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S'il y avait bien une chose que la brune haïssait le plus, c'était les repas de famille.

D'autant plus lorsqu'elle était le principal sujet de conversation.

- On a reçu ton bulletin, souffla son paternel, en grinçant des dents.

Gaïya se tint droite sur sa chaise et fit mine de se resservir un verre d'eau, à peine touchée par la révélation.

- On n'est pas contents.

Ses sourcils se froncèrent, tandis que sa mère soutint le regard, cherchant désespérément celui de sa fille, d'ores et déjà perdu dans la Nayidosphère.

Lui non plus n'avait pas notes exceptionnelles,

Lui non plus n'était pas sûr de passer en terminale.

Peu l'importait de devenir cadre comme son père. À dix sept ans, l'unique problème d'une adolescente à la recherche d'elle-même est de choisir l'émoji idéal pour terminer son texto.

On n'est pas sérieux quand on a dix sept ans.

C'est l'âge où l'on est le plus vulnérable, puisqu'on nous impose des choix de vie qui se résument à notre portable.

- Un six en français, quatre virgule deux en histoire, et le meilleur pour la fin, zéro virgule sept en mathématiques...

Gaïya se fichait bien des mathématiques, comme des remarques de son paternel qui ne mettait aucune conviction pour rendre ses paroles potables.

- Je ne sais même pas comment t'as fait pour la décimale, je te félicite.

Elle sourit.

- Tu trouves ça drôle ?

Pour être drôle, ça l'était.

Voir ses géniteurs faussement énervés, essayant de lui faire comprendre la dureté de la vie et l'importance des diplômes. Alors qu'ils n'étaient même pas assez présents pour se rendre compte de sa vie monochrome.

Elle même l'ignorait.

Nayid était son rayon de soleil, celui qui l'égayait, pensait-elle.

- Si tu ne relèves pas tes notes au prochain trimestre, tu peux dire adieu à ton téléphone.

Elle découpa sa viande silencieusement, jusqu'à faire grincer son couteau sur la nouvelle porcelaine de sa mère qui la fit grimacer.

Des menaces, encore et toujours. Jamais exécutées, ou dans le pire des cas, pour quelques jours.

- Je ne comprends pas, t'étais promue à un bel avenir, pourtant. Murmura sa mère, dépassée.

Gaïya fit la sourde oreille, pour ne pas trouver ses mots blessants.

Les jeunes ont leurs défauts mais les adultes en ont tout autant.

Penser que les leçons remplacent l'éducation, est déjà un écart conséquent.

GaïyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant