis moi tout !
-Eh bien, ce ne sont pas vraiment des choses dont tu dois te réjouir...
-Pourquoi ? Tu m'as dit que ça m'aiderait à faire partir le gros monstre, ce test. Du coup, j'ai combien ! Ne me fait pas languir !
Le père, fronça les sourcils un instant, surpris de voir que son bambin était déjà assez éveillé pour utiliser des verbes tels "languir". Jamais il n'aurait su s'écrier de la sorte en maternelle, il n'apprit ce mot que des années plus tard, lors de ses seize ans, en lisant le premier livre qui l'avait vraiment enchanté. Les "bouquins" étaient ainsi appelés par les membres de sa famille. Ces "bouquins" étaient très peu commercialisés et seuls les intellos en lisaient. C'était en tout cas la pensée de l'homme aux cheveux de jais à cette époque.
Mais il ne pouvait supporter l'idée que son fils était bien plus qu'un intello. En réalité, il n'y avait rien à voir. Ce n'était pas un intello. Juste un détraqué.
-Eh bien, fiston, ha...
Le garçon rapprocha son visage de celui de son père. Il ne le fixait pas dans les yeux, et pourtant, il pouvait clairement voir le désarroi de l'homme.
-Ça va ?
Le père sourit et hocha de la tête. Il se leva et rentra dans la maison. Le petit garçon haussa des épaules et s'étala sur le sol.
Ce ne fut pas une grande surprise lorsque, quelques minutes plus tard, l'homme ouvrit un tiroir dans lequel se tenait une arme, et décida de se flinguer par la suite, rougissant ainsi les photos de famille.
La mère découvrit le cadavre au même instant que son enfant. Elle hurla et s'approcha du cadavre. Le garçon se rapprocha du corps et tenta de réconforter sa mère.
-Pourquoi tu pleures maman ? Tu devrais être contente qu'il soit mort, tu disais que t'avais envie de le tuer quand il oubliait de sortir les poubelles.
Tranquillement assis sur la plage, les deux adolescents renvoyèrent la sphère dans l'eau, la coulant dans les abysses oniriques.
-Eh bien Simon, tu sais pourquoi le père de Victor s'est suicidé ?
-Je crois avoir une partie de la réponse, d'après les dires de l'enfant concerné. Victor était autiste, il souffrait du syndrome d'Asperger -c'est pour cela qu'il a dit une chose aussi horrible à sa mère- et son père le savait. On va dire que ses parents étaient loin d'être cultivés, et pensaient que des maladies telles l'autisme étaient transmissibles et tout. Alors, le père, pensant que cette autisme était dû à son incompétence en temps que père, il décida de se suicider.
-Ah, Victor est autiste ? Je l'ignorais.
-Je ne l'ai su qu'il y a peu de temps.
-Du coup, comment avez-vous su que la Bête n'était pas juste due à son... aliénation ?
-Victor n'est pas fou, loin de là, son autisme est léger, il possède une certaine flexibilité impressionnante. Sa mère l'a obligé à rester cacher car elle avait honte de son enfant. Elle a préféré dire qu'il était précoce. Bon, dans un sens, oui, il l'était, mais c'était tout de même bien plus. À force d'être obligé de se renferme sur lui-même, il disjoncte quelquefois. C'est normal.
-Oh, le pauvre ! Mais du coup, lors du meurtre de Valérie, pourquoi personne ne l'a soupçonné ? Ils auraient pu dire que s'était son autisme qui avait causé ça, non ?
-Non ! Si notre police n'était pas corrompue par les éons maléfiques de ce spectre sylvain, elle aurait émis cette hypothèse. Mais la Bête est plus que maligne, elle sait contrôler et vivifier ses troupes. Elles s'insèrent et se taisent, agissent rarement. La police fait semblant de chercher, mais elle ne fait rien. Ils sont tous morts là-bas en réalité.
-Oh. Des hommes squelettes-zombies comme les autres ?
-Ouais, je crois. Tu vois, la Bête, c'est un peu ce truc qu'on arrive pas à comprendre, qui est au-dessus de la compréhension humaine, au-dessus de nous tous, même au-dessus des puissances cosmiques.
-OK. En parlant de cosmique, tu ne crois pas que notre ville a déjà reçu la visite... de petits hommes verts ?
-Non.
-Dommage, moi, j'en suis persuadée.
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Ad Bane
HorrorSi vous étiez constamment poursuivi par la mort, que feriez-vous ? Vous cacheriez-vous ? Vous tueriez-vous ? Ou bien... L'affronteriez-vous ? [Les médias utilisés dans cette histoire ne m'appartiennent pas.]