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Bloqué sur les dernières paroles que m'à adressé Namjoon, je ne vois pas le paysage défiler à travers la vitre. Je ne fais pas non plus attention à mon estomac semblant me signifier que j'ai faim. Je suis tout simplement déconnecté, me raccrochant seulement à cette phrase.

"Parce qu'en leur tirant dessus. C'est sur ton propre front que tu posais ton arme"

Pendant des années j'ai été capable d'analyser quiconque entrait dans mon cabinet, j'ai su décrypter chaque comportement, comprendre tout les mots, la signification des moindres mouvements de mes patients mais j'étais dans l'incapacité de savoir ce que moi-même j'étais.
La nature de mes actes, les chefs d'accusation que l'on retenait contre moi, je ne trouvais aucune explication plausible à tout cela. À croire que j'agissais sans aucuns liens logique, comme si tout était uniquement régis par des pulsions soudaines et plus j'y pensais, plus cette réponse prenait de la place dans mon esprit. Elle s'était au fur et à mesure imposé à moi comme une évidence mais il avait fallut une intervention de  Namjoon pour tout remettre en cause. Le pire était surement qu'il avait  raison.

-Enfin ! Cria justement le perturbateur de mes pensées.

Je tournais alors la tête vers lui pour m'aperçevoir qu'il était déjà sorti de la voiture et se dirigeait vers un bâtiment. Je sorti rapidement à mon tour et le suivit de loin tout en observant la bâtisse. C'était un simple immeuble sur lequel on ne s'attarde que très peu, dont les couleurs sont fade et pourrait rendre n'importe qui morose. La porte d'entrée était maintenue ouverte par un caillou que l'on avait coincé, la majorité des boites aux lettres ne portaient plus le nom de leur propriétaire, peut-être qu'elles n'en avaient plus  depuis longtemps.

Namjoon grimpait trois à trois les marches tandis que moi, je luttais pour monter ne serait-ce que l'une d'elles. J'ai toujours eu cette capacité à ressentir une fatigue incroyable pour tout et n'importe quoi. Après deux laborieux étages, je vois mon camarade s'arrêter devant une porte blindée rouge, sortir de sa poche une clé et ouvrir la porte. Tandis qu'il s'engouffre dans la demeure, je reste sur le paillasson et tend l'oreille.

Je perçois la voix de Nam puis une seconde s'élève  afin de lui répondre. En me concentrant, je reconnais immédiatement son interlocuteur, lui aussi était un de mes patients, du moins, il était censé en être un...

-Toujours vivant, et moi qui croyais que tu ne survivrais pas rien qu'en rencontrant Tae, félicitation déclara mon camarade blond lorsque je passa la porte d'entrée.

Je lui lançais un regard amer avant de me laisser choir à ses côté dans le sofa. Tel deux légumes, nous avons alors passé notre soirée sans sciller, dans un silence assourdissant. Cependant, lorsque 20h sonna, Nam sortit de son mutisme et s'adressa à moi sans pour autant lâcher l'écran des yeux.

-Tu as vu les pires aujourd'hui, demain tu n'en auras qu'un seul à voir.

-Je croyais que j'avais cinq patients ? Répondis-je

-Changement de derniere minute, le dernier est pour moi.

Malgré ma curiosité grandissante, je n'osais lui demander les raisons de ce soudain changement. Je restais alors là, fixant l'écran et savourant intérieurement le fait d'avoir un fou de moins à supporter.

Après ce court échange, j'allais trouver de quoi manger avant de rejoindre ma chambre. En arrivant, je tombais de nouveau nez à nez avec ce cadavre de rongeur coincé dans son piège. Le dégoût me submergea pendant que j'attrapais du bout des doigts et en tendant mon bras le plus possible le piège et la bestiole. Je jettais ça rapidement par la fenêtre, Namjoon ne semblait pas savoir ce qu'était une poubelle vu qu'il n'y en avait aucune dans cette maison. 

Psychoville.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant