chapitre 5 - numéros 416

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   « Suivants ! Donnez votre bras. » Ils nous mettent de l'encre sur le bras. 416. C'est le numéro de notre groupe. « Avancez, on va vous donner vos combinaisons. » Combinaisons orange, 416 inscrit sur une étiquette. « Numéros 416, venez ici. L'emplacement pour votre cabane se trouve ici. On a écrit votre numéro au sol, et les lignes blanches définissent les limites à ne pas dépasser pour la construction. Des questions ?» Silence. « Bien. Le bois, les outils et tout le reste se trouvent dans les camions juste ici. Vous avez intérêt à vous dépêcher, si vous voulez pas dormir dehors. Et les nuits à Lille, il fait froid. »

  « Il faut se répartir les tâches.

-Claire a raison. Je propose que les filles nous apportent tout, et nous, on construit, comme ça elles se reposent toute la journée !

-Vous êtes d'accord avec Théo les filles ?

-Oui ça nous va.

-Alors c'est parti ! »

   Pendant que les filles partent chercher le bois, les clous, et tout autre objet nécessaire pour la cabane, nous essayons d'élaborer un plan pour bâtir celle-ci. Romain me lâche beaucoup de coups d'œil, et je repense à hier soir, les avances qu'il m'a faites. Ensuite, c'est le message de Marvin qui vient me hanter. Je n'arrive pas à me concentrer sur le travail. Mon téléphone vibre.   « Coucou Lucas, tout va bien à Bordeaux, l'eau est pile poil à la bonne température. J'espère qu'à Lille tout se passe bien, bisous. » Reprends tes esprits Lucas, il faut travailler, élaborer le plan de la cabane, construire la cabane, allez, une semaine pour faire tout ça, ne pense plus à rien, sauf au boulot et à ton groupe. Nous discutons pendant dix minutes. Les filles reviennent.

   « Voilà, on vous a ramené pas mal de planches, et des outils, perceuse, marteau, etc...

-Super, merci les filles ! Reposez-vous pendant qu'on construit.

-Ne t'inquiète pas, on a une meilleure idée. On revient ce soir. » Les deux partent, main dans la main. Claire pointe son étiquette sur la combinaison avant de se retourner. Elles ont l'air d'avoir une bonne idée, cherchent un immeuble. Pendant ce temps là, nous commençons la construction. On colle, fixe les planches du mieux possible. 13h, on mange notre ration. Une tranche de pain, et un yaourt nature, même pas sucré. Comme des animaux prêts à entrer dans un laboratoire. Puis on reprend le travail. A 19h, le sol est fini, ne bouge pas, c'est parfait. on a même commencé la fabrication du mur.

« Mesdames et... messieurs, si on peut vous appeler comme ça, hahaha ! Allez remettre tout le matériel non utilisé dans les camions. On vous distribuera votre repas à côté des camions. Vous avez une heure pour traîner dans le camp. A 20h, tout le monde au lit. Bonne soirée. » Nous allons remettre le matériel au camion, où un homme nous attend pour nous donner la nourriture. Claire et Chloé ne sont toujours pas là. « Il faut retrouver les filles. Quelqu'un a leur numéro ?

-Non... Mais elles nous ont dit où elles allaient. Suivez-moi. » Nous suivons alors Théo, entrons dans un immeuble, l'immeuble numéro 416. On se dirige vers la cave. Une odeur bizarre nous arrive au nez, des gens crient, supplient qu'on les sorte, d'autres leur répondent « Ferme ta gueule », précédé d'un bruit métallique, sûrement un coup de poing sur une porte.  « Lucas ! Sors-moi d'ici ! S'il te plaît Lucas ! Ils m'ont enfermé dans une pièce sombre, humide, étroite. Viens me chercher. C'est l'enfer. Viens me chercher.

-Lucas ! Allez ne traîne pas ! » La voix de Romain me retire de mes pensées.

« Désolé... J'étais perdu dans mes pensées.

-Pas grave. Avance doucement, ne fais pas de bruit, c'est très sécurisé.

-On est où, là les gars ?

-Dans une cave. Je pense que c'est là qu'ils emprisonnent "les mutins, ou autres conneries du genre". » Pourquoi ai-je pensé à Marvin ? Un rêve prémonitoire ? A-t-il tenté de fuir ? Je n'en sais rien, je me pose trop de questions. J'avais vraiment l'impression d'être à ses côtés, de l'entendre. Cela fait à peine un jour que je suis ici, et je deviens déjà fou. Un bruit de pas se rapproche de plus en plus de nous. « Vite, on sort d'ici, quelqu'un arrive. » On court en direction de la sortie de la cave, l'odeur nauséabonde disparaît peu à peu, emportant le bruit de pas avec elle. Nous arrivons au pied des escaliers. Deux ombres sont plantées en haut. Nous montons, Chloé et Claire nous attendent, souriantes.

HexagoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant