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En ouvrant les yeux, une lumière aveuglante me poussa à couvrir mon visage de la main. Je grimaçais tout en essayant d'observer ce qui se trouvait autour de moi. Où étais-je ? Je ne cherchais pas plus de réponse en tombant sur la magnifique chevelure rousse au dessus de moi. Il m'observait tout en me montrant ses dents dans un sourire rayonnant. Il se rapprocha et vint se serrer contre moi sur ce lit étonnamment confortable , son odeur m'enveloppa dans une bulle incroyablement réconfortante. A un moment, il voulu reculer mais je l'en empêchais, savourant encore une seconde de plus cette étreinte.  Je le regardais ensuite à nouveau avec émerveillement.

Il était magnifique, indomptable ... et surtout irréel.

-Eh réveille toi gamin !

Cette voix n'était pas celle de Jimin, la réalité me rattrapait de nouveau. En essayant de bouger, je sentis une douleur incontrôlable. Je n'aurais su dire d'où provenait précisément ce tiraillement tant mon corps entier semblait souffrir.  J'étais allongé sur un sol froid et humide dans un lieu plutôt sombre. Les bras le long du corps, j'avais l'impression d'être totalement engourdit.  

-Tiens, enfin debout la belle au bois dormant rigola la personne qui se trouvait près de moi.

-Encore toi V déclairais-je d'une voix enroué.

J'observais à présent ce garçon accroupi devant moi qui me faisait son eternel sourire rectangulaire. En observant un peu plus ce qui nous entourait, je remarquais que nous étions dans un bâtiment, probablement dans une cave. Comment étais-je arrivé là ?

-Tu n'as pas été très discret hier soir, j'ai dû me débrouiller pour masquer tes conneries, à cause de toi, Jungkook pourrait bien ne plus être en securité avec tout ces flics, tu le sais ça ?  reprit-il en se levant.

Il s'était tourné et  j'en profitais pour me relever du mieux que je le pu. Tout en m'appuyant au mur, je regardais mon interlocuteur et même en étant de dos, je pouvais deviner que l'arme que j'avais utilisé jusqu'à présent se trouvait désormais dans ses mains. Où cela pourrait nous mener ? Un fou pouvant se déchaîner n'importe quand détenait une arme bien plus dangereuse qu'un couteau.

Je ricanais doucement.

-Un problème ? Me dit V en me faisant de nouveau face, il sembla étonné de me voir à présent sur pied.

-Tu as mon arme et je me faisais la reflexion qu'une personne comme toi  était plutôt... imprévisible et d'autant plus dangereuse avec une arme.

-Le plus drôle c'est surtout que c'est toi qui vient de te faire cette reflexion en sachant que tu as probablement la main plus lourde que moi sur la gachette termina t-il

-C'était justement ça qui me faisait rire répondis-je.

Nous finîmes par éclater tout deux de rire devant cette révélation pathétique, évidemment qu'aucun de nous deux n'était assez fiable pour détenir ce genre d'engin pouvant ôter la vie d'une simple pression de l'index. nous nous calmions cependant rapidement en nous rendant compte de qui était notre partenaire de rire. Le sourire de mon interlocuteur s'effaça puis sans rien ajouter il se dirigea vers la sortie et je lui emboitait le pas. Au moment où j'allais à mon tour quitter cette endroit puant l'humidité et le cadavre, V se tourna et me barra le chemin en me pointant le canon de l'arme sur le visage.

-Je ne crois pas t'avoir autorisé à sortir.

-Je prend ce droit déclarais-je en le fixant dans les yeux.

J'allais attraper l'arme mais V esquissa un rapide mouvement  qui fût suivit d'une détonation. Je n'avais pas eu le temps de comprendre que j'étais déjà entrain d'hurler. Il m'avait tiré dans le bras et j'avais reculé sous l'impacte. Tout en appuyant sur la plaie je le regardait fermer la porte.

-Ne fais pas ça Tae ! Pourquoi ? Aide moi !

Je tentais de le retenir, d'obtenir des informations quant à son soudain changement de plan. Pourquoi j'étais ici ? Qu'est ce qu'il voulait ? Et surtout, avait-il choisit de ne plus écouter Jimin ? Les questions affluaient mais je ne pouvais m'y attarder. Mon bras me faisait un mal de chien, même si ce n'était pas une blessure directement mortelle, perdre trop de sang pouvait s'avérer être un réel problème.

-V ! Je t'en supplie aide moi ! Continuais-je à genoux.

Il me contempla, le visage dénué d'émotions, tout en terminant de fermer la porte. Celle-ci claqua si fort que je sursautais. Malgré l'épaisseur qui nous séparait désormais, je pouvais l'entendre dire une dernière phrase avant que ses pas s'éloigne.

-S'en est fini pour toi Yoongi.

Tout en retirant ma veste et en faisant un garot pour empêcher au mieux une trop grosse perte de sang, je me laissait aller à quelques larmes, étouffant tout de même mes sanglots afin de ne pas nuire à ma fierté.

Adossé à l'un de ces murs immonde et recouvert de pisse, je continuais de pleurer en repensant à tout ce qui était arrivé jusque là.
Mes larmes portaient l'emprunte de mes victimes en trop grand nombres, les sillons qu'elles creusaient sur mes joues dessinaient le monstre que j'étais devenu, leur goût salés s'écrasant sur mes lèvres avait la même saveur amer que la vie que je menais depuis être arrivé à psychoville et pour finir, elles venaient tacher mon haut au niveau de ma poitrine, près du coeur, là ou se trouvait la raison pour laquelle j'avais agis ainsi.

Tomber amoureux dans les contes de fée se résume à un amour merveilleux , au milieux de ce que l'on pourrait définir comme un paradis absolue où la lumière règne et la beauté est sans égale. Les fautes n'existent pas, au même titre que les trahisons et la haine. Là bas, le bonheur es le seul langage utilisé.
Tomber amoureux dans la vie réel, c'est rencontré un jour, un élément qui nous rend heureux, une source de joie dont on sait qu'elle n'est pas illimité. Parce que le monde réel ne laisse pas de place à l'illusion, on crée nous même cette atmosphère féerique dont on connait les failles. On est heureux sur un temps mais cela nous convient totalement, on se dit qu'on verra bien demain sans jamais vraiment savoir à quel jour cela renvoie.
Tomber amoureux à psychoville, c'est choisir un raccourcis sous prétexte d'arriver plus vite à destination mais en se doutant de ce qui arrivera. C'est aimer l'orage et la foudre, le rouge et le noir, l'angoisse et l'horreur. C'est un mélange de trouble nocturne et d'inquiétude journalière.

L'amour dans les contes de fées c'est le rêve inatteignable auquel tout le monde souhaite accéder. L'amour dans la réalité c'est vivre en connaissant la fin mais en étant tout de même passionnée tandis que L'amour à psychoville ce n'est qu'un désespoir non dissimulé.

Réaliser cela ne me servait à rien car au fond je le savais déjà. Pourtant aujourd'hui, une fracture s'était faite en moi du moins, une seconde si l'on compte celle de mon bras. J'étais convaincu que si je passais cette porte que V avait fermé, je serais capable de passer à autre chose, de rentrer chez moi et d'accepter de payer pour mes erreurs sans jamais me retourner. J'étais prêt à oublier Jimin sans le moindre problème car à ce moment précis et pas à un autre, j'étais devenu invincible. 

Au delà de cela je comprenais aussi la véritable ampleur de mes erreurs. Dire que Jimin était le fautif n'était que partiellement vrai. Directeur de mes décisions, j'étais capable de faire des distinctions entre ce qui avait été fais et ce qui aurait été à faire. Qui à tué lorsque je tirais ? Être influencé ne veut pas dire être victime des ses actes. Je suis meurtrier indépendamment de Jimin. Mais une unique question subsite, si le rouquin n'avait jamais existé, aurais-je prétendu au même avenir ? Tuer était probablement inscrit en moi depuis toujours, Jimin n'avait été que celui qui m'avait permit d'accéder au vrai moi. 

Probablement que la douleur me jouait des tours ou que ma raison s'était décider à reprendre les commandes mais je voulais croire que cette sensation d'invulnérabilité durerait le temps d'une vie, qu'après avoir fait le tour de ma question, je pourrais dissimuler à nouveau ce moi pour retrouver des bases saines. Pourtant, après avoir passé approximativement deux jours, si l'on en croit mon estomac et mon envie de dormir, enfermé dans cette pièce, lorsque la porte s'ouvrit à nouveau accompagné de son flot de lumière intense et de cette silhouette, mon côté invincible et déterminé  s'était fait la mal. Malgré le peu de force qu'il me restait suite à ma blessure et au fait de ne pas avoir mangé depuis longtemps, j'essayais tout de même de tourner la tête et d'ouvrir les yeux, je tendis la main vers cette personne comme pour lui demander de l'aide.

-inespéré... murmurais-je d'une voix faible avant de m'effondrer contre le sol toujours aussi froid.

Psychoville.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant