Son cœur ne s'était jamais autant emballé que quand il aimait ses photos. Et il faillit exploser quand son pseudo s'afficha sur son écran d'accueil, un dimanche après-midi.
« Salut :)»
Un simple mot avait suffi à la faire hurler, et à susciter l'effroi de sa mère qui accourut dans la minute qui suivit.
- Gaïya ! Tout va bien ?
- Evidemment, que ça va.
- Pourquoi tu criais ?
- Je riais.
Dos à sa mère, Gaïya réfléchissait à la manière la plus cool de répondre. Et se résigna à lui répondre exactement la même chose.
- Je te trouve bizarre en ce moment.
- Pourquoi tu dis ça ? Je suis normale.
Elle cliqua sur le profil de l'Apollon aux quelques milliers d'abonnés. Il était si beau à ses yeux, si parfait. Qu'elle se devait de vérifier si c'était bien lui qui avait pris les devants pour lui parler, quelques minutes plus tôt.
- T'es passive. T'as jamais eu un bulletin aussi catastrophique. Qu'est-ce qui t'arrive ?
- J'ai rien. Je suis fatiguée.
Sa mère prit place sur le lit. Et lui demanda presque craintivement de lâcher son cellulaire.
- Je ne dirai rien à ton père.
- Je n'ai rien à te dire.
Elle soupira et se leva du lit pour vérifier son reflet dans le miroir. Sa mère la fixa, impuissante et coupable du fossé qui s'était creusé entre elles.
Elle avait créé ce petit bout de femme, et pourtant ne la connaissait qu'à peine.
Au fond, elle savait qu'elle et son mari n'étaient pas assez présents pour leur unique fille qui ne leur témoignait que de la haine.
Elle essayait malgré tout, de compenser ses absences en s'isolant avec elle et en lui proposant de sortir... En vain.
Malheureusement, la midinette semblait s'être émancipé d'elle.
Elle avançait seule et démunie de tout appui.
La génitrice ignorait tout de sa fille, de son parcours scolaire à ses amis.
Et même avec toute la volonté du monde, elle ne parvenait pas à réduire l'écart, à renouer les liens.
Comment ramener l'oiseau qui avait déjà déployé ses ailes, dans son nid ?
- Gaïya je... Je suis ta mère, bon sang !
- Oui maman, je suis au courant.
- Alors tu vas t'asseoir ici et me dire...
Son téléphone retentit de nouveau, et la mère tourmentée redevint invisible. Ses paroles insonores.
Gaïya s'empressa de lire le message de son nouveau prétendant dont les paroles semblaient valoir de l'or.
« Je te dérange ? »
C'était une question stupide aux yeux de la belle, ce qui la dérangeait à présent, c'était bel et bien la présence maternelle, derrière elle.
Sa mère se leva prestement, elle avait compris bien vite. Mais elle n'aurait sûrement pas laissé tomber cette discussion, si on l'avait avertie de la suite.
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Gaïya
Короткі історіїGaïya est simple, mais triste. Elle n'aime pas l'artifice, mais va finir par crouler sous ce vice.